L’Algérie a engagé une initiative visant à rassembler toutes les factions palestiniennes. La réussite de cette « conférence unificatrice » pourrait poser les jalons d’une réconciliation palestino-palestinienne. Un challenge que se doit de relever l’initiateur de ce processus inclusif, le Président algérien Abdelmadjid Tebboune.
Après avoir vu naître l’État de Palestine le 15 novembre 1988, Alger sera-t-elle la ville où sera scellé le pacte de réconciliation entre les principales forces politiques palestiniennes? Le Fatah, le Hamas, le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) ainsi que le Mouvement du Jihad islamique en Palestine ont accepté de participer à l’initiative de la Présidence de la République algérienne pour l’organisation d’une « conférence unificatrice ». Depuis le 15 janvier, les représentants de ces cinq organisations politiques ont commencé à arriver à Alger pour prendre part à la première phase de ce processus. Ce format comprend des apartés entre le groupe de médiation algérien et chacune des factions politiques palestiniennes. Des rencontres qui se déroulent actuellement à huis-clos dans le secret le plus total.
Confiance
L’initiative visant à mettre un terme à la discorde entre les forces politiques palestiniennes avait été proposée par le Président Abdelmadjid Tebboune lors de la visite d’État effectuée par le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Alger au début du mois de décembre 2021. Le chef de l’État algérien s’était engagé à rassembler les principales factions pour une « conférence unificatrice ».
L’Algérie, qui est un des pays arabes qui rejette toute forme de normalisation avec « Israël », bénéficie de la confiance des différents courants politiques palestiniens. Omar Shaabane, économiste palestinien et fondateur du think tank PalThink pour les études stratégiques basé dans la bande de Gaza, confirme à Sputnik que cette initiative « est fortement appréciée par la classe politique et l’opinion publique palestiniennes ».
« L’Algérie a cet avantage d’être respectée de tous et elle n’a jamais monté une faction contre une autre. Ce sont des atouts certains pour permettre la réussite d’une telle initiative », souligne-t-il.
Réalisme
L’objectif d’Alger est de parvenir à organiser cette conférence unificatrice au courant du mois de février. Une fois réunies dans un même espace, les forces politiques seront alors invitées à adopter une plateforme de réconciliation. Omar Shaabane dit vouloir rester « réaliste », car les chances de parvenir à un consensus sont limitées.
« À ma connaissance, Fatah et Hamas, qui sont les deux principales organisations, ne sont pas disposés à s’engager dans un processus de réconciliation ». Les autres factions ont également leur propre vision, des plans ainsi que des propositions à formuler et il sera donc compliqué de trouver des points de jonction entre toutes les parties. Ces tensions palestino-palestiniennes ne doivent en aucun cas porter atteinte à l’initiative et aux efforts fournis par les autorités algériennes », note l’analyste gazaoui.
« Israël » a toujours été réticent à toute forme de réconciliation des factions afin de ne pas se retrouver face à un front politique unifié. Reste à savoir comment réagiront les principaux soutiens occidentaux de Tel Aviv, et en premier lieu Washington, face à l’initiative d’Alger? Omar Shaabane note que la position américaine au sujet de la réconciliation des forces politiques palestiniennes « est moins radicale ces dernières années ».
« L’administration Biden a laissé entendre qu’elle ne s’opposerait pas à la constitution d’un gouvernement d’entente nationale, qui regrouperait toutes les factions, à condition que ce gouvernement reconnaisse les Accords d’Oslo qui ont été signés par l’Autorité palestinienne. Les États-Unis n’iront pas jusqu’à encourager les efforts d’Alger, mais ils ne s’y opposeront pas. Le plus important c’est que l’Algérie agit en toute souveraineté pour participer à trouver une solution à la question palestinienne », souligne-t-il.
Le Président Abdelmadjid Tebboune, qui permet à l’Algérie de revenir en force sur la scène du Moyen-Orient à travers cette initiative, joue gros. Il est important de rappeler qu’Alger était presque déconnecté du dossier palestinien durant les trois dernières décennies, (10 ans de lutte contre le terrorisme et 20 ans de mainmise du Président Abdelaziz Bouteflika sur l’appareil diplomatique). L’Algérie, qui accueillera le prochain sommet de la Ligue arabe, devra au préalable réussir dans l’épreuve de la réconciliation interpalestinienne.
Source: Sputnik