A 20 jours de la date butoir du retrait des forces américaines d’Irak, rien n’augure qu’elles vont réellement se retirer. Il semble que c’est seulement leur mission qui va changer. Comme en attestent les déclarations des responsables irakiens qui rendent acte de « la fin de leur mission de combat », de sa mutation en une mission de « conseils et de formation », tout en restant circonspects sur le chiffre des effectifs qui vont rester sur place.
A l’issue d’une réunion militaire entre les commandants de la coalition et des Opérations conjointes des forces de sécurité irakiennes, le conseiller à la Sécurité nationale irakienne Qassem al-Aarajia a annoncé ce jeudi 9 décembre « la fin de la mission de combat des forces de la coalition ».
«La relation avec la coalition internationale se poursuit dans les domaines de la formation, du conseil et du renforcement des capacités» des forces irakiennes, a-t-il indiqué sur Twitter. Sans préciser le chiffre des effectifs qui vont rester.
Même réticence de la part du porte-parole des forces armées irakiennes. « Les forces américaines en mission de combat ont entamé leur retrait du pays, et les efforts se poursuivent pour accomplir l’opération de retrait total le 31 décembre prochain », a annoncé le général de division Yahia Rassoul.
Indiquant qu’un certain nombre de conseillers américains vont toutefois rester dans le camp pour garantir la continuité de l’échange des informations de renseignements, d’entrainements et d’armements de l’armée irakienne, il a jeté l’ombre sur leur chiffre.
or dans les faits, selon l’AFP, les quelque 2500 militaires américains et le millier de soldats de la coalition déployés en Irak vont y rester, indiquant que ces troupes jouent un rôle de conseillers et de formateurs depuis l’été 2020.
Le Parlement irakien avait réclamé dans une résolution votée à la majorité le départ des forces de la coalition, après l’assassinat du numéro deux des forces populaires du Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mohandes aux côtés du chef de la force al-Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique en Iran, le général Qassem Soleimani, le 3 janvier 2020. Un assassinat perpétré dans un raid américain et revendiqué par l’ex-président américain Donald Trump.
Cette revendication scandée lors des obsèques grandioses du martyr Mohandes, au lendemain de son assassinat, a été reprise par les factions du Hachd al-Chaabi qui ont menacé de lancer des opérations de résistance contre les troupes américaines si elles ne se retirent pas. Ces derniers mois, des dizaines de tirs de roquettes ou des attaques aux drones piégés ont visé les troupes et les intérêts américains en Irak.
Cette mise en garde a été renouvelée le mois de novembre passé par ces factions qui flairent une tentative sournoise de les tromper.
Emettant des doutes sur les réelles intentions américaines de retirer leurs troupes, l’Organisation de coordination de la résistance irakienne qui supervise les liens entre ces faction a fait remarquer que « trois mois après le dialogue stratégique de juillet dernierentre Washington et Bagdad , aucun retrait n’a encore été opéré ».
« Bien au contraire, nous avons constaté que l’occupation américaine insolente a augmenté ses effectifs et ses équipements dans ses bases en Irak et nous avons même entendu des déclarations officielles et semi officielles de la part de responsables américains disant qu’ils n’avaient pas l’intention de se retirer du pays sous prétexte qu’il n’y a pas eu de demande de la part de Bagdad dans ce sens, alors que nous ne voyons aucune réponse ou démenti de la part du gouvernement irakien à ces déclarations stupides », a martelé cette organisation selon laquelle, faute de retrait américain, la seule alternative qui lui demeure est l’action armée.
Auparavant, le colonel Joel Harper, porte-parole de la force des Opérations conjointes et directeur des Affaires générales de la Coalition internationale avait déclaré que «le rôle de la coalition internationale ne va pas changer en Irak, mais sera transféré des opérations de combat à celui de conseils, d’assistance et de consolidation ».
« Nous sommes effectivement en train de réaliser ce rôle en grande partie. Raison pour laquelle il n’y aura pas de changement dynamique dans les chiffres ou dans la mission que nous avons maintenant », a-t-il ajouté, assurant que le 31 décembre sera la date butoir pour le retrait de toutes les forces de combat américaines d’Irak et leur substitution par des équipes de consultation et de formation.
Il a aussi souligné que l’effort militaire américain se maintiendra dans l’espace aérien irakien, spécifiquement dans la zone située entre les deux lignes longitudinales 32 et 35, qui comprend le nord et l’ouest de l’Irak, aux confins avec les territoires syriens nord et ouest du côté d’AlBoukamal et de Hassaké.
Sources: AFP, AlAraby, al-Jazeera