Le Conseil national de l’ordre des avocats en Tunisie a condamné les ingérences des Etats-Unis dans les affaires internes de ce pays et le marchandage qui lui est livré afin qu’il normalise ses relations avec l’entité sioniste.
Le Conseil national de l’ordre des avocats a dénoncé, ce vendredi 29 juillet, le communiqué du département d’Etat américain, et les déclarations de l’ambassadeur US à Tunis, et les considère comme «une ingérence manifeste dans les affaires nationales intérieures tunisiennes, et une violation de la souveraineté nationale ».
Une telle ingérence « s’oppose aux usages diplomatiques, et viole les dispositions de l’article 03 de la convention de Vienne régissant les relations diplomatiques, au sujet des attributions des missions diplomatiques, ainsi que l’article 41 qui proscrit au représentant diplomatique de s’immiscer dans les affaires intérieures des pays ».
L’ordre des avocats déplore « les signes latents adressés à l’armée nationale », mettant en garde contre « toute ingérence dans sa doctrine, ses rôles ou missions, étant un bouclier pour le pays, son soutien, et le protecteur de son unité et son invulnérabilité de toute atteinte à ses intérêts, ou toute ingérence étrangère dans ses décisions».
Le barreau rejette, par ailleurs, « les menaces voilées quant au marchandage, consistant à assortir le soutien des Etats-Unis à la Tunisie, en vue de surmonter sa crise économique, à la condition de s’inscrire dans le processus de normalisation avec l’entité sioniste, et de s’en tenir aux priorités sécuritaires américaines . Il affirme son « soutien au droit du peuple arabe en Palestine à l’autodétermination, et à l’émancipation de son pays ».
Les USA critiquent le référendum sur la nouvelle constitution
Le Conseil de l’ordre a aussi exprimé son soutien aux mesures prises par le président tunisien Kaïs al-Saïed concernant le récent référendum sur la nouvelle constitution, qui a fait l’objet de critiques de la part des Etats-Unis, dans un communiqué du secrétaire d’État américain Anthony Blinken.
Dans le texte publié par le Département d’Etat américain, Blinken indique que « Washington soutient fermement la démocratie en Tunisie et les aspirations du peuple tunisien à un avenir sûr et prospère », notant que « le référendum qui a eu lieu le 25 juillet sur la nouvelle constitution tunisienne a été marquée par une faible participation électorale. »
« Nous partageons les inquiétudes de nombreux Tunisiens selon lesquelles le processus de rédaction de la nouvelle constitution a limité la portée d’un véritable débat, et que la nouvelle constitution pourrait affaiblir la démocratie en Tunisie et saper le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales », a poursuivi Blinken.
Il a souligné « qu’un processus de réforme global et transparent est essentiel pour commencer à restaurer la confiance des millions de Tunisiens qui n’ont pas participé au référendum ou se sont opposés à la nouvelle constitution », et a insisté sur « le besoin urgent d’adopter une loi électorale globale qui permette une plus large participation aux élections législatives qui devraient avoir lieu en décembre, en particulier la participation de ceux qui se sont opposés ou ont boycotté le référendum sur la constitution. »
La déclaration du Département d’État américain poursuit que « la Tunisie a connu, au cours de l’année écoulée, une baisse alarmante des normes démocratiques, car bon nombre des gains durement gagnés par le peuple tunisien depuis 2011 ont été sapés ».
Plus tôt dans la journée, le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, avait aussi émis des reserves sur la nouvelle constitution.
« La nouvelle constitution tunisienne porte atteinte aux droits de l’homme… Il est à craindre que la nouvelle constitution ne comprenne des freins et contrepoids faibles qui pourraient compromettre la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Tunisie ».
Price a noté que les États-Unis ont constaté qu' »un large éventail de la société civile tunisienne, des médias et des partis politiques ont exprimé leur profonde inquiétude concernant le référendum, d’autant que de nombreux Tunisiens appréhendent de plus en plus le manque d’inclusivité et de transparence dans le processus ».
Le président tunisien Kaïs al-Saïed avait affirmé que « le référendum auquel le pays a assisté est l’expression de la volonté de la majorité du peuple tunisien », annonçant l’entrée de la Tunisie dans une « nouvelle phase ».
A noter que le nouveau projet de constitution, le quatrième de l’histoire moderne de la Tunisie, a suscité une large controverse dans le pays, car il a rétabli le système présidentiel sous lequel régnait l’ancien président Zein al-Abidine Ben Ali.
Source: Divers