L’un des plus anciens détenus de France, Georges Ibrahim Abdallah, de nationalité libanaise, restera encore dans l’Hexagone. La justice administrative a refusé le jeudi 10 février 2022 d’ordonner son expulsion. Il avait été condamné à la perpétuité pour complicité d’assassinat de diplomates américain et israélien en 1987.
Cet arrêté d’expulsion était une étape nécessaire, selon sa défense, en vue d’une possible libération. Il est incarcéré depuis près de 38 ans et a vu ses neuf demandes de libération conditionnelle rejetées.
Le tribunal administratif de Paris explique dans sa décision qu’il ne peut ordonner au ministère de l’Intérieur de prendre un tel arrêté.
« Aucune disposition législative ou réglementaire, ni aucun principe général, n’impose au ministre de l’Intérieur de prendre une mesure d’expulsion à l’encontre d’un ressortissant étranger, qui toujours en détention, ne constitue pas une menace à l’ordre public », a indiqué le tribunal.
Contacté par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité réagir.
Son avocat « pas surpris »
Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 1999. La justice avait répondu favorablement à sa demande de libération en 2013, sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion du ministère français de l’Intérieur.
Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, ne l’a jamais pris. En 2020, Georges Ibrahim Abdallah avait tenté à nouveau sa chance avec Gérald Darmanin.
Ses courriers restés sans réponse, il avait alors saisi le tribunal administratif.
« Pas surpris » par la décision du tribunal, son avocat Me Jean-Louis Chalanset a regretté que l’« on tourne en rond » : « Tant qu’il n’y a pas de garantie d’expulsion on ne peut déposer une nouvelle demande de libération ».
« Une nouvelle fois, le pouvoir politique et exécutif empêche la libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah », a-t-il avancé.
À l’audience fin janvier, la rapporteuse publique avait recommandé le rejet de sa requête, sur la base de l’argument repris par le tribunal dans sa décision.
« Une telle solution n’est guère satisfaisante, mais aucune autre ne nous paraît envisageable dans le cadre juridique », avait-elle commenté.
« Il est bien évident que le maintien en détention » de Georges Abdallah « obéit à des considérations de nature extra-juridiques et qui vous échappe », avait-elle conclu, espérant que sa situation « puisse évoluer par d’autres voies ».