Le chef de l’Etat français s’est rendu mardi en banlieue parisienne au chevet d’un jeune homme victime de graves violences policières, une affaire qui suscite une vive émotion et a entraîné trois nuits de protestations marquées par des incidents dans sa ville.
François Hollande a passé une demi-heure avec Théo et sa famille à l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois (nord de Paris) où est soigné ce jeune noir grièvement blessé par une matraque au niveau de la zone rectale au moment de son interpellation jeudi dernier.
Le président a loué sa réaction « digne et responsable », ajoutant qu’il est « connu pour son comportement exemplaire ».
Théo a, quant à lui, exhorté les jeunes à ne « pas faire la guerre » et à « rester unis », disant avoir « confiance en la justice ».
Dans la soirée, plusieurs centaines de personnes, encerclées par des dizaines de policiers casqués, ont manifesté dans l’est de Paris, scandant notamment « Théo, Adama : pas de justice, pas de paix », une allusion à Adama Traoré, un jeune noir mort au cours d’une interpellation en région parisienne l’été dernier.
« Police, violeurs, assassins », « tout le monde déteste les violeurs », ont-elles repris en choeur.
Six personnes ont été interpellées en marge de ce rassemblement et « quelques petits groupes épars se sont livrés à quelques dégradations », selon une source policière.
Aulnay-sous-Bois, où vit Théo, a connu trois nuits consécutives de violences. Vingt-six personnes y ont été interpellées lundi soir, selon des sources policières. Entre cinq et dix véhicules ont été incendiés, deux restaurants, des véhicules de police et de secours endommagés.
Des policiers, pris à partie, ont procédé à des tirs de sommation à balles réelles, ont dit des sources policières.
Théo, 22 ans, accuse un des policiers de l’avoir sodomisé avec sa matraque.
Le policier incriminé a été inculpé de viol et trois de ses collègues de violences volontaires en réunion. Les quatre fonctionnaires ont été suspendus de leurs fonctions.
Ces « émeutes » ont été dénoncées mardi par la candidate à la présidentielle du parti d’extrême droite Front National, Marine Le Pen. Un terme récusé par le maire de droite d’Aulnay-sous-Bois Bruno Beschizza.
« Pour le moment, il s’agit de troubles à l’ordre public », a déclaré cet ancien policier, demandant au gouvernement d’envoyer un « signal fort » aux habitants pour leur dire que « l’Etat est derrière eux, et non contre eux ».
« La justice (…) est garante des libertés et les citoyens doivent comprendre que c’est le juge qui les protège », a réagi le président Hollande.
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve a plaidé de son côté pour « la plus grande fermeté » contre les membres des forces de l’ordre qui se rendraient coupables de « manquements graves. (…) Je sais à quel point les policiers et les gendarmes sont exposés dans la lutte antiterroriste et aux violences, mais ils doivent être à chaque instant absolument exemplaires », a-t-il martelé.
Source: AFP