Le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad, en visite en Iran, a affirmé le mercredi 20 juillet que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, n’avait pas pu obtenir le soutien de l’Iran ou de la Russie à une offensive en Syrie qu’il menace de lancer depuis mai.
Il s’exprimait au lendemain d’un sommet tripartite ayant réuni la veille à Téhéran les présidents turc Recep Tayeb Erdogan, russe Vladimir Poutine et iranien Ebrahim Raïssi.
La Russie, l’Iran et la Turquie sont des acteurs majeurs dans le conflit en Syrie en 2011, Téhéran et Moscou soutenant le pouvoir, et Ankara appuyant des rebelles.
Lors du sommet de mardi, les objectifs de M. Erdogan « n’ont pas été atteints après des discussions et des points de vue exprimés par les amis iranien et russe », a déclaré M. Mokdad au cours d’une conférence de presse à Téhéran avec son homologue iranien, Hossein Amir-Abdollahian à Téhéran, rapporte l’AFP.
Lors du sommet de Téhéran, le président Erdogan, qui veut créer une zone tampon de 30 km le long de la frontière syrienne, a affiché sa détermination à lancer « prochainement » une nouvelle opération militaire contre les forces kurdes qui contrôlent la zone.
« Il doit être clair pour tous qu’il n’y a pas de place dans la région pour les mouvements terroristes séparatistes et leurs affidés. Nous poursuivrons prochainement notre lutte contre les organisations terroristes », a prévenu le chef de l’État turc, qui considère les combattants kurdes comme « terroristes ».
Lors d’un entretien avec le président turc, le guide suprême iranien, l’ayatollah Sayed Ali Khamenei, avait souligné l’opposition de son pays à une opération turque en Syrie, la jugeant « préjudiciable » pour la région, et appelant à un règlement par le dialogue entre Ankara, Damas, Moscou et Téhéran. La Russie avait aussi déjà appelé Ankara à s’abstenir d’une telle opération en Syrie.
Dans leur communiqué conjoint à l’issue de leur sommet de mardi, les trois pays soutiennent implicitement Ankara dans sa lutte contre les Kurdes, affichant (leur) « volonté de s’opposer à des ambitions séparatistes qui pourraient saper la souveraineté et l’intégrité de la Syrie » et menacer la sécurité des pays voisins.
Pour le chef de la diplomatie syrienne, toute incursion turque déclencherait un « autre type de conflit » entre les deux pays.
Appel au retrait des forces US
Son homologue iranien a d’autre part affirmé la nécessité d’un retrait des forces américaines déployées dans les régions de Syrie à l’est de l’Euphrate, faisant écho à un appel déjà lancé par l’ayatollah Sayed Khamenei mardi lors d’une réunion avec le président Poutine.
« La présence de forces armées américaines dans l’est de l’Euphrate est un des problèmes de la région », a estimé M. Abdollahian.
Pour sa part, le président iranien Ibrahim Raïssi a déclaré, lors de sa rencontre avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad, que « le contrôle de l’ensemble de la frontière par l’armée syrienne est nécessaire et que la souveraineté de la Syrie doit être respectée », a rapporté la télévision libanaise AlMayadeen.
Raïssi a ajouté que « les Américains doivent quitter l’est de l’Euphrate en Syrie, et toute la région, et ce sera le principal moyen de résoudre les crises en Asie occidentale ».