Après la publication sur les réseaux sociaux de vidéos montrant l’exécution de protagonistes présentés comme des militaires russes qui venaient de se rendre à leur ennemi, la Défense russe a accusé le 18 novembre l’armée ukrainienne du «massacre de prisonniers de guerre russes désarmés».
Et pour cause, plusieurs internautes, dont le journaliste allemand Julian Röpcke – qui commente régulièrement les rebondissements du conflit en Ukraine –, ont partagé des images montrant, pour certaines, l’exécution de plusieurs hommes dans la cours d’une maison, tandis que d’autres exposent plusieurs corps inertes alignés au sol.
Selon une version avancée par certains, la scène en question remonterait à une semaine au moins et concernerait des soldats du territoire de Donetsk.
Le Conseil des droits de l’homme auprès du Kremlin veut une enquête internationale
L’AFP fait état de deux vidéos tout en expliquant ne pas être en mesure de savoir dans l’immédiat où, quand, par qui et dans quelles circonstances ces images ont été prises.
Le Conseil des droits de l’homme auprès du Kremlin, un organe consultatif rattaché à la présidence russe, a affirmé sur sa chaîne Telegram le 18 novembre que ces exécutions avaient été commises à Makeevka, localité de la région de Donetsk, dont le rattachement à la Russie a été annoncé fin septembre par Vladimir Poutine.
Le président du Conseil, Valériy Fadeïev, a annoncé qu’il demanderait «une réaction de la communauté internationale et une enquête».
«Il s’agit d’un crime ostentatoire et ignoble. C’est la violation de toutes les conventions possibles interdisant les mauvais traitements des prisonniers de guerre, des normes du droit international et tout simplement de la morale», a ajouté le responsable russe.
Le Comité d’enquête russe a, pour sa part, annoncé l’ouverture d’une enquête pénale sur la base «d’éléments constitutifs» de meurtres commis en groupe ainsi que de traitements inhumains de prisonniers de guerre en recourant à des moyens interdits dans un conflit armé.
«Les enquêteurs militaires du Comité d’enquête [cherchent] à identifier les personnes qui ont réalisé cette vidéo de violences. D’autres actes d’instruction et mesures opérationnelles sont mis en place pour élucider toutes les circonstances des faits», a fait savoir l’institution.
De son côté, le chef par intérim de la République populaire de Lougansk, Leonid Passetchnik, a déclaré le même jour sur la chaîne de télévision Zvezda qu’il connaissait les prénoms et les noms de famille des responsables de ces présumés crimes de guerre.
«Ces monstres ont signé leur condamnation. Ils seront trouvés et subiront le châtiment qui s’impose en temps de guerre », a-t-il assuré.
Il a également déclaré que la communauté internationale passait sous silence les crimes présumés commis par les forces ukrainiennes.
La Défense russe dénonce une pratique «systématique» de la part des forces armées ukrainiennes
Dénonçant «la sauvagerie du régime actuel de Kiev, dirigé par Zelensky, et de ceux qui le protègent et le soutiennent», le ministère russe de la Défense a pour sa part assuré dans un communiqué mis en ligne le 18 novembre que «dans le même temps, les militaires ukrainiens qui se sont rendus cette semaine sont détenus conformément à toutes les obligations de la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre».
«Personne ne pourra présenter l’assassinat délibéré et systématique par balles tirées directement dans la tête de plus de dix militaires russes immobilisés par des salopards des forces armées ukrainiennes comme une « exception tragique » dans le contexte du prétendu respect général par le régime de Kiev des droits des prisonniers de guerre», a encore tonné la Défense russe selon qui cet exemple n’est «ni le premier, ni le seul crime de guerre» perpétré par l’armée ukrainienne.
«Il s’agit d’une pratique courante dans les forces armées ukrainiennes, activement soutenue par le régime de Kiev et que ses patrons occidentaux s’obstinent à ne pas remarquer […]. Mais Zelensky et ses hommes de main devront répondre devant le tribunal de l’histoire, devant les peuples de Russie et d’Ukraine de chaque prisonnier torturé et tué», a encore souligné le ministère russe.
Quelques heures plus tard, Maria Zakharova, porte-parole de la diplomatie russe a également mis en ligne un communiqué dans lequel elle dénonce «une nouvelle preuve des crimes commis par les néonazis ukrainiens».
«Nous avons attiré à plusieurs reprises l’attention de la communauté internationale sur le traitement cruel et inhumain que subissent les militaires russes détenus par l’Ukraine. Des vidéos régulièrement diffusées par des combattants des forces armées ukrainiennes eux-mêmes montrent des meurtres, des tortures, des humiliations, des coups qu’ils infligent etc. […] Les nombreuses preuves de ces crimes ont toutes été ignorées de « l’Occident collectif » qui accorde à Kiev son soutien actif», a regretté la représentante du ministère russe des Affaires étrangères.
«Nous exigeons que les organisations internationales condamnent ce crime intolérable et enquêtent soigneusement.
Aucune atrocité commise par des groupes armés ukrainiens ne restera impunie. Tous les auteurs et tous les complices seront identifiés et subiront la peine qu’ils méritent. Personne n’échappera au châtiment», a-t-elle conclu.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole de l’ONU a expliqué : «Nous avons connaissance de ces vidéos et les examinons.» Les autorités ukrainiennes n’ont pour le moment pas réagi à ces accusations.
L’ONU possède des «allégations crédibles» imputant aux forces ukrainiennes des exécutions de prisonniers de guerre
Depuis le lancement de l’offensive russe en Ukraine, fin février, les deux camps se sont plusieurs fois accusés d’infliger de mauvais traitements aux prisonniers de guerre.
Dans un rapport publié le 15 novembre, l’ONU avait affirmé que de nombreux prisonniers de guerre capturés par les deux parties étaient soumis à la torture et aux mauvais traitements.
L’ONU avait par ailleurs indiqué avoir reçu des «allégations crédibles» d’exécutions sommaires de prisonniers de guerre russes capturés par les forces ukrainiennes et de plusieurs cas de torture et de mauvais traitements.