Deux jours après le discours du secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah, l’absence de réactions officielles israéliennes et dans les médias est toujours de vigueur.
Il illustre l’embarras de l’establishment israélien, estiment des observateurs libanais, lesquels constatent que mêmes les médias ont évité de rendre compte des menaces du chef du Hezbollah de guerre contre l’entité sioniste, si elle entame l’extraction de gaz du gisement Karish, situé sur la ligne 29 de démarcation des frontières maritimes avec la Palestine occupée, une zone contestée par le Liban. Leur silence est d’autant plus douteux qu’il n’est pas coutumier. Dans les cas précédents, les plateaux télévisés israéliens lui consacraient leur Une.
Selon le chroniqueur du journal libanais Al-Akhbar, Yahia Dbouk, les menaces de sayed Nasrallah « ont surement été présentes sur la table des décisions de Tel Aviv, même si aucune position, réaction ou commentaire n’ont été exprimés. »
Commentant le mutisme des médias israéliens, il constate que ces derniers préfèrent se concentrer sur le blocage des négociations, en l’imputant au Liban. Il rend compte d’une uniformisation unanime du discours médiatique, comme s’il s’agissait d’un mot d’ordre qui leur a été adressé.
« Les Libanais n’ont pas montré de sérieux dans cette affaire, et le discours du médiateur américain, (Amos Hochstein, ndlr) à son tour, n’a pas indiqué de progrès », assure la chaine de télévision israélienne Channel 13.
« Malgré la crise énergétique dont souffre le Liban, la direction libanaise n’a pas encore décidé s’il faut ou pas mener des pourparlers sérieux avec Israël pour résoudre cette affaire et profiter à ses citoyens », rapporte aussi al-Akhbar selon lequel les Israéliens préfèrent jouer sur la crise économique libanaise, en misant sur elle pour imposer les conditions israéliennes aux Libanais via des négociations inéquitables.
« Ceci ne veut pas forcément dire qu’« Israël » mise toujours, comme avant (l’envoi des 3 drones du Hezbollah au dessus de Karish) sur cette crise pour imposer ses conditions. Cependant, face aux menaces sérieuses de Nasrallah, se concentrer sur les négociations et sur le « donnant-donnant » évite l’escalade verbale menaçante d’Israël, ce qui explique sa réticence à répondre par des contre-menaces, dans lesquelles il excelle », analyse le chroniqueur Dbouk.
Incitation aux USA de retirer le Liban de SWIFT
Selon lui, le dernier discours de Sayed Nasrallah a privé les Israéliens de la carte d’exploitation de la crise économique et a jeté la balle dans le camp israélien et américain.
Citant l’ex-chef du Conseil de la Sécurité nationale le Général de division Giora Island, il constate son exhortation aux Américains de retirer les banques du Liban de système des transferts bancaires SWIFT, de sorte que le Liban s’effondre davantage. C’est la situation qui a été prévenue par sayed Nasrallah dans son discours lorsqu’il a dit que « d’aucuns veulent affamer les Libanais ».
Et du côté américain, le journaliste d’al-Akhbar s’arrête sur la déclaration de John Kirby pour la radion israélienne, dans laquelle il précise que l’objectif de Washington est « la poursuite des négociations entre Israël et le Liban et la cessation des menaces ». Percevant dans ces propos une volonté de la part de Washington de continuer dans sa politique de tergiversations, et en même temps « une tendance à acquiescer compte tenu de la variable des menaces dont il exige la cessation ». Deux situations incompatibles, selon le chef du Hezbollah, pour lequel il va falloir choisir entre elles, au plus vite.
Un autre indice sur la position américaine a été remarquée par le quotidien israélien Yediot Ahronot. Faisant part d’une déception chez les dirigeants israéliens de la visite de Joe Biden, il rapporte que ce dernier a refusé de préciser quand il aura recours à la force contre l’Iran, se contentant de signer « la déclaration de Jérusalem » dans laquelle il s’engage à empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire. Le journal rapporte le commentaire de son correspondant militaire selon lequel « la visite s’est achevée sans adresser de menace militaire à l’Iran » et « sans nullement évoquer le différend avec le Liban sur les frontières ».
Source: Médias