Une explosion dans une raffinerie de pétrole illégale a fait au moins quatre-vingts morts dans le sud du Nigeria, ont annoncé les services de secours, dimanche 24 avril. L’explosion s’est produite vendredi soir sur un site situé entre les Etats pétroliers de Rivers et d’Imo.
« Nous avons retrouvé au moins quatre-vingts corps grièvement brûlés », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Ifeanyi Nnaji, un responsable local de l’Agence nationale de gestion des urgences (NEMA). Le bilan pourrait s’alourdir, a-t-il ajouté, en précisant que plusieurs véhicules et jerricans calcinés jonchaient le sol noirci de pétrole. De nombreuses personnes ont également été blessées et présentaient des « brûlures graves », toujours selon M. Nnaji. « Certaines d’entre elles sont ensuite décédées à l’hôpital ».
« Plusieurs corps brûlés, méconnaissables, sont étendus sur le sol, alors que d’autres, qui ont essayé de fuir en courant, pendent des branches des arbres », a témoigné Fyneface Dumnamene, directeur de l’ONG Youths and Environmental Advocacy Centre.
Deux millions de barils par jour
La police a confirmé que l’explosion avait eu lieu sur le site d’une raffinerie illégale, où des opérateurs et leurs clients s’étaient rassemblés pour se livrer au trafic.
Certains médias locaux ont fait état de plus de cent morts dans l’explosion, la dernière d’une longue série au Nigeria, premier producteur de brut d’Afrique, où ce type de drame est fréquent. Dans la région pétrolière du delta du Niger (sud du Nigeria), des criminels vandalisent régulièrement des pipelines pour siphonner des hydrocarbures qui sont ensuite raffinés sur des sites illégaux et revendus au marché noir.
Premier producteur de pétrole africain, le Nigeria exporte en moyenne 2 millions de barils de brut par jour, ce qui représente 90 % des revenus d’exportation du pays.
Malgré l’immense richesse en hydrocarbures du pays, la plupart des habitants vivent dans une grande pauvreté et accusent régulièrement les grandes compagnies pétrolières d’avoir elles aussi contribué à la pollution de leur région sans participer à son développement. Des décennies de marée noires ont dévasté des mangroves et des villages entiers, où la pêche et l’agriculture assuraient autrefois la principale source de revenus locale.
La pire explosion de pipeline au Nigeria s’est produite en octobre 1998 dans la localité de Jesse, dans le sud du pays, faisant plus de 1 000 morts.
Le gouvernement a déployé l’armée pour effectuer des opérations coup de poing et détruire les raffineries illégales dans le delta du Niger. Mais le bilan de cette répression a donné de maigres résultats et des centaines de raffineries illégales continuent d’être exploitées dans les marécages et près des cours d’eau qui traversent la région.
Source: Agences