Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a déclenché une tempête diplomatique en évoquant des origines juives supposées d’Hitler sur la chaîne de télévision italienne Mediaset le 1er mai.
Le diplomate russe entendait de cette manière récuser l’argument que fait valoir le président ukrainien Volodymyr Zelensky, selon lequel le nazisme ne pouvait être présent dans son pays étant donné qu’il est lui-même juif.
«Je peux me tromper, mais Hitler avait aussi du sang juif», avait alors rétorque Sergueï Lavrov, dont l’interview a été retranscrite sur le site de son ministère.
«Cela fait longtemps qu’on entend les plus sages des juifs nous dire que les pires des antisémites sont juifs», a-t-il aussi déclaré dans l’entretien.
Dans les rangs des forces ukrainiennes se trouve le régiment Azov connu pour ses accointances néonazies. Il est de notoiété qu’il est soutenu financièrement par un important oligarque juif ukrainien Igor Kolomoisky qui détient aussi la nationalité israélienne. « Le bataillon Azov, partiellement financé par Taruta et Kolomoisky, utilise le symbole nazi Wolfsangel comme logo, et nombre de ses membres adoptent ouvertement des opinions néonazies et antisémites », rapportait en mai 2015 l’agence Reuters.
Zelensky est accusé d’être un proche de Kolomoisky, dont l’empire médiatique a contribué à faire de lui l’une des célébrités les plus populaires d’Ukraine, a relaté le site américain Atlantic Concil, selon lequel les Etats-Unis ont imposé en mars 2021 des sanctions contre Kolomoisky en raison de « son implication dans une corruption importante » en sa qualité officielle de gouverneur de l’oblast ukrainien de Dnipropetrovsk de 2014 à 2015.
La déclaration de M. Lavrov a provoqué la colère de l’exécutif israélien. «Les propos du ministre [Sergueï] Lavrov sont à la fois scandaleux, impardonnables et une horrible erreur historique», a déclaré le chef de la diplomatie israelien Yaïr Lapid dans un communiqué où il a demandé des excuses et précisé que l’ambassadeur russe était convoqué pour des «clarifications», rapporte RT.
«Comme je l’ai déjà dit, aucune guerre à notre époque ne ressemble à l’Holocauste ou n’est comparable à l’Holocauste. L’utilisation de l’Holocauste du peuple juif comme outil politique doit cesser immédiatement», a protesté pour sa part le Premier ministre Naftali Bennett.
Selon RT, les spéculations sur les origines juives supposées d’Hitler reposent principalement sur les affirmations du criminel nazi jugé à Nuremberg Hans Frank, qui a argué dans ses mémoires qu’il lui avait découvert des ascendants juifs.
Les zones d’ombre de l’arbre généalogique du dictateur (son père était né d’un couple illégitime entre autres) ont alimenté cette rumeur qui n’a cependant jamais pu être prouvée.
En 2019, le débat a été relancé par une étude du psychologue Leonard Sax publié dans le Journal of European Studies et dont le Jerusalem Post s’était fait l’écho. Une théorie qui nourrit aujourd’hui encore une controverse entre certains historiens.
Durant l’interview avec le média italien, le chef de la diplomatie russe a dit sur le refus de capitulation des derniers militaires ukrainiens de la ville du sud-est ukrainien Marioupol, entièrement conquise par les forces russes et celles de Donetsk: « Kiev ne veut pas sortir les hommes armés de la région de l’usine Azovstal parce que c’est la preuve qu’il y a des mercenaires et des officiers des armées de pays occidentaux ».
Il a réitéré que Moscou ne veut pas changer le régime ukrainien assurant que « le président Volodymyr Zelensky peut réaliser la paix en Ukraine s’il ordonne aux forces ukrainiennes de stopper les combats contre l’armée russe et libère les civils qu’il séquestre ».
Source: Divers