L’armée russe continuait de progresser, le mercredi 25 mai, dans l’est de l’Ukraine où elle est aux portes de la ville de Severodonetsk, et Kiev, qui admet que la situation est « extrêmement difficile » pour ses troupes après trois mois de guerre, a reproché à l’Otan de ne « strictement rien faire ».
L’Ukraine, qui ne cesse de réclamer que lui soient fournies plus rapidement par les Occidentaux les armes lourdes qui lui manquent pour faire face à la Russie, a aussi appelé la communauté internationale réunie à Davos (Suisse) à « tuer les exportations russes ».
Il faut que Moscou cesse de « gagner de l’argent et de l’investir dans une machine de guerre… », a lancé le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba au forum économique mondial, alors qu’un embargo européen sur le pétrole russe peine à se réaliser.
Au même moment, le président russe Vladimir Poutine était filmé, en blouse blanche, auprès de soldats blessés sur le front ukrainien.
Ces hommes « qui risquent leur santé, leur vie pour la population et les enfants du Donbass (est de l’Ukraine, ndlr), pour le bien de la Russie, tous sont des héros », a-t-il assuré.
Dans le Donbass précisément, ce bassin industriel de l’est de l’Ukraine partiellement sous contrôle de séparatistes prorusses depuis 2014, et où Moscou a recentré son offensive, les Russes tentent coûte que coûte de resserrer leur étau sur la région de Lougansk.
Les forces russes ont atteint la périphérie de Severodonetsk, ville de 100.000 habitants où la situation est « très difficile », a annoncé mercredi le gouverneur de la région.
« Manoeuvres de défense »
Un représentant non nommé des séparatistes prorusses, cité par Interfax, a affirmé que Severodonetsk était « encerclée » de trois côtés et que le seul pont permettant d’en sortir était désormais sous contrôle russe. L’AFP n’a pas pu vérifier ces affirmations.
Le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianyk, a toutefois rejeté toute interprétation défaitiste.
Octroi de passeports russes
Sur le front méridional, Moscou s’affaire à consolider son emprise sur les territoires conquis depuis trois mois.
A Marioupol, le déminage et la « démilitarisation » du port sont terminés et il a commencé « à fonctionner de manière régulière », a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov.
La Russie a par ailleurs annoncé qu’elle allait permettre aux habitants des régions de Zaporijjia et de Kherson de demander un passeport russe via « une procédure simplifiée ».
L’Ukraine a aussitôt dénoncé une mesure démontrant la volonté de Moscou de mener une annexion pure et simple de ces territoires.
Etranglez la Russie
Accentuant leur pression sur la Russie, les Etats-Unis ont annoncé mettre fin à une exemption permettant à Moscou de payer ses dettes en dollars. Cette décision pourrait précipiter la Russie dans le défaut de paiement. Moscou remboursera sa dette en roubles, a répliqué le ministère russe des Finances.
Le président du Conseil européen Charles Michel a de son côté déclaré qu’il restait « confiant » en un accord sur un embargo de l’UE sur le pétrole russe d’ici au début du Conseil européen lundi, malgré le blocage hongrois.
Face au forum de Davos, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a demandé de parvenir par tous les moyens à étrangler la Russie.
« Il existe un autre moyen » de couper les revenus du pétrole, a-t-il dit. « Par exemple, la grande majorité du pétrole russe vendu sur le marché mondial est transportée par voie maritime », a-t-il expliqué, estimant que ceux qui continuent de le faire devaient être « confrontés à des problèmes ».
La Commission européenne a par ailleurs présenté des propositions législatives pour faciliter une confiscation des avoirs d’oligarques russes sur liste noire, précisant que 10 milliards d’euros d’avoirs de personnalités sanctionnées avaient été gelés dans l’UE.