Le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Michael Lynk, a présenté au Conseil des droits de l’homme un rapport dans lequel il conclut que la situation dans les territoires palestiniens occupés s’apparente à un apartheid.
« Avec les yeux de la communauté internationale grand ouverts, Israël a imposé à la Palestine une réalité d’apartheid dans un monde post-apartheid », a écrit M. Lynk, dont le titre complet est « Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 ».
Lynk devrait officiellement publier son rapport ce jeudi 24 mars, avant le débat sur le point 7 de l’ordre du jour, le point permanent du Conseil des droits de l’homme réservé aux « violations des droits de l’homme commises par Israël à l’encontre des Palestiniens et des autres Arabes ».
« Le système politique d’un pouvoir bien établi dans le territoire palestinien occupé, qui confère à un groupe racial, national et ethnique des droits, des avantages et des privilèges substantiels, tout en soumettant intentionnellement un autre groupe à vivre derrière des murs, des points de contrôle et sous un régime militaire permanent… répond aux critères de preuve de l’existence de l’apartheid », a écrit Michael Lynk.
La délivrance de milliers de permis de travail à des travailleurs palestiniens de Cisjordanie et de Gaza pour travailler dans les territoires occupés équivaut à « l’exploitation de la main-d’œuvre d’un groupe racial », selon le rapport.
Le rapport indique en outre qu’Israël « doit coopérer de bonne foi avec les dirigeants palestiniens pour mettre complètement fin à l’occupation et réaliser une véritable solution à deux États. »
Ce rapport marque un tournant
Saleh Higazi, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré que:
« Les conclusions du rapporteur spécial sont importantes et arrivent à point nommé pour conforter le consensus international croissant selon lequel les autorités israéliennes se rendent coupables d’apartheid contre la population palestinienne. Ce rapport montre qu’Israël a mis en place un système d’oppression motivé par des considérations raciales contre les Palestiniens et Palestiniennes, explicitement conçu pour maintenir la domination juive israélienne, et qu’il impose en commettant de graves violations des droits humains.
Les organisations palestiniennes de défense des droits humains qualifient la situation d’apartheid depuis des années, et ce rapport marque un tournant en reconnaissant la réalité vécue par des millions de personnes palestiniennes. Comme Amnesty International et de nombreux autres groupes de défense des droits humains, le rapporteur spécial a examiné la façon dont Israël traite les Palestinien·ne·s à travers le prisme du droit international et est parvenu à la conclusion incontestable qu’il s’agissait d’une situation d’apartheid».
« Ces derniers mois, ‘Israël’ a intensifié ses efforts pour censurer et discréditer toute personne employant le mot apartheid. Au lieu de prendre des mesures pour remédier aux graves violations dont elles sont accusées par les organisations de défense des droits humains et maintenant par l’ONU, les autorités israéliennes continuent de se contenter d’attaquer les porteurs de message en les accusant sans fondement de parti pris. Cette stratégie infructueuse ne saurait cacher le consensus qui grandit parmi les expert·e·s, selon lequel la terrible réalité de l’oppression à laquelle Israël soumet quotidiennement les Palestinien·ne·s est un exemple typique d’apartheid».
L’entité sioniste et les organisations juives ont pour leur part fustigé Michael Lynk, soulignant qu’il était hostile à ‘Israël’.