Dans la frénésie des sommets et des rencontres organisées à propulsion au Moyen-Orient ces derniers mois, certains sont certes plus marquants.
C’est le cas de la récente rencontre quadripartite qui s’est déroulée dans la ville de Aqabat en Jordanie, le 25 mars dernier entre les dirigeants d’Egypte, de la Jordanie, des EAU et d’Irak en présence aussi de responsables saoudiens.
La présence du président irakien Moustafa al-Kazimi parmi les dirigeants de ces pays a attiré l’attention de l’expert Adel Jabbouri selon lequel les réels objectifs de cette rencontre ne se limitent pas à ceux qui sont ces affichés. Notamment les moyens de consolider la coopération sécuritaire, économique et politique entre les quatre pays.
Selon lui, cette rencontre s’inscrit dans la continuité des sommets tripartites qui l’avaient précédé : au Caire en mars 2019, à New York en septembre 2019, en marge de la réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, celui d’Oman en aout 2020, et le sommet de Bagdad en juin 2020.
Leur dénominateur commun a été la cristallisation d’un plan baptisé le Projet du Nouveau Levant, constate-t-il dans sa chronique publiée par le site web de la télévision libanaise d’informations al-Mayadeen. Un projet aux contours flous, qui devrait comprendre initialement l’Irak, l’Egypte, et la Jordanie avec la possibilité d’être rejoint ultérieurement par l’Arabie saoudite, la Turquie et les Emirats arabes unis.
Dans les faits, c’est le Premier ministre irakien Moustafa al-Zazimi qui a lancé ce projet.
Mais Jabbouri conteste ce faux-semblant. Ses recherches l’ont conduit à la Banque mondiale qui a été la première à en avoir lancé l’idée dès 2014, avec une carte englobant une superficie plus grande, notamment la Syrie, le Liban, la Jordanie, ‘Israël’ en plus de la Turquie, de l’Irak et de l’Egypte.
L’expert irakien constate :
« En examinant et en approfondissant la nature des thèses, des positions, des objectifs et des motifs déclarés, nous constatons qu’il existe pas mal de similitudes et de points de convergence entre le projet du Nouveau Levant et le projet du Grand Moyen-Orient qui a été proposé par l’ancien Premier ministre israélien Shimon Peres après la Conférence de paix de Madrid », et qui a tant été encensé en occident dans les différentes tribunes pendant plus d’une décennie, avant qu’il ne soit mis hors d’état de nuire avec la guerre 2006 entre ‘Israël’ et le Hezbollah.
A la différence que celui du M-O était plus explicite quant à la nécessité de rejoindre le train de la normalisation avec Israël alors que celui du Nouveau Levant semble bien plus sournois. Ses rédacteurs semblent alimenter volontairement le secret sur sa réelle teneur.
Mais selon Jabbouri, ce projet du Nouveau Levant est d’autant plus suspect, que ses précurseurs ne sont autres que ceux qui ont normalisé leurs liens avec l’entité sioniste depuis longtemps, à l’instar de la Turquie, de l’Egypte et de la Jordanie, soit l’ont fait récemment comme les EAU soit sont sur le chemin de le faire comme l’Arabie saoudite.
Tandis que seul l’Irak fait exception à la règle.
L’expert irakien n’a pas manqué de faire le lien entre le sommet d’Aqabat puis celui organisé par Tel Aviv au Néguev, trois jours plus tard le 28 mars, avec la participation de tous les pays arabes ayant normalisé leurs liens avec Israël, l’Egypte, les EAU, le Maroc, les EAU, en plus des Etats-Unis. Rencontre qui n’avait de préoccupation plus chère que la présumée menace nucléaire iranienne. de même celle de Charm al-Cheikh, organisee par le raïs égyptien Abdel Fattah al-Sissi avec le prince hériter émirati, et le Premier ministre israélien.
Toutes les rencontres organisées ces temps-ci avancent vers la même direction, avec un langage qui prône officieusement l’affrontement contre l’Iran mais œuvre dans le fond pour élargir davantage le cercle des normalisateurs avec Israël.
L’Irak semble plus que jamais dans le collimateur et ne devrait pas être épargné. Mais il devrait y être trainé malgré lui et surtout à l’insu de son opinion publique, qui demeure majoritairement très hostile à ‘Israël’. Comme c’est le cas dans tous les pays qui ont normalisé . C’est-à-dire insidieusement, mais avec la complicité tacite d’une partie de sa classe politique.
Source: Médias