Le président russe Vladimir Poutine s’est entretenu avec des journalistes après le sommet de l’Union économique eurasiatique dans la capitale kirghize de Bichkek vendredi. Parmi les sujets abordés figuraient les dernières révélations de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, l’opération militaire en Ukraine, la menace d’une guerre nucléaire, l’échange de prisonniers très médiatisé avec les États-Unis et les relations russes avec l’UE et l’Afrique.
I – Les commentaires de Merkel justifient l’opération en Ukraine
Poutine a trouvé surprenante et décevante la confession de la chancelière allemande Angela Merkel – selon laquelle le but des accords de Minsk était de « gagner du temps » pour l’Ukraine, mais il a ajouté que cela signifiait seulement que la décision de lancer l’opération militaire spéciale était correcte.
« Leur but était uniquement de charger l’Ukraine en armes et de la préparer aux hostilités. C’est ce que nous voyons. Honnêtement, nous nous en sommes peut-être rendu compte trop tard, et nous aurions peut-être dû commencer tout cela plus tôt », a déclaré Poutine.
Alors qu’il savait que l’Ukraine n’avait pas l’intention de mettre en œuvre l’accord, « je pensais que les autres participants à ce processus étaient honnêtes. Il s’avère qu’eux aussi nous trompaient », a déclaré le président russe.
II – Comment négocier avec une « confiance à zéro »
La tromperie sur Minsk soulève maintenant une « question de confiance », a déclaré Poutine, notant qu’elle est actuellement « presque nulle ». La vraie question est maintenant de savoir si des négociations sur quoi que ce soit avec qui que ce soit sont même possibles, et ce qui garantirait un éventuel accord, a-t-il ajouté. « A la fin, il faudra qu’il y ait des pourparlers. Nous y sommes prêts, je l’ai dit à maintes reprises. Mais tout ceci nous fait réfléchir, à qui nous avons affaire. »
III – Ce qu’il entendait par l’Ukraine « prendra beaucoup de temps »
Interrogé sur sa déclaration antérieure selon laquelle l’opération militaire pourrait être un « long processus », Poutine a expliqué qu’il faisait en fait référence à la résolution du conflit en Ukraine. « L’opération militaire spéciale avance rapidement, tout est stable, il n’y a pas de questions ou de problèmes avec elle aujourd’hui », a-t-il déclaré. Résoudre l’ensemble de la situation « ne sera probablement pas facile et prendra un certain temps, mais d’une manière ou d’une autre, tous les participants à ce processus devront être d’accord avec les réalités qui se dessinent sur le terrain ».
IV – Sur le lancement d’une première frappe nucléaire
Les États-Unis ont depuis longtemps une doctrine d’attaque « désarmante » contre les systèmes de commandement et de contrôle, pour lesquels ils ont développé des missiles de croisière qui manquaient à l’Union soviétique, a déclaré Poutine. Maintenant, la Russie a des missiles hypersoniques qui sont « plus modernes et encore plus efficaces », alors « peut-être devrions-nous penser à adopter les développements et les idées de nos partenaires américains lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité ».
Alors que la doctrine américaine envisage une frappe nucléaire préventive, la doctrine de la Russie porte sur les représailles, a expliqué Poutine. Si le système d’alerte précoce russe détecte une attaque de missiles, « des centaines de nos missiles voleront et il sera impossible de les arrêter ». Alors que certains missiles attaquants frapperont la Russie, « il ne restera rien de l’ennemi », et c’est ainsi que fonctionne la dissuasion nucléaire, a-t-il expliqué.
V – D’autres échanges comme celui de Bout-Griner sont possibles
La Russie ne considère pas le succès des pourparlers visant à échanger Brittney Griner contre Viktor Bout comme une ouverture pour discuter d’autres sujets avec les États-Unis. Même si les négociations « ont créé une certaine atmosphère », « aucune autre question n’a été soulevée dans leur cadre, a déclaré M. Poutine.
Il a ajouté que les contacts entre les services de sécurité russes et américains « se poursuivent, et en fait n’ont jamais cessé », mais que cet échange spécifique a été initié par le président américain Joe Biden.
« D’autres échanges sont-ils possibles ? Oui, tout est possible. C’est le résultat des négociations et de la recherche du compromis. Dans ce cas, un compromis a été trouvé », a déclaré le président russe.
VI – Sur la nécessité d’une nouvelle mobilisation
Il n’y a « aucune discussion » concernant un autre appel, a déclaré Poutine lorsqu’on lui a demandé si davantage de Russes devraient prendre les armes en 2023. Sur les 300 000 qui ont été appelés, environ 150 000 ont été déployés, mais seulement 77 000 dans les unités combattantes, tandis que d’autres sont engagés dans d’autres tâches en ce moment. Les 150 000 soldats restants ne sont pas encore déployés, mais suivent une formation supplémentaire, a-t-il expliqué.
« La moitié des personnes appelées sont des membres de la réserve de combat, alors pourquoi parler d’une convocation supplémentaire ? » a conclu Poutine.
VII – Réponse au commentaire de Borrell sur l’Afrique
En réponse à l’affirmation du chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, selon laquelle de nombreux Africains ne savent peut-être pas où se trouve le Donbass ou qui pourrait être Poutine, le président russe a déclaré que le continent ne sait que trop bien qui a l’aidé à se libérer du colonialisme européen.
Les politiciens de l’UE devraient « cesser de parler de leur amour pour les peuples africains et commencer à aider ces pays », a déclaré M. Poutine. « Si les personnes dont vous parlez savaient où se trouve l’Afrique et dans quel état se trouvent les peuples d’Afrique, ils ne s’interposeraient pas dans l’approvisionnement du continent africain en nourriture et en engrais russes, dont dépendent en fin de compte les récoltes dans ces pays qui sauveront des centaines de milliers de personnes en Afrique de la famine. »
Source : RT; ; traduction Avic – Réseau International