« Nos yeux et nos missiles sont braqués sur le champ contesté de Karish », a affirmé, ce samedi 17 septembre, le secrétaire général du Hezbollah lors d’un discours à l’occasion de l’Arbaïn (40ème jour du martyre de l’Imam Hussein).
Sayed Hassan Nasrallah a dans ce contexte réitéré « qu’il est impossible d’autoriser l’extraction du pétrole et du gaz de Karish avant que le Liban n’obtienne ses droits », soulignant qu’il s’agit d’une « ligne rouge ».
Concernant la résolution onusienne 2650 qui modifie la mission de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), Sayed Nasrallah a mis en garde contre les dangers engendrés par la décision de prolonger ses missions au sud du Liban, la sommant de « respecter ce qu’elles ont récemment annoncé sur le maintien de leurs opérations en coordination avec l’armée libanaise ».
Evoquant l’ignoble massacre de Sabra et Chatila perpétré en 1982 , le numéro un du Hezbollah, a estimé qu’il est à l’image de ses auteurs libanais qui ont collaboré avec l’entité sioniste, soulignant que les garanties américaines ne pouvaient protéger personne.
Sayed Nasrallah a en outre salué la jeunesse palestinienne, en particulier les jeunes hommes et femmes de la Cisjordanie, pour « leur attachement à la voie de la résistance, leur courage, leur esprit martyr et leur présence sur le terrain », soulignant que « tous les honorables et les opprimés du monde parient sur votre victoire face à l’ennemi israélien ».
Il a également salué l’annonce par le mouvement de résistance palestinienne Hamas concernant le rétablissement des relations avec la Syrie.
Voici les principaux points de son discours :
Que Dieu augmente vos récompenses pour votre présence grandiose en cette occasion au cours de laquelle nous commémorons le drame de l’Imam Hussein, que la paix soit sur lui et sur sa pure famille.
En ce jour, nous nous rappelons les positions fermes de l’Imam Zein al-Abidine et de notre dame Zeinab au palais de Yazid. Nous apprenons de ces positions qu’un croyant ne peut pas être affaibli, humilié, ni manifester le moindre signe de soumission.
Zeinab (petite fille du prophète Mohammad) était une courageuse oratrice pendant sa captivité.
Notre dame Zeinab, est la femme captive dont les frères, enfants et neveux avaient été tous tués. Mais malgré toutes ces circonstances qui ébranlent les montagnes, elle a prononcé un discours très important et ferme devant Yazid qui avait placé la tête de son frère l’Imam Hussein, devant lui.
L’une des leçons les plus importantes du jour de l’Arbaïn est que le croyant, quelles que soient les calamités et les circonstances difficiles qu’il affronte, ne peut être affaibli ou soumis. Il ne peut pas désespérer ou perdre espoir car il a confiance en Dieu et en sa promesse.
Ce que nous apprenons de Zeinab, que la paix soit sur elle, en ces jours-ci, c’est qu’il n’y a pas de place à la retraite, pas de place à l’humiliation et pas de place à la faiblesse.
Rassemblement historique et inédit ignoré par les médias
Aujourd’hui par exemple on assiste à la marche d’Arbaïn qui constitue le plus grand rassemblement populaire au monde.
Plus de 20 millions de visiteurs de l’Irak en provenance de plus de 80 pays étrangers convergent à Karbala, vers le tombeau d’un homme tué depuis plus 1400 ans, assoiffé et étranger. Ceci est comme un miracle.
20 millions de visiteurs signifient que 20 millions de cœurs battent d’amour et d’aspiration pour Hussein, que la paix soit sur lui. Pendant que les détenteurs des Mawakeb travaillent jour et nuit pour servir les visiteurs. Tous ces services (nourriture, eau, logements…) ne sont pas financés par des Etats ou des organisations, mais par l’argent économisé des pauvres et du généreux peuple irakien.
Il s’agit d’un phénomène historique et comme vous le remarquez il est ignoré par les médias internationaux.
A cette occasion, nous adressons nos remerciements au peuple irakien pour leur grande hospitalité, amour, et générosité envers tous les fidèles.
Sabra et Chatila reflète votre véritable culture
Parmi les occasions du mois de septembre, je voudrais évoquer le massacre odieux de Sabra et Chatila qui a eu lieu le 16-17 et 18 septembre 1982. L’ennemi israélien a parrainé ce massacre, mais les principaux auteurs appartenaient à des partis libanais bien connus (Kataeb et Forces libanaises, ndlr). Ces derniers collaboraient militairement avec l’ennemi israélien lors de son invasion du Liban en 1982.
1900 martyrs libanais, en plus de 3500 martyrs palestiniens, et entre 300 et 500 disparus, tel est le bilan de ce plus grand et ignoble massacre commis depuis la création de l’entité sioniste. De plus les meurtriers sont restés impunis.
La majorité des martyrs étaient des civils qui ont été assassinés dans leurs domiciles. Même les femmes enceintes ont été poignardées et les enfants ont été égorgés.
(S’adressant aux auteurs du massacre, ndlr) Le massacre de Sabra et Chatila fait partie de votre culture. Cela fait partie de votre Liban et de ce que vos mains ont commis, et reflète votre véritable image.
Ceux qui ont commis le massacre de Sabra et Chatila représentent la culture de la mort, alors que ceux qui ont libéré le sud en 2000 (Hezbollah), et sont entrés dans les zones libérées sans même tuer une poule, ceux-là représentent la culture de la vie.
Les garanties US ne protègent personne
Je voudrais également citer le massacre de 13 septembre 1993 qui a couté la vie à 9 manifestants : deux femmes et 7 hommes.
Quel est le crime de ceux qui ont manifesté le 13 septembre sur la route de l’aéroport pour dénoncer les accords d’Oslo ?
Aujourd’hui le peuple palestinien à Gaza, en Cisjordanie, à Al-Qods, et même au sein de la diaspora, est convaincu que le processus des négociations n’aboutira pas, et la seule voie utile est celle de la résistance.
Les garanties américaines n’ont protégé ni les Libanais ni les Palestiniens lors du massacre de Sabra et Chatila ou autres.
Quiconque accepte les garanties américaines et rend ses armes est comme celui qui accepte de livrer le cou de ses hommes, femmes, enfants et fœtus à la décapitation.
Tous les honorables parient sur la jeunesse en Cisjordanie
Le problème auquel l’ennemi est confronté aujourd’hui en Palestine, c’est qu’il combat la génération de la jeunesse palestinienne qu’il a sous-estimé, pariant qu’elle n’est autre qu’une génération d’Internet et de Facebook.
Dans ce jour de l’Arbaïn, nous adressons nos salutations les plus chaleureuses à la jeunesse palestinienne en général et en particulier aux jeunes hommes et femmes en Cisjordanie. Nous leur exprimons notre appréciation et notre respect pour leur refus de l’humiliation et pour leur courage. Ainsi que pour leur attachement à leur cause et pour leur présence sur le terrain. Tous les honorables et les opprimés du monde parient sur votre victoire contre l’ennemi israélien.
La Syrie était et restera le véritable soutien à la Palestine
La récente déclaration de nos frères du mouvement Hamas concernant le rétablissement des relations avec la Syrie est une position très avancée.
La Syrie a toujours été et restera le véritable soutien à la Palestine, à Al-Qods et au peuple palestinien. La Syrie, avec laquelle les relations doivent être renforcées par tous, a toujours constitué le véritable appui à la Palestine.
La résistance est le seul moyen de restituer nos droits, et non pas la mendicité. Ce que nous voulons aujourd’hui dans notre région, c’est que toutes les forces de résistance s’unissent.
La résistance est le seul espoir pour les Libanais, les Palestiniens et les Syriens de récupérer leurs terres, leur pétrole, leur gaz et leur dignité à partir d’une position de force, de fierté et de dignité.
Les missiles braqués vers Karish
Le Liban est face à une opportunité en or qui ne se reproduira peut-être pas, et qui permettra d’endiguer sa crise économique et sociale.
Nous ne pouvons pas permettre l’extraction du pétrole et du gaz du champ de Karish avant que le Liban n’obtienne ses droits légitimes.
Les dirigeants sionistes avaient déclaré que l’extraction de Karish aurait lieu en septembre, raison pour laquelle notre ultimatum a été fixé en septembre. Mais ils l’ont reportée à octobre. L’important est qu’aucune extraction du champ de Karish n’ait lieu avant que le Liban n’obtienne ses revendications légitimes.
Commencer à extraire le gaz de Karish constitue une ligne rouge pour nous. Nous avons envoyé, à cet égard, un message loin des médias : qu’il y aura une véritable confrontation en cas du début de l’extraction.
Notre objectif est que le Liban puisse extraire son pétrole et son gaz, et cette question n’est liée à aucun autre dossier.
Toutes les menaces de ennemis ne nous affectent pas et ne secouent pas même un poil de notre barbe. Nous avons accordé une chance aux négociations sérieuses qui ont repris, mais nos yeux et nos missiles restent braqués sur Karish.
Finul : le responsable est soit un ignorant ou un conspirateur
La dernière résolution de l’Onu sur la modification de la mission de la Finul constitue une agression et une violation à la souveraineté libanaise, et cela reflète le relâchement et l’absence de l’État.
Il s’agit d’un piège tendu depuis longtemps par l’ennemi israélien.
Le responsable libanais qui a passé sous silence cette résolution est soit un ignorant ou un comploteur. Car cette décision ouvre la porte à de grands dangers dans la zone du sud du fleuve de Litani et n’est pas du tout dans l’intérêt du Liban.
Si les forces de la Finul veulent agir indépendamment de l’État et de l’armée libanaise, alors elles poussent les choses vers à l’encontre de leur intérêt. Je les appelle à respecter ce qu’elles ont récemment annoncé sur le maintien de leurs opérations en coordination avec l’armée libanaise.
Formation d’un gouvernement pour ne pas entrer dans le chaos
Nous espérons la formation d’un gouvernement, afin d’éviter le chaos. Toutes les parties sont appelées à faire des concessions et à travailler honnêtement pour former un gouvernement dans les prochains jours.
Nous soulignons en outre l’importance de procéder à l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels. Et nous soutenons les appels à un consensus sur le nom d’un président.
S’agissant du don de fioul iranien, une délégation se rendra en Iran, afin d’obtenir une aide pour augmenter les heures d’approvisionnement en électricité.
Dossier bancaire: Le traitement sécuritaire insuffisant
Quant au dossier des banques (qui s’abstiennent de restituer aux déposants leur argent), il ne suffit pas de traiter cette question uniquement d’un point de vue sécuritaire, mais il est nécessaire de mettre en place une véritable cellule de crise pour parvenir à de véritables solutions à ce problème.
Quelles que soient les difficultés qui nous entourent, notre confiance en Dieu doit être très grande, et nous devons travailler et affronter les défis.