De nombreux responsables de l’opposition israélienne n’ont de cesse ces dernières semaines de mettre en garde contre les séquelles graves sur l’avenir d’Israël, découlant de la réforme du système judiciaire israélien, conduite par le gouvernement actuel, dirigé par Benjamin Netanyahu et son ministre de la Justice Yarin Levin, avec la participation d’éléments de l’extrême droite et des ultra-orthodoxes qui forment son cabinet.
Cette réforme a provoqué une scission au sein de la classe politique et la société israéliennes, comme jamais auparavant. Et les politiciens laissent entendre de plus en plus des termes comme la guerre civile, la désintégration d’Israël et le climat de haine.
En tête des détracteurs de ces amendements: l’ex-Premier ministre Yaïr Lapid. Il a de nouveau réitéré ce mercredi 22 février son refus de la réforme, mettant en garde que dans six mois, « Israël » sera désintégré de l’intérieur et sa société sera aux prises avec la haine des uns contre les autres.
S’adressant depuis la tribune de la Knesset au ministre de la Justice, Yariv Levin, qui supervise ce processus d’amendements, il lui a dit : « Vous en portez la responsabilité, Levin, car vous êtes le vrai Premier ministre ».
Il a ajouté : « Vous êtes responsable de ce qui se passe maintenant, ne gaspillez pas notre intelligence à parler de dialogue (concernant les amendements judiciaires) pendant que vous adoptez cette loi. Arrêtez de mentir. »
A noter que ces changements aboutiront à un contrôle total du gouvernement sur la nomination des juges, y compris ceux de la Cour suprême. Ils limitent également considérablement la capacité de la Cour suprême à annuler les législations. La Knesset a pu remettre en vigueur les lois qu’elle avait annulées, à la majorité simple de 61 membres.
Formulés dans un projet de loi, ces amendements ont été votés dans une première lecture lundi 20 février et nécessitent une seconde lecture au sein de la Commission parlementaire des lois et de la constitution de la Knesset.
Il y a quelques jours, Lapid a mis en garde contre l’adoption de cette loi sur les amendements judiciaires, qui selon ses termes « nuira à l’économie et à la sécurité israéliennes », a-t-il déclaré.
Il avait auparavant mis en garde qu' »Israël est au bord de l’abîme, et à un moment crucial », et qu’il « marche vers sa ruine, si la loi sur les amendements judiciaires est adoptée ».
Il y a une semaine, le président israélien, Isaac Herzog, a mis en garde contre un conflit interne à la lumière de l’insistance du gouvernement à mettre en œuvre les amendements judiciaires. Herzog a déclaré: « Tout le monde a le sentiment que les choses sont sur un baril de poudre à canon et qu’elles peuvent conduire à des conflits violents et à une guerre interne ».
Il a appelé le gouvernement à retirer les amendements et a proposé un certain nombre de points pour sortir de l’impasse.
Fuite des investissements et des capitaux
Sur fond de ces divergences internes sans précédent, le shekel israélien a perdu mardi 21 février 2% de sa valeur par rapport au dollar américain, directement après une décision de la Banque centrale d’élever le taux d’intérêt. Et il est surtout question d’une fuite d’investissements et de capitaux d’Israël.
« Nous constatons une hausse du dollar ce qui attise les craintes de ceux qui veulent se protéger. Ceci empêche un large public de vouloir investir ou de lancer de nouvelles affaires. Les investissements vont être retirés à l’étranger mais pas dans un seul jour », a pour sa part affirmé Gilaad Artchler , un homme d’affaires israélien pour la chaine de télévision Channel12, selon la traduction de l’équipe hébraïque de la télévision al-Manar.
Mêmes appréhensions chez Hami Perez, le fils de l’ex-président israélien Shimon Perez :
« A la question de sa voir si je vais vivre en Israël ou dans un pays démocratique, la réponse ne sera pas positive. Plusieurs communiqués ont fait état que des investisseurs ont retiré leurs investissements d’Israël. Il y a actuellement un glissement doux et certains se préparent pour l’après des amendements. Nombreux ont ouvert des comptes bancaires à l’étranger et ont fait sortir leur argent »
40% expatrient leurs fonds
Selon un autre homme d’affaires, Ariel Margalet, « 40% des sociétés expatrient leurs fonds d’Israël car elles perçoivent la domination des politiciens sur le Tribunal suprême comme un danger menaçant car ceci veut dire que des lois seront promulguées interdisant le retrait des fonds dans l’avenir ».
Autre répercussion appréhendée si les amendements sont adoptées : le fait de restreindre les prérogatives du Tribunal suprême risque de voire s’éroder sa capacité à protéger les soldats, les officiers, les politiciens et les responsables israéliens, accusés des crimes de guerre, des plaintes portées contre devant la justice à l’étranger. » Cette mise en garde a été exprimée par certaines voix au sein de l’institution sécuritaire israélienne, selon Channel 13.
Selon le chroniqueur des questions israéliennes dans la télévision al-Manar, Hassan Hijazi, les tribunaux occidentaux se sont souvent abstenus de poursuivre en justice les Israéliens accusés de crimes de guerre contre les Palestiniens, au motif que le Tribunal suprême israélien en est chargé. Sachant que ces procès se clôturaient en fin de compte par la disculpation des criminels israéliens.
Source: Divers