Bruxelles a encore assombri ses prévisions. L’Europe va entrer en récession à la fin de l’année, et va subir une inflation plus forte que prévu, a prévenu l’Union européenne le vendredi 11 novembre. En cause : la flambée des prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine. « Nous avons des mois difficiles devant nous », a prévenu le commissaire européen à l’Économie, Paolo Gentiloni, en conférence de presse, rapporte l’AFP.
Il a prédit une contraction de l’activité sur le dernier trimestre de cette année et le premier de 2023, et donc une « récession » à la fois pour l’UE, la zone euro et « la plupart des États membres ».
Les prévisions d’automne de la Commission européenne, publiées vendredi, prévoient une baisse de la production économique au cours des trois derniers mois de cette année et des premiers mois de 2023.
Selon ces prévisions, les prix élevés de l’énergie, l’augmentation du coût de la vie, la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude générale « devraient pousser l’UE, la zone euro et la plupart des États membres en récession au dernier trimestre de l’année. »
La Commission européenne a annoncé que le déclin de l’activité économique devrait se poursuivre au premier trimestre 2023, de sorte que la croissance pourrait revenir sur le continent au printemps de l’année prochaine.
En raison des forts vents contraires qui freinent la demande, l’activité économique va ralentir et la croissance du PIB tombera à 0,3 % en 2023.
Cette prévision est intervenue alors que la Commission a fortement augmenté ses prévisions d’inflation pour cette année et l’année prochaine.
L’inflation dans la zone euro devrait atteindre 8,5 % en 2022, soit un point de plus que prévu, et 6,1 % en 2023, soit deux points de plus que prévu.
Le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, a déclaré que l’inflation augmente plus que prévu, mais qu’elle s’approche d’un pic et qu’elle devrait atteindre ce pic à la fin de cette année.
Selon les critiques, la décision de l’UE de couper le gaz bon marché de la Russie, pendant la guerre en Ukraine, se retourne contre elle. Malgré cela, un 9e cycle de sanctions contre Moscou est en préparation.
La « paix » semble être un gros mot dans les capitales occidentales. Les secteurs américains de l’armement et de l’énergie réalisent d’énormes profits tandis que les citoyens européens ordinaires en paient le prix fort.
Le spectre de la désindustrialisation
Les entreprises sont alarmées par les prix de l’énergie bien supérieurs en Europe à ce qu’ils sont aux Etats-Unis ou en Asie. Des usines et des projets d’investissements menacent de déserter l’UE, faisant craindre un décrochage économique.
«Ce risque de désindustrialisation existe […], mais il ne me conduit pas à des prédictions catastrophiques, car les choix d’implantations industrielles dépendent de nombreux facteurs, pas seulement des prix de l’énergie», a argumenté Paolo Gentiloni.
Il a insisté sur la nécessité pour les 27 pays membres de l’UE de rester solidaires.
«Si, en Européens, nous sommes capables de rester unis, nous pourrons surmonter cette période difficile avec succès et en ressortir plus fort», a-t-il estimé.
L’Allemagne, première économie européenne, devrait enregistrer l’an prochain la plus faible performance des pays de l’UE, avec un recul de 0,6% de son PIB, contre une croissance de 0,4% en France, de 1% en Espagne et de 0,3% en Italie.
En 2023, l’inflation devrait être la plus faible au Danemark (3,7%). Elle serait en Allemagne nettement supérieure à la moyenne (7,5%) et près de deux fois plus élevée qu’en France (4,4%), selon les prévisions de Bruxelles.