Les Ukrainiens ont donné l’ordre à leurs forces de se retirer vendredi 24 juin de la ville stratégique de Severodonetsk, signe des avancées de Moscou vers son objectif de conquête totale du Donbass (est).
Vendredi matin, Serguiï Gaïdaï, gouverneur ukrainien de la province de Lougansk (est), proclamée République populaire de Lougansk, où se situe Severodonetsk, a annoncé sur Telegram que les forces armées ukrainiennes avaient « reçu l’ordre » de se retirer de la ville.
Bombardée par les forces russes depuis des semaines, Severodonetsk est une étape cruciale dans leur plan de conquête de l’intégralité du Donbass, un bassin industriel de l’est de l’Ukraine déjà en partie tenu par des séparatistes prorusses depuis 2014.
« Cela ne fait plus aucun sens de rester sur des positions qui ont été constamment bombardées depuis des mois » à Severodonetsk, alors que la ville a été « presque réduite à l’état de ruines » par les bombardements continuels, a expliqué le gouverneur.
Severodonetsk et sa ville-jumelle Lyssytchansk, située juste de l’autre côté de la rivière Donets, sont aujourd’hui quasiment encerclées par les forces russes, qui grignotent chaque jour un peu plus de territoire alentours.
(La ville de Severodonetsk après le retrait des forces ukrainiennes; Source: Intel Salva Z)
800 soldats ukrainiens se sont rendus à Lyssytchansk
Mykolaïvka, ville située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Lyssytchansk, est « perdue » et aux mains de l’armée russe, a indiqué M. Gaïdaï, ajoutant que les Russes tentaient désormais de « conquérir Guirské », une commune voisine.
Mais dans le camp d’en face, un représentant des séparatistes prorusses, Andreï Marotchko, a indiqué vendredi sur Telegram que tous les villages de la zone de Guirské étaient déjà sous contrôle russe ou prorusse.
Jeudi 23 juin, des journalistes de l’AFP qui avaient quitté Lyssytchansk ont dû sauter par deux fois de leur voiture et s’allonger au sol sur la principale route d’accès à la ville, bombardée par les forces russes à coups de missiles Grad.
De nombreux véhicules se trouvaient alors sur la route: camions remorques chargés de tanks, véhicules blindés, jeeps et ambulances faisant des allers et retours.
Lyssytchansk semblait se préparer jeudi à l’arrivée des Russes. Le principal commissariat de police était fermé, après avoir été bombardé lundi. Les marches de l’entrée étaient pleines de débris et les murs très endommagés. « Les gens disent que tous les policiers sont partis », a déclaré à l’AFP un pompier interrogé dans la principale caserne municipale.
A l’entrée de la ville, en partie privée d’eau, de gaz et d’électricité, des soldats ukrainiens creusaient des tranchées, apparemment en préparation d’un assaut russe.
Selon l’agence russe Tass, plus de 800 militaires des Forces armées ukrainiennes se sont rendus près de Lyssytchansk et dans le chaudron près de Gorsky et Zolote au cours des deux derniers jours.
(Les soldats ukrainiens qui se sont rendus à Lyssytchansk )
(Des équipements militaires abandonnés par les forces ukrainiennes après avoir évacué une position. Source: Intel Slava Z)
(Un checkpoint ukrainien abandonné près de Lyssytchansk . Source: Intel Slava Z)
Gorskoye et Zolote encerclés
Selon le ministère russe de la Défense, jusqu’à 2 000 personnes bloquées dans le chaudron de Gorsky (Gorskoye ), dont 1 800 militaires, 120 militants du secteur droit, jusqu’à 80 mercenaires étrangers .
Les unités ukrainiennes encerclées à Gorskoye et Zolote selon le ministère russe sont : 3e bataillon mécanisé, 24e brigade mécanisée, 15e bataillon d’assaut en montagne, 128e brigade d’assaut en montagne 42e bataillon d’infanterie motorisée, 57e brigade d’infanterie motorisée 70e bataillon, 101e brigade de défense territoriale groupe d’artillerie de la brigade de la 57e formation de brigade d’infanterie motorisée des nazis du « secteur droit » détachement de mercenaires étrangers.
Kadyrov: une bataille incluse dans les manuels militaires
Selon le dirigeant tchétchène Ramazan Kadyrov, dont les troupes participent à la bataille de Zolote et Gorskoye : « La libération des colonies de Zolote et Gorskoye sera incluse dans les manuels militaires comme l’opération spéciale la plus efficace en termes d’économie militaire ».
Il a indiqué que pour chaque cartouche dépensée, ses forces spéciales ont reçu un énorme arsenal d’armes capturées de style étranger.
« Un grand nombre de javelots, d’installations de mortier et de types de munitions complètement différents ont été laissés à nos combattants par les nationalistes en fuite.. Presque toutes les tranchées sont jonchées de grenades, de cartouches et d’autres fournitures qui peuvent être utilisées en toute sécurité pour faire progresser nos troupes », a-t-il ajouté. (Vidéos ci-dessous)
Autre signe des difficultés militaires ukrainiennes, Pavlo Kyrylenko, le gouverneur ukrainien de Donetsk, l’autre province du Donbass, située plus au sud, a affirmé jeudi à l’AFP que plus « aucune ville » de la zone placée sous son administration n’était « sûre » pour ses habitants, les combats y étant trop violents.
Liquidations mutuelles
Alors que les médias russes rapportaient qu’à Severodonetsk, l’armée russe a éliminé le major du principal département de renseignement de la junte de Kiev Yuri Nazaruk, (Photo à droite)à Kherson (sud), l’une des rares grandes villes du pays conquise par les Russes dans ce conflit, « le chef du département de la famille de la jeunesse et des sports, Dmitri Savloutchenko, est mort », a indiqué sur Telegram le chef adjoint de l’administration prorusse, Kirill Stremooussov, en dénonçant, comme Moscou, « un acte de terrorisme ».
Selon l’administration locale, le responsable, tué dans l’explosion de sa voiture, a été victime d’une attaque « ciblée ». (Photo à gauche)
Selon l’AFP, ces dernières semaines, les forces ukrainiennes sont repassées à l’offensive dans la zone pour tenter de reprendre des territoires perdus depuis l’opération militaire russe en Ukraine du 24 février. Et les attaques visant des responsables pro russes, dont plusieurs ont été blessés, se sont multipliées en parallèle dans la région de Kherson et celle voisine de Zaporijjia.
Le site d’information russe Intel Salva Z a rendu compte d’une visite du directeur général de la Garde russe de l’armée Viktor Zolotov à des unités du Service fédéral des troupes de la Garde nationale de la Fédération de Russie dans la région de Kherson.
Bombardements intensifs à Kharkov
La Russie a par ailleurs intensifié depuis plusieurs jours son offensive sur la grande ville de Kharkiv (Kharkov), dans le nord-est.
Une équipe de l’AFP sur place a entendu de fortes explosions dans le centre-ville dans la nuit, puis constaté vendredi matin que l’Institut polytechnique de Kharkov avait été touché par plusieurs missiles. Toutes les vitres du bâtiment soviétique ont explosé et un immense gymnase en béton armé a été détruit. Son toit s’est partiellement effondré. Selon un militaire présent, il n’y a pas eu de victime.
Les Russes « ont pensé qu’il y aurait peut-être quelque chose de militaire là-dedans mais ce n’était pas le cas », a-t-il dit.
L’armée russe a affirmé vendredi avoir tué avec « des armes de haute précision » plus de 200 mercenaires étrangers et une centaine de nationalistes « pro nazis » ukrainiens dans les région de Mykolaïv (sud) et Kharkov. (Vidéo ci-dessous)
Mises à mal par la puissance de feu russe, les forces ukrainiennes fondent désormais leurs espoirs sur l’arrivée d’armements lourds réclamés sans relâche aux alliés occidentaux, comme les lance-roquettes multiples américains Himars, dont Kiev a annoncé l’arrivée jeudi en prédisant que « l’été sera chaud pour les occupants russes ».
A la frontière, le nombre d’Ukrainiens qui arrivent en Pologne dépasse cette semaine celui des retours, renversant la tendance observée depuis plus d’un mois, a-t-on appris vendredi auprès des garde-frontières polonais.
Cette évolution survient alors que les forces russes poursuivent les bombardements des grandes villes et que la destruction de certaines grandes entreprises, telle la raffinerie de pétrole de Krementchouk, laissent des milliers de personnes sans travail, a déclaré à l’AFP la dirigeante de l’organisation ukrainienne en Pologne « Euromajdan Varsovie », Natalia Panchenko.
Source: Divers