Le contre-espionnage occidental revoit la méthodologie de son travail en tenant compte de la pénétration des agents chinois en Europe. Les opérations d’espionnage venant de Chine utilisent des opérations particulières qui déstabilisent les services secrets européens.
Les opérations des services secrets chinois sont tout à fait comparables à celles de la Russie, c’est ce que Ken McCallum, chef de l’agence de renseignement britannique MI5, a fait savoir. Les espions chinois sont extrêmement patients, s’appuyant sur leur diaspora et utilisant davantage l’informatique. Par conséquent, malgré le conflit en Ukraine qui absorbe l’attention des gouvernements occidentaux et européens, les services européens investissent davantage de ressources pour contrer la Chine.
Le Financial Times met en avant une autre caractéristique de la tactique des services spéciaux chinois : leur capacité à attirer l’ennemi dans un «piège à miel » avec l’aide d’une femme séductrice.
Même si cette technique est connue depuis l’Antiquité, surtout parmi les services secrets, l’officier supérieur du renseignement français Henry M. a trouvé le moyen de tomber amoureux d’une de ces femmes à Pékin en se liant avec l’interprète de l’ambassadeur de France. Elle a persuadé l’officier de partager des informations classifiées. À la découverte de cette affaire, le contre-espionnage français n’a pas pu dormir pendant plusieurs nuits. Le traître a été rappelé dans sa patrie et il a été présenté à un tribunal qui l’a condamné à une peine de huit ans « pour le transfert d’informations à une puissance étrangère ».
Les médias français ont, également, qualifié le chanteur Shi Pei Pu de l’opéra chinois de séducteur insidieux. Il avait, lui aussi, reçu des secrets d’un employé du ministère français des Affaires étrangères.
Dans le même procès qui a entendu l’affaire Henry M., un autre agent français qui espionnait pour la Chine avant son arrestation en 2017, a été condamné à 12 ans.
Les peines sévères et la décision de la France de les rendre largement médiatisées montrent que les opérations de renseignement de la Chine sont en augmentation et constituent une plus grande menace que l’espionnage venant de Russie qui reste, somme toute, un adversaire traditionnel, selon les responsables du renseignement occidental. La Chine, avec l’aide d’espions, promeut les idées du parti communiste parmi d’autres objectifs. Elle a créé un réseau d’agents en Europe qui tentent de transformer les politiciens en partisans de la voie du développement de la Chine.
Un exemple est l’avocate née à Hong Kong, Christine Lee, citoyenne britannique. Elle a souvent visité le Parlement britannique, parlé avec des ministres et même pris des photos avec la Première ministre Theresa May. Le service de contre-espionnage du MI5 a mis fin à ses activités. Le contre-espionnage britannique a, également, réussi à modifier les règles de délivrance des visas.
Les espions chinois ont atteint un niveau d’ingéniosité caractéristique des services de renseignement russes, ont confirmé huit responsables actuels et des retraités du renseignement britannique au Financial Times. La Russie, selon l’un d’eux, forme spécialement des cadres d’officiers du renseignement, leur enseigne le métier d’espionnage, y compris l’art du cryptage. Mais, la Chine a des objectifs plus larges. Il faut augmenter l’influence politique du pays, obtenir des informations commerciales ou technologiques.
En 2017, la Chine a adopté une loi qui oblige « toutes les organisations et tous les citoyens » à aider le renseignement national et à coopérer avec lui. Comparant les méthodes des services de renseignement russes et chinois, un ancien officier américain de la CIA a trouvé une métaphore pour expliquer la technique de travail : « Disons que la tâche consiste à livrer des échantillons de sable d’un pays ennemi. La Russie enverra un sous-marin la nuit et un petit nombre de personnes pour apporter du sable dans des seaux. Et, les chinois enverront des milliers de baigneurs pendant la journée, et ils livreront le sable ».
De telles tactiques, selon Nicholas Eftimiades, un ancien officier de la CIA, conduisent à des étapes non coordonnées, plusieurs agents réalisant la même chose. En revanche, le résultat est réel. Selon certaines estimations, l’espionnage commercial a permis à la Chine de voler des secrets industriels et commerciaux américains d’une valeur de 600 milliards de dollars par an. Un exemple de ces opérations réussies a été l’attaque par des pirates chinois contre Microsoft Corporation en 2021. En conséquence, la réputation de 30 000 organisations dans différents pays a souffert.
Des experts des services secrets aiment préciser que les espions chinois ont été recrutés dans les soi-disant Chinatowns, et que maintenant, le renseignement chinois est devenu encore plus fort. La Chine est une puissance industrielle, il ne faut pas l’oublier.
Par Olivier Renault
Source : Observateur Continental