Les négociations indirectes en cours entre le Liban et l’entité sioniste sur la démarcation des frontières maritimes fait couler beaucoup d’encre dans les médias israéliens et libanais, dans l’attente de la réponse israélienne à la proposition que le Liban a envoyée, via le médiateur américain Amos Hochstein qui avait participé à un dernier cycle des négociations qui avait eu lieu les dimanche et lundi dernier.
Le site israélien Channel 14 a écrit qu’après le cycle de négociations « il semble qu’il y ait un règlement permanent plus proche que jamais, et il devrait être signé d’ici plusieurs semaines ».
Le site Web a ajouté : « Alors que les États-Unis et le Liban semblent satisfaits, plusieurs parties en Israël pensent qu’il y aura des concessions douloureuses, en particulier dans les détails de l’accord ».
L’une des propositions consisterait à transférer au Liban la totalité les droits sur le champ Qana, sachant que ce champ, qui n’a pas encore été profondément examiné par « Israël », s’étend sur une vaste zone.
Selon l’article, il apparaît qu' »Israël est prêt à abandonner ce gisement ».
Commentant cette information, l’ancien ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies Danny Danon a estimé que « le Premier ministre israélien Yaïr Lapid joue avec le feu ».
Selon lui, « Si Israël permet effectivement au Liban de développer indépendamment le champ de Qana, ce sera un acquiescement à la position libanaise, et cela aura d’énormes répercussions géostratégiques et économiques sur Israël », ajoutant que cette affaire « serait un précédent et pourrait affecter les négociations avec Chypre sur le gisement de gaz transfrontalier, et sur des gisements de gaz supplémentaires à découvrir à l’avenir ».
Les médias israéliens ont révélé mardi dernier, que Lapid avait secrètement rencontré le médiateur américain, Amos Hochstein, le lundi 1er aout, illustrant la progression des pourparlers indirects entre les parties libanaise et israélienne. Ils ont aussi fait part que l’entité sioniste a soumis, il y a quelques jours, une proposition aux États-Unis d’Amérique, dans laquelle il exprime sa volonté de faire des concessions concernant la zone de litige avec le Liban.
Côté libanais, c’est la télévision libanaise al-Jadid qui a révélé de nouveaux détails sur la teneur de la rencontre entre Hochstein et les trois présidents de l’exécutif et du législatif. Elle a présenté des informations différentes de celles du journal al-Akhbaret d’al-Mayadeen selon lesquels il a fait part d’une offre par Israël de prendre une partie du bloc n°8 au nord de la 23e ligne, en échange de l’abandon du champ gazier de Qana. Mais l’offre a été rejetée par Beyrouth.
Or d’après al-Jadid, Hochstein n’aurait nullement proposé quoique ce soit sur le bloc 8 en échange du renoncement à la totalité du champ Qana.
Il aurait dit aux interlocuteurs libanais que « le champ de Qana vous revient entièrement certainement mais Israël dit qu’il n’accepterait aucune demande libanaise au sud de la ligne », c’est à direction des eaux territoriales de la Palestine occupée.
La réponse libanaise aurait été « Nous n’accepterons aucune demande israélienne au nord de la ligne 23 et rien en deca ».
Le Liban a tracé trois lignes de démarcation : la numéro 1, avec Chypres, pendant le mandat de l’ex-Premier ministre Fouad Siniora. Elle n’a jamais été ratifiée par le Parlement libanais, mais pendant plusieurs années les Israéliens ne voulaient négocier que sur elle.
Elle prive le Liban de 860 km2 par rapport à la deuxième ligne tracée plus tard, à la base de la convention de l’ONU du droit des mers. Mais le premier médiateur américain Frederick Hoff qui a parrainé les tractations a alors proposé une ligne médiane entre la 1 et la 23, accordant quelque 40% à ‘Israël’, ce que le Liban a rejeté entièrement.
Une troisième ligne a alors été tracée par l’armée libanaise et une société britannique, accordant quelque 1420 km2 de plus à la zone exclusive territoriale.
Mais le récent cycle des tractations tourne autour de la ligne 23.
Selon al-Jadid, citant des sources hauts-placées, après sa visite au Liban, Hochstein a semblé très pressé de se rendre en Palestine occupée, pour poursuivre les pourparlers.
Il avait entendu de la part des trois présidents libanais les propos suivants : « si vous allez prendre du temps pour donner votre réponse vous devriez d’abord permettre à la compagnie Total d’entamer tout de suite les travaux de forage dans les blocs libanais. Comme le fait l’ennemi israélien. Et si Total ne commence pas le forage ce ne sera pas facile pour nous de permettre à Israël de continuer ses travaux de forage et d’extraction ».
Total et les deux autres sociétés accréditées par le gouvernement libanais tardent à explorer les gisements internes depuis 4 ans et l’on rapporte qu’elles subissent des pressions de la part des Américains et des Israéliens et de menaces de sanctions pour les dissuader de le faire.
Dans ses interventions télévisées le mois passé, le numéro un du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah avait accusé les Américains et les Israéliens par derrière de vouloir empêcher le Liban d’exploiter ses ressources pétrolières et gazières afin de l’entrainer dans des négociations interminables sur ses frontières maritimes, pour l’entrainer vers la normalisation avec Israël. Il a menacé aussi bien le gisement Karish, situé sur la ligne 29 et qui est sur le point d’être exploité que les gisements internes exploités depuis plusieurs années par l’entité sioniste seront dans le collimateur de la Résistance, si le Liban est empêché d’exploiter les siens.
Le dimanche dernier, la tribune médiatique du Hezbollah Média de guerre a diffusé une vidéo dans lesquelles sont pris en images les plateformes et navires qui exploitent le gisement Karish, par la caméra d’un missile sol-mer, selon des experts. Une menace directe qu’ils sont dans le collimateur de la résistance. Et que les menaces de guerre de sayed Nasrallah sont prises très au sérieux.
Au Liban comme en Palestine occupée, le scénario de la guerre reste très plausible.
Selon le général libanais à la retraite Amine Hteit, les Libanais devraient s’attendre au pire concernant la démarcation des frontières.
« Ce qui a été publié et a fuité d’Israël peut être compris que la proposition libanaise a été rejetée et qu’ils ont décidé de répondre a la menace par la menace et qu’ils se préparent pour ajourner la production dans le gisement de Karish », a-t-il expliqué. Commentant l’information selon laquelle les ministres israéliens ont été informés lors de leur réunion sécuritaire de mercredi que l’extraction du gaz de la plateforme de Karish pourrait être retardée. « Hochstein est venu au Liban pour anesthésier le Liban et non pour un règlement en dépit des concessions », a-t-il conclu.
Selon d’autres obsevateurs, l’ajournement de la production à Karish augure une volonté israélienne de parvenir à un accord.
Source: Divers