Le roi Abdallah II de Jordanie a annoncé jeudi 19 mai que son demi-frère le prince Hamza resterait assigné à résidence, plus d’un an après avoir été accusé de complot contre le royaume, une crise sans précédent qui avait ébranlé la monarchie.
Les autorités jordaniennes avaient fait état en avril 2021 d’une tentative ratée de déstabiliser le royaume et le prince Hamza avait été accusé de mettre la monarchie en danger, le roi Abdallah II parlant d’une «sédition». Avec cette crise, le souverain jordanien, qui a fait de la stabilité du pays sa grande priorité depuis deux décennies, avait été confronté à une fracture inédite au sein de la famille royale.
Le prince Hamza incohérent
«Un décret royal a été émis, approuvant les recommandations du Conseil créé conformément à la Loi de la famille royale, pour restreindre les communications, le lieu de résidence et les mouvements du prince Hamza», a annoncé le Palais royal jeudi, précisant que le Conseil avait émis ses recommandations en décembre.
Dans le même temps, le roi Abdallah II a annoncé ses décisions dans une lettre adressée aux Jordaniens et diffusée par le Palais royal et les médias officiels. Le souverain décrit dans sa lettre le prince Hamza, 42 ans, fils de feu roi Hussein et de la reine Noor, d’origine américaine, comme «vivant dans un état mental qui le rend incapable de distinguer le vrai du faux». Peu après l’annonce du roi ce jeudi, la princesse Noor a tweeté : «Des trucs vraiment bizarres et plus étranges que la fiction circulent en ce moment».
«Toutes les possibilités épuisées»
Dans le cadre de l’affaire, deux anciens hauts responsables, Bassem Awadallah, ancien chef du bureau royal, et Cherif Hassan ben Zaid, un cousin éloigné du roi, ont été condamnés à 15 ans de prison en juillet 2021 pour avoir voulu renverser le roi Abdallah II au profit de Hamza. Proches de l’Arabie saoudite, ils ont été reconnus coupables d’«incitation (à agir) contre le régime politique du royaume», d’«actes susceptibles de mettre en danger la sûreté et la sécurité de la société et de sédition».
Le prince Hamza n’avait pas été jugé lors de ce procès, son cas ayant été résolu au sein de la famille royale. Il a cependant été assigné à résidence. Hamza a annoncé le mois dernier qu’il «renonçait à son titre de prince», un mois après un communiqué du palais royal affirmant qu’il avait présenté ses excuses au roi. Dans sa missive, rédigée «après des mois de réflexion», Hamza appelait le souverain à «tourner la page», tout en reconnaissant avoir commis «une erreur» en critiquant le pouvoir.
Mais Abdallah II a indiqué jeudi que Hamza avait «épuisé toutes les possibilités de se remettre sur le droit chemin». «L’illusion dans laquelle il vit n’est pas nouvelle», a ajouté le roi. «Peu de temps après avoir juré de renoncer à sa manière d’agir erronée, il revient sur ses promesses et reprend la voie qu’il a choisie il y a des années, faisant passer ses intérêts avant la nation». Le roi Abdallah avait nommé Hamza prince héritier en 1999, à la demande de son défunt père. Mais il l’avait démis de ses fonctions en 2004 pour nommer son fils, le prince Hussein, prince héritier en 2009.
Source: AFP