Pourquoi les États-Unis se sont-ils directement impliqués dans la guerre contre le Yémen ? Le ministre yéménite de l’Information fait pour la première fois des révélations qui intéresseront les experts en géostratégie.
Ahmed Mohammed Hamed, ministre de l’Information du gouvernement yéménite de salut national, revient sur l’escalade des combats à Bab el-Mandeb et y voit un « autre volet » du projet saoudo-américain pour le Yémen, qui touche deux pays dont le nom n’a jamais été trop cité, à savoir l’Égypte et la Chine.
« Les États-Unis ont mené une opération spéciale non loin de Bab el-Mandeb, un fiasco en termes militaires, mais qui en dit long sur leurs réelles intentions au Yémen. Cette opération a été menée au nom de la lutte contre Al-Qaïda et Daech, mais elle a paradoxalement contribué à renforcer les positions de ces deux groupes terroristes. À vrai dire, les États-Unis et Israël ont l’intention de bien installer Al-Qaïda et Daech non loin de ce détroit stratégique pour compromettre le trafic maritime et mettre sous pression l’Égypte et la Chine. Le vrai danger qui menace le trafic maritime à Bab el-Mandeb n’est pas l’armée yéménite ou Ansarullah, qui sont des composantes de la société yéménite. Ce sont les terroristes d’Al-Qaïda et de Daech que les États-Unis et Israël ont créés ou renforcés dans les régions limitrophes du détroit et qui auront pour mission de harceler les cargos et les navires commerciaux dans les semaines à venir, l’objectif étant de pousser les pays comme la Chine ou l’Égypte à entrer en guerre. En réalité, une grande partie du trafic maritime via Bab el-Mandeb profite aux Chinois. C’est le détroit qui est en connexion avec le canal de Suez. Aussi bien la Chine que l’Égypte se sont refusées jusqu’à présent à s’impliquer dans une guerre féroce qui n’a visé que la population civile au Yémen. Mais les pressions économiques pourraient changer la donne. »
Le ministre a affirmé qu’au contraire du message que cherche à véhiculer la campagne médiatique des pays occidentaux, « ce sont l’armée yéménite et Ansarullah qui pourront assurer la sécurité du transit des marchandises via le détroit de Bab el-Mandeb. D’ailleurs la campagne d’intoxication lancée contre l’Iran et ses présupposés ingérences au Yémen vise très précisément à détourner l’opinion publique du jeu très subtil que les Israéliens et leur allié américain mènent en ce moment à Bab el-Mandeb et dans les régions côtières du Yémen. »
Le ministre a ajouté : « Israël mijote de nombreux plans au Yémen et la diabolisation de l’Iran lui fournit la possibilité de mettre en œuvre ses projets en toute tranquillité. »
Le détroit de Bab el-Mandeb est l’une des voies maritimes les plus fréquentées du monde. Il relie la mer Rouge à l’océan Indien et, partant, aux eaux libres. 40% du flux international du pétrole transite par cette voie maritime, ce qui en fait une jonction entre les principales artères de communication de l’est et de l’ouest du monde.
En outre, ce détroit est la porte d’entrée méridionale du canal de Suez, où se déroule le gros du trafic maritime via l’Égypte, un trafic qui représente la principale ressource en devises du Caire.
Le président al-Sissi a récemment affirmé à ses généraux que la sécurité du trafic maritime en mer Rouge et à Bab el-Mandeb représentait une priorité pour son gouvernement.
La Chine ne pourra pas rester les bras croisés si le transit pétrolier via cette voie maritime est compromis. C’est pour répondre à ces inquiétudes que la Chine vient de se doter de sa première base militaire à Djibouti.
PressTV