Le ministère iranien des Affaires étrangères a fermement critiqué l’exécution massive des dizaines de détenus dans ses geôles, la qualifiant « d’acte inhumain qui contredit les principes du droit international ».
Dans un communiqué, le ministère iranien a condamné le silence des pays occidentaux à l’égard de ces exécutions, considérant que cela relève de « l’hypocrisie ».
L’Iran a dans la foulée temporairement suspendu ses pourparlers avec l’Arabie, organisés sous la houlette de l’Irak pour désamorcer les tensions de plusieurs années entre les deux pays, ont rapporté dimanche les médias d’Etat iraniens.
Le site d’information iranien Nournews, considéré comme proche du Conseil suprême de sécurité nationale du pays, a ainsi rapporté que le gouvernement avait suspendu unilatéralement des négociations qui se sont déroulées à Bagdad dans le but de rétablir les relations diplomatiques.
L’Iran et l’Arabie saoudite ont rompu leurs relations diplomatiques en 2016 après que l’Arabie saoudite a exécuté l’éminent religieux cheikh Nimr Baqer al-Nimr.
Rappelons que le régime saoudien a décapité, le samedi 12 mars, 81 détenus accusés de présumés actes terroristes à l’intérieur du royaume. Plus de la moitié des victimes sont des Saoudiens originaires de la région musulmane chiite d’al-Qatif, à l’est du royaume. Ils avaient participé à un mouvement de protestation pacifique pour réclamer des réformes politiques dans ce royaume archaïque.
Des exécutions pour des raisons sectaires
Pour sa part, Conseil suprême islamique d’Irak a regretté que l’Arabie saoudite ait procédé à des exécutions « pour des raisons sectaires », soulignant que « les exécutions n’ont jamais été une issue pour un régime injuste et n’ont préservé la stabilité d’aucun pays ».
Le Conseil a appelé la communauté internationale à condamner le régime saoudien et à exiger de l’Arabie saoudite qu’elle respecte les traités relatifs aux droits de l’homme.
D’autres factions irakiennes ont condamné les « crimes des autorités saoudiennes » et leur « comportement sectaire », qui révèle « l’ampleur de la brutalité de ce régime assoiffé au sang », selon le Hezbollah irakien.
Des détenus yéménites parmi les exécutés
Pour leur part, les autorités et dirigeants yéménites ont critiqué ces exécutions, accusant Washington d’être derrière ce « massacre ».
Le bureau politique du mouvement Ansarullah a fermement condamné les « exécutions criminelles massives du régime saoudien ».
Et d’ajouter : « l’exécution brutale par le régime saoudien de 81 personnes, dont des prisonniers de guerre de l’armée et d’Ansarullah, est une violation flagrante des lois humanitaires… ».
« Le crime du régime saoudien est totalement incompatible avec les principes de la religion islamique », a également fait savoir Ansarullah.
Et de conclure : le régime saoudien « assume les conséquences de ces pratiques criminelles », citant le traitement des prisonniers en dehors des cadres humanitaires, religieux et moraux.
Ryad interdit les funérailles des martyrs
Et puis, à l’est du royaume des dizaines de milliers de saoudiens ont défié le régime, en participant aux funérailles de leur fils, sans leur dépouilles.
Dans ce contexte, le chef comité de l’opposition dans la péninsule arabique, Hamza Al-Shakhouri, frère du martyr Mohammad Alawi Al-Shakhouri, qui a été exécuté samedi par le régime saoudien, a déclaré que les forces saoudiennes interdisaient l’organisation des funérailles des martyrs.
Photo de Sayed Nasrallah
Lors d’une interview avec la télévision libanaise AlMayadeen, Al-Shakhouri a souligné que « les autorités saoudiennes ne révèlent pas la vérité, et on ne peut pas se fier à ce qu’elles annoncent ».
Et d’ajouter: « Les autorités saoudiennes ont accusé mon frère, le martyr, de possession d’une photo du secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah », soulignant que « les condamnations à mort saoudiennes ne sont pas fondées sur des accusations claires, mais plutôt sur des accusations arbitraires ».