La mère de l’un des plus grands martyrs de la Résistance islamique, « l’initiateur des opérations martyres », celui qui a fait pleurer Ariel Sharon qui était alors ministre de la Défense de l’entité sioniste, a rendu l’âme dans la nuit de mercredi dans son village Deir Qanoune an-Nahr au sud du Liban.
Ce fils n’est autre qu’Ahmad Qassir, l’auteur de la première opération martyre contre l’occupation israélienne.
Au volant d’une voiture Peugeot bourrée de 350 Kg d’explosifs TNT, il avait, le 11 novembre 1982 foncé vers le siège du gouverneur militaire israélien dans la ville de Tyr. Il n’avait que 19 ans.
Le bâtiment qui était formé de huit étages servait aussi de quartier général des renseignements militaires israéliens, abritait dans l’un de ses étages le siège de l’unité d’assistance affiliée au commandement militaire pour cette région, ainsi que les dortoirs des officiers chargés de missions bien délimitées, tels que les renseignements, la logistique et les liaisons.
Il s’est effondré comme un château de cartes.
Par coup de chance, ce 11 novembre était pluvieux et les soldats qui se trouvaient habituellement éparpillés dans les tentes situées tout autour s’étaient abrités dans le bâtiment. Ce qui a élevé le chiffre des tués et blessés.
Dans un premier moment les Israéliens ont parlé de 74 tués dont le gouverneur militaire et 27 disparus. Plus tard, les médias israéliens évoqueront 141 tués et 10 disparus. Certain médias évoquent 400 tués, comme le Haaretz.
Pour d’autre, le Yediot Ahronot « c’est l’une des plus grosses opérations dans l’histoire de l’Etat ».
Scrutant les causes de l’explosion, l’armée israélienne semblait entièrement déroutée puis elle a tout fait pour cacher la vérité aussi bien au gouvernement israélien qu’aux familles des tués israéliens. Le Yediot Ahronot en a parlé.
Dans sa version, elle a évoqué la présence de défauts de construction dans les piliers du bâtiment, le rendant incapable de supporter le poids qui lui était infligé par la présence de ce grand nombre de soldats et d’équipements, le tout combiné à une fuite de gaz qui a causé l’explosion.
Ecartant catégoriquement l’éventualité d’un acte de sabotage.
Ces conclusions mensongères ont été sapées le jour où la Résistance islamique a revendiqué l’opération. Elle a attendu trois ans pour le faire, jusqu’après la libération de la ville de Tyr, à la demande du martyr Ahmad, pour que les Israéliens ne fassent pas de mal à ses parents.
Le 19 mai 1985, elle a organisé une importante cérémonie à Deir Qanoune an-Nahr et c’est Sayed Hassan Nasrallah, qui était encore membre de la Chourah, qui a fait la grande révélation sur l’identité de l’auteur de cette opération et sur son modus operandi.
C’est le martyr qui avait suggéré l’idée de conduire une voiture piégée vers le QG israélien.
En 2001, devenu secrétaire général du Hezbollah, sayed Nasrallah a qualifié l’opération comme « la première opération martyre du genre dans l’histoire du conflit avec l’ennemi sioniste et qu’elle a donné l’exemple à toutes les opérations ».
« L’on se souvient de ces jours qui s’étaient caractérisés par la supériorité sioniste, personne n’osait rêver affronter les Israéliens », a-t-il rappelé.
Depuis, la date de sa réalisation, le 11/11 a été consacrée pour la célébration de la Journée du martyr du Hezbollah. Et sur le lieu de l’opération, une stèle à sa mémoire a été érigée.
Le 11 novembre 2021, lors de l’une de ces célébrations, il a dit : « cette premier opération martyre à Tyr a défoncé l’arrogance de l’ennemi avant de détruire l’une de ses citadelles fortifiées. Si l’un d’entre nous voudrait voir l’une des validations de la parole de Dieu : «Qu’ils déshonorent vos visages», qu’il regarde le visage du ministre israélien de la guerre de l’époque, Ariel Sharon, qui se tenait debout sur les ruines du quartier général du gouverneur militaire israélien à Tyr, envahi par la stupéfaction, l’animosité, l’humiliation, la faiblesse et le sentiment de défaite».
Lors d’une interview avec lui en 2019, le père du martyr Ahmad, Haj Jaafar ou Abou Moussa assure que c’est « Haj Imad Moughniyeh qui avait préparé la voiture piégée et planifié l’opération puis a conduit la voiture avec lui et est resté avec lui jusqu’à la dernière minute ».
Il se souvient qu’Ahmad, lors de l’année de l’invasion israélienne du Liban en juin 1982, l’avait suivi au Liban, quittant l’Arabie saoudite ou ils avaient vécu en famille.
Il raconte que son fils se rendait à Tyr pour jeter des pierres sur les soldats de l’occupation et qu’il l’avait attrapé une fois. « Il refusait de traverser leur check-point en utilisant des laisser-passer. Il refusait que l’occupation puisse avoir une place au Liban. Je l’ai attrapé et je lui ai dit calme-toi, le jour viendra pour combattre les sionistes. Ils vont te tuer de sang-froid. Il m’a regardé et m’a dit : « le jour viendra et tu verras ce que je vais faire d’eux ». Il n’a pas pu les gober ».
Haj Jaafar avait perdu deux autres fils avant Ahmad, Moussa et Rabi’ tombés en martyrs.
Quoique profondément attristée par la perte de ses trois fils, dont elle visitait les tombeaux quotidiennement, et les pleurait souvent, Oum Moussa disait toujours: «il vaut mieux qu’ils meurent en martyrs que de mourir dans leur lit ».
Elle a été portée dans un cercueil couvert du drapeau du Hezbollah vers sa dernière demeure ce jeudi, auprès d’eux, dans des obsèques dignes des sacrifices consentis par cette famille. Ont participé aux funérailles le chef du Conseil exécutif du Hezbollah sayed Hachem Safieddine, le député Hussein Jechi, le membre du Conseil central du Hezbollah cheikh Nabil Qaouq, le responsable de Jabal Amel-1 au Hezbollah Abdallah Nacer, et un parterre de religieux, de personnalités culturelles ainsi que des responsables municipaux et des habitants du village.
« Elle a été la mère exemplaire pour toutes les mères de martyrs. Quand on la visitait elle nous disait Ahmad ma rendu fière devant notre sayyeda Zahra et l’imam Hussein », a dit cheikh Qaouq.
Source: Divers