Le Parlement du régime de l’occupation israélien a approuvé mardi 21 février en première lecture deux dispositions phare d’une réforme controversée du système judiciaire faisant craindre à ses opposants une dérive antidémocratique du pays.
Au cours d’un vote nocturne, les députés ont approuvé par 63 voix contre 47 ces textes qui modifient le processus de nomination des juges et rendent les tribunaux incompétents pour juger d’actes ou de décisions qu’ils jugeraient en conflit avec les lois fondamentales, qui font office de Constitution en Israël.
Une autre disposition hautement contestée de la réforme, l’introduction d’une clause « dérogatoire » permettant au Parlement d’annuler à la majorité simple certaines décisions de la Cour suprême, doit être adoptée à une date ultérieure.
Le projet de réforme de la justice a été annoncé début janvier par le gouvernement, formé en décembre par le Premier ministre de droite Benjamin Netanyahu avec des partis d’extrême droite et des formations ultra-orthodoxes juives.
Le texte mobilise une forte partie de l’opinion publique contre lui.
A Tel-Aviv, des manifestations ont lieu tous les samedis soirs, rassemblant des dizaines de milliers de protestataires – signe d’une mobilisation massive à l’échelle de la taille du pays – qui dénoncent en bloc ce projet mais aussi la politique générale du gouvernement.
Lundi, à al-Qods (Jérusalem), plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté autour du Parlement contre le vote, avant lequel les débats ont été perturbés par des élus de l’opposition drapés dans des drapeaux israéliens et temporairement écartés.
Les deux projets de loi doivent retourner à la Commission parlementaire des lois pour un nouveau débat, avant des votes en deuxième et troisième lecture en session plénière pour devenir loi.
Pousser « Israël » vers la guerre civile
Après le vote de la nuit, le ministre de la Justice Yariv Levin a appelé les membres de l’opposition à « venir discuter ». « Nous pouvons parvenir à des accords », a-t-il déclaré.
Mais le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a accusé la coalition au pouvoir de pousser « Israël » vers une guerre civile. Si « vous vous souciez d’Israël et de son peuple », alors « arrêtez de légiférer [sur cette réforme] aujourd’hui », a-t-il dit.
Pour MM. Netanyahu et Levin, le projet de loi est nécessaire pour rétablir un rapport de force équilibré entre les élus et la Cour suprême, que le Premier ministre et ses alliés jugent politisée.
Au contraire, affirment ses détracteurs, la réforme, en visant à réduire l’influence du pouvoir judiciaire au profit du pouvoir politique, met en péril le caractère démocratique d’Israël.
« Nous sommes sur une pente raide »
Le 18 février, le commissaire de police Kobi Shabtai a averti que le climat politique actuel pourrait conduire à des actes de violence meurtriers et a appelé les Israéliens à « baisser les flammes ».
« Je suis venu ici au studio pour une raison », a déclaré Shabtai à la chaine de télévision israélienne Channel 12.
« J’ai essayé de m’abstenir de ce genre d’interview. Mais la situation dans laquelle nous nous trouvons m’empêche de dormir la nuit. Nous sommes sur une pente raide, un débat houleux, et des gens écrivent des choses sans penser à l’effet que cela pourrait avoir de l’autre côté.
Il a ajouté : « Nous avons vu une grenade lancée avec des conséquences désastreuses lors d’une manifestation il y a 40 ans, tuant Emil Grunzweg. Nous avons vu l’assassinat d’un Premier ministre », a-t-il déclaré, faisant référence à l’assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995.
Et de conclure: « Nous voyons ces menaces sur les réseaux sociaux. Nous devons diminuer les flammes… Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que des personnalités publiques ne soient blessées. Tous les services de sécurité font de leur mieux pour empêcher la répétition d’incidents violents ».
Source: Divers