Les exportations de céréales ukrainiennes ont repris lundi 31 octobre en mer Noire avec l’appui de l’ONU et de la Turquie, après la suspension par la Russie de sa participation à l’accord international qui garantit un corridor humanitaire.
Au moins dix cargos étaient engagés les cales pleines dans le couloir maritime, dont le Ikaria Angel, affrété par le Programme alimentaire mondial avec 30.000 tonnes de blé destinées à Djibouti, selon le site Marine Traffic.
Le Centre de coordination conjointe (JCC), chargé de superviser l’accord international sur les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire, a prévu une douzaine de cargos au départ des ports d’Ukraine sur la journée.
Quatre autres bateaux devaient se diriger d’Istanbul vers l’Ukraine après inspection de leurs cales.
Moscou a cependant mis en garde contre la poursuite « risquée » et même « dangereuse » de la navigation en Mer Noire sans son accord : « Dans des conditions où la Russie évoque l’impossibilité de garantir la sûreté de la navigation dans ces zones, un tel accord est difficilement applicable », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
Mais dès le matin, le coordinateur des Nations unies pour l’Initiative sur les céréales ukrainiennes, Amir Abdulla, avait estimé sur Twitter que, « aucun cargo civil » ne devait « devenir une cible militaire, ni être retenu en otage. L’alimentation doit passer ».
L’accord passé sous l’égide des Nations unies et d’Ankara avec la Russie et l’Ukraine pour garantir les exportations ukrainiennes doit permettre de répondre aux besoins alimentaires fondamentaux de 45 pays, dont 33 en Afrique, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Les incertitudes qui pèsent sur l’avenir de cet engagement ont aussitôt provoqué un rebond des prix sur les marchés internationaux, la tonne de blé dépassant les 354 euros sur Euronext en séance.
L’ONU et la Turquie sont donc engagées dans une diplomatie tous azimuts pour le maintenir à flot.
« Bien que la Russie se montre hésitante parce que les mêmes facilités (qu’à l’Ukraine, ndlr) ne lui ont pas été offertes, nous sommes résolus à poursuivre nos efforts au service de l’humanité », a déclaré lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Un accord signé séparément avec la Russie, et sans l’Ukraine, devait faciliter les exportations d’engrais et de produits agricoles russes, entravées par les sanctions occidentales. Mais il n’a jamais été vraiment appliqué.
La Russie a suspendu son adhésion à l’accord sur les exportations ukrainiennes en raison d’une attaque de drone vendredi 29 octobre sur la Crimée.
Dimanche, elle s’est retirée « jusqu’à nouvel ordre » des inspections de navires, rendues obligatoires par l’accord international.
Mais la Turquie, officiellement prévenue, ne s’avoue pas vaincue.
Lundi, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a poursuivi ses consultations avec son homologue ukrainien et devait joindre le ministre russe dans la soirée.
« Il faut continuer. Suspendre cette initiative ne profiterait ni à la Russie ni à l’Ukraine » a-t-il insisté, appelant « les parties à revoir leurs décisions ».
Le ministre avait déjà dimanche « rappelé aux parties l’importance de poursuivre cette initiative (…) et d’éviter toute provocation qui aura des effets négatifs ».
Le JCC, qui organise les inspections de navires à Istanbul, a annoncé l’arrivée d’inspecteurs supplémentaires fournis par les délégations turques et des Nations unies : « dix équipes » devaient inspecter lundi quarante navires à destination de l’Ukraine.
Le JCC précisait dimanche soir avoir « obtenu l’accord de l’Ukraine » avoir « informé » la délégation de Russie : il assurait que cette dernière « entendait poursuivre le dialogue avec la Turquie et l’ONU ».
« La délégation de la Fédération de Russie s’est également dite prête à coopérer à distance sur les points qui exigent une décision immédiate », ajoutait le Centre de coordination.
Après un coup d’arrêt samedi, onze cargos avaient pu être inspectés dimanche.
Source: Avec AFP