Le Kremlin a fustigé lundi le « ton et la rhétorique inadmissibles » des ambassadeurs américain et britannique au lendemain des accusations de « barbarie » et de crimes de guerre qu’ils ont lancées à l’ONU contre l’armée russe en Syrie. Alors que Damas les a accusés de comploter contre la Syrie, avec l’aide des terroristes.
« Nous considérons le ton et la rhétorique des représentants de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis comme inadmissibles et de nature à faire du tort à nos relations et au processus de règlement » du conflit, a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Alors que l’aviation russe et syrienne mènent d’intenses bombardements contre les positions des milices dans les quartiers est d’Alep, occupés depuis 2012.
M. Peskov, qui a jugé la situation en Syrie « extraordinairement compliquée », a de nouveau accusé les rebelles d’avoir utilisé la trêve dans les combats pour « se regrouper et renouveler leur arsenal » avant de nouvelles offensives.
« Nous constatons également, sans céder à l’émotion, qu’il n’y a toujours pas eu de séparation entre la soi-disant opposition modérée et les terroristes » à Alep, a-t-il ajouté. « Cela rend la situation extrêmement tendue ».
M. Peskov a néanmoins indiqué, tout en jugeant le régime de cessez-le-feu « peu efficace », que la Russie « ne perdait ni espoir ni volonté politique » d’avancer dans le processus de paix en Syrie.
Les milices rebelles ont violé l’accord 300 fois, avait constaté le centre russe de Hmeimim, chargé de la surveillance de l’application des trêves conclues.
Selon l’AFP, pendant ce week-end, des responsables occidentaux ont de concert durci le ton ce week-end face au pouvoir syrien et à la Russie.
L’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, a ainsi accusé Moscou de « barbarie », tandis que l’ambassadeur français François Delattre a évoqué des « crimes de guerre » à Alep. L’ambassadeur britannique Matthew Rycroft a pour sa part évoqué une saisine de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre.
Le chef de la diplomatie syrienne a lui aussi durci le ton contre les puisances occidentales
Etant à New York pour participer à la réunion annuelle de l’Assemblée générale, le ministre syrien des AE Walid al-Mouallem a accusé les Américains, les Français et les Britanniques d’avoir convoqué le Conseil de sécurité sur la Syrie « pour soutenir les réseaux terroristes » dans son pays .
Dans une interview avec la chaîne panarabe Al-Mayadeen qui sera diffusée complète ultérieurement, Mouallem a indiqué que « les Américains veulent accuser la Russie et changer les vérités à l’égard de ce que fait le gouvernement syrien, mais leurs efforts ont été mis en échec ».
Mouallem a indiqué que les Américains ne veulent pas séparer entre le Front al-Nosra, branche d’al-Qaïda rebaptisé front Fateh al-Sham, des autres groupes armés, « car il constitue leur colonne vertébrale ». Et de préciser que l’Occident qui finance et arme les terroristes, « rejette la responsabilité sur la Russie pour induire en erreur l’opinion publique » internationale.
Toujours selon le chef de la diplomatie syrienne, ce sont les Etats-Unis qui conduisent le complot contre la Syrie, de concert avec des pays occidentaux et régionaux qui fournissent les armes aux terroristes qui entrent en Syrie via les frontières turques.
Mouallem s’est dit persuadé que si les Etats-Unis avaient la volonté de trouver une solution à la crise, « ils pourraient le faire et entraîner les pays alliés, tels que l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie, dans cette solution ».
Il a de même accusé l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, d’être de mèche avec les Américains, lorsqu’il ne cesse de reporter son appel au dialogue inter-syrien à Genève, évitant de fixer de date , sous différents prétextes.
« La seule explication est que de Mistura n’a pas reçu le feu vert américain pour la tenue du prochain round des pourparlers », a-t-il précisé.
Répondant à une question sur la déclaration du Secrétaire général de l’ONU accusant le gouvernement syrien d’utiliser des armes prohibées sans preuve, Mouallem a indiqué que cette allégation n’est pas digne de lui en sa qualité de Secrétaire général de l’ONU, précisant que ce dernier cherche lui aussi à satisfaire les Américains pour garantir son avenir politique en Corée.
Sources: Sana, al-Mayadeen, AFP, al-Manar