Dans un discours prononcé le vendredi 10 mars pour rendre hommage au chef jihadique Assad Saghir (Haj Saleh), décédé la semaine passée, des suites d’une maladie, le Secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, a assuré que « le siège imposé aux pays de la région va se finir par se briser grâce aux évolutions régionales et internationales ».
Il s’est attardé dans son allocution télévisée sur la situation en Syrie, en Palestine occupée et sur la reprise des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
Des liens indissociables entre la Syrie, le Liban et la Palestine
Sur la Syrie il a mis en relief les liens qui l’unissent au Liban et la Palestine :
« Malheureusement, certains au Liban s’imaginent que le pays est une île dans l’océan qui n’a rien à voir avec ce qui se passe dans la région. Certaines évidences ont hélas besoin d’être mises au clair, dont celle que le Liban est très affecté par les évènements dans la région, principalement dans les pays voisins, notamment en Syrie et en Palestine. Parler du présent et de l’avenir de la Syrie et de la Palestine, c’est parler du présent et de l’avenir du Liban…
D’aucuns développent une vision différente selon laquelle ils ne sont pas concernés par ce qu’il se passe en Syrie et en Palestine en revanche, ils le sont davantage par les Etats du Golfe… Lorsque la Syrie est stable de point de vue sécuritaire, n’est pas assiégée et peut développer son économie, ceci a beaucoup d’impact sur le Liban et la Palestine. Celui qui conteste cette vérité est déconnecté de la réalité…
La Syrie est le cœur de l’axe de la résistance.
Sayed Nasrallah a par la suite abordé la situation actuelle en Syrie :
« Le projet de la guerre mondiale contre la Syrie s’est soldé par un échec. Mais ne je ne peux parler d’une victoire complète. Certains dossiers sont toujours en suspens et les défis persistent. Nous savons tous la position de la Syrie depuis le début du conflit arabo-israélien dans ces 50 dernières années. La Syrie a toujours été dans le front du conflit avec l’ennemi sioniste et un pilier de l’axe de la résistance. En dépit de cette guerre mondiale, elle va le rester ».
Evoquant la récente ouverture de quelques pays arabes sur la Syrie, suite au séisme qui a frappé le 6 février le nord de ce pays en même temps que le sud de la Turquie, le numéro un du Hezbollah a souligné :
« Un grand nombre d’analystes avancent que la Syrie sera récupérée par les Arabes et en conséquence, qu’elle sortira de l’axe de la résistance. Ceci est incorrect. La Syrie est le cœur de l’axe de la résistance. Pendant la deuxième année de la guerre mondiale menée contre elle, on lui a proposé de renoncer à son statut historique dans le conflit avec l‘ennemi mais le commandement syrien a refusé. Cette proposition lui a été faite plusieurs fois aussi avec des avantages alléchants mais elle a toujours refusé.
L’ouverture sur la Syrie est un aveu que la Syrie est victorieuse et un aveu d’impuissance. Nous au Hezbollah et les autres forces de l’axe de la résistance somme heureux lorsque nous voyons des délégations arabes et occidentales se rendre à Damas.
Notre relation de confiance s’est baptisée par le sang lorsque nous avons combattu en Syrie. Cette bataille a consolidé les liens de confiance. Ne permettez à aucun analyste idiot ou à quiconque de rompre cette relation… il est normal que les Arabes reviennent en Syrie, la Syrie n’a pas quitté la Ligue arabe. Ce sont eux qui en sont sortis, entrainant la Ligue arabe derriere eux… Si les Arabes continuent de se rendre en Syrie, ils seront les bienvenus ».
Washington entrave l’ouverture des Arabes sur la Syrie
Et Sayed Nasrallah de poursuivre sur le rôle de USA :
« Au cours de la dernière année du mandat (du président américain Donald) Trump, certains pays arabes ont afflué en Syrie pour ouvrir leur ambassade (à Damas), mais le secrétaire d’État américain est intervenu pour les empêcher (de mener à terme) cette relation… Même maintenant, de nombreux pays arabes souhaitent normaliser leurs relations avec la Syrie, l’obstacle n’en demeure pas moins l’arrogant américain. »
Sayed Nasrallah a abordé dans son discours la situation au nord de la Syrie, occupé par des milices kurdes syriennes des Forces démocratiques syriennes, qui collaborent avec les Américains qui détiennent une douzaine de positions militaires.
« Si ce qu’il se passe dans le nord de la Syrie peut être réglé par des négociations, c’est une bonne chose et ce n’est un sujet de préoccupation pour personne… Lorsque Washington a vu le retour arabe en Syrie, il a essentiellement déclaré que seul le rapprochement est autorisé en ce qui concerne le tremblement de terre ».
La Syrie est libre de ses choix. L’Iran ne la contrôle pas
Sur le rôle iranien dans ce pays, il a souligné :
« Il y a une tentative, en particulier ces dernières années, de dire que l’Iran qui a aidé la Syrie contrôle ce pays. Ils en parlent sérieusement mas savent très bien qu’ils mentent… Le fait de dire que l’Iran a aidé la Syrie et la contrôle maintenant est un mensonge et une désinformation… en toute sincérité, je vous assure que la Syrie exerce sa pleine souveraineté et liberté et c’est elle qui prend toutes les décisions qu’elle veut… La Syrie consulte ses amis, mais c’est elle qui prend ses décisions… Lorsque l’Iran a vu la guerre mondiale contre la Syrie, il a pris une position historique pour être à ses côtés, afin de la préserver et pour qu’elle demeure la Syrie de son peuple, celle des sacro-saints en Palestine, celle de la nation arabe et de tous les axes de résistance. »
« L’un des arguments arabes diligentés est qu’ils se rendent en Syrie pour la sauver de l’Iran… La Syrie n’est pas soumise aux Etats-Unis et travaille selon ses intérêts… Sans la fermeté de la Syrie, le conflit (arabo-israélien, ndlr) aurait pris fin depuis longtemps, mais c’est le soutien de la Syrie aux mouvements de résistance qui a changé les équations », a-t-il déclaré.
« Si la résistance avait été vaincue au Liban en 2006, l’étape suivante aurait été l’occupation militaire de la Syrie par les Etats-Unis et Israël, mais ceci a échoué. Les aveux américains notamment ceux de l’ambassadeur américain de l’époque assurent que ce sont les Etats-Unis qui menaient la bataille en Syrie avec le soutien des fonds arabes qui les finançaient. Biden a admis que des milliards de dollars ont été dépensés par les pays arabes dans la guerre contre la Syrie.
Ce sont les bases américaines à l’est de l’Euphrate qui empêchent sa libération et les USA qui classifient le monde parmi les organisations terroristes, protège Daech qui commet des massacres dans le nord de la Syrie… les USA continuent d’empêcher la normalisation avec Damas et utilise actuellement l’arme de la loi César (Ceaser Act).
Le peuple syrien a besoin de faire preuve de fermeté et a besoin de la coopération de tous ses amis. Nous sommes convaincus que les dirigeants syriens et le peuple qui ont surmonté la guerre mondiale seront en mesure de surmonter cette étape sans soumission ni capitulation… Les evolutions internationales et dans la région indiquent que le blocus sur le Yémen, la Syrie et les pays de la région sera rompu, si Dieu le veut. »
La 3eme destruction d’Israël
Abordant la situation dans les territoires palestiniens occupés, sayed Nasrallah a dit :
« Ce qu’il se passe en Palestine occupée est historique et très important. Un avantage incontestable dans notre conjoncture actuelle est que l’axe de la résistance dans la région est sérieux, sincère et prêt au plus haut niveau de sacrifices. Il n’est pas disposé à se plier et son objectif est clair en faveur de la libération de la Palestine du fleuve à la mer…
Dans l’entité d’occupation, ils parlent de la troisième destruction et de la fin du rêve sioniste. Ce sont des faits, il y a un consensus au sein de l’entité que les divisions internes, en plus du facteur externe, conduiront à sa perte… En Israël, ils ont le complexe de Nabuchodonosor et ils ont peur de la troisième destruction de l’entité.
Nous avons vu hier comment la police sioniste a réprimé les manifestants. C’est leur vraie nature… L’une des principales causes pour les visites des délégations américaines en Israël est de remédier à la fracture interne qui pourrait conduire à un affrontement sanglant.
Ce à quoi l’entité est parvenue aujourd’hui n’est pas causé par des divergences internes seulement, mais par la persévérance dans la région, la résistance en Palestine et au Liban, la fermeté de la Syrie et le développement de l’axe de la résistance. »
La normalisation ne dissuade par la jeunesse palestinienne de la résistance
Sayed Nasrallah s’est arrêté sur l’inefficacité des efforts de normalisation entrepris par certains pays arabes, ne pouvant empêcher les opérations de résistance qui connaissent une escalade importante.
« La normalisation avec les pays arabes a-t-elle pu dissuader la jeunesse palestinienne de la résistance ? Nullement. La normalisation avec les États arabes ne protège pas l’entité (israélienne) et ne peut stopper les opérations… Les opérations de résistance aujourd’hui en Cisjordanie et dans certaines parties des territoires occupés en 1948 sont d’une importance extrême et un moment très important dans le processus de la résistance. Elles façonneront l’avenir de la Palestine… Tout le monde devrait réfléchir à la manière de tendre la main à la résistance palestinienne et à ses combattants ».
Reprise des relation entre l’Iran et l’Arabie saoudite
A la fin de son discours, Sayed Nasrallah a évoqué la reprise des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite, annoncée quelques heures plus tôt de la journée :
« Nous sommes heureux parce que nous avons confiance que ce sera dans l’intérêt des peuples de la région, et nous sommes confiants que les Iraniens ne parlent pas au nom des peuples pour prendre des décisions », en allusion sans doute aux revendications saoudiennes pendant les négociations avec les Iraniens sur le dossier yéménite. Leur réclamant des concessions de la part de l’organisation houthie Ansarullah, les Iraniens ont toujours répondu qu’il fallait les négocier avec le gouvernement de Sanaa en personne.
« L’accord saoudo-iranien, s’il suit la voie normale, ouvrira des horizons à toute la région, y compris au Liban », a insisté Sayed Nasrallah.
Le Hezbollah ne veut pas imposer de président au Liban
Et de conclure sur la question de l’élection du président au Liban, en vacance présidentielle depuis fin octobre 2022, et qui butte sur le choix du candidat. Sayed Nasrallah ayant dans un discours précédent annoncé le soutien du Hezbollah a la candidature de Sleiman Frangiyeh, le député, ex-ministre et chef du parti Marada.
« Nous avons dit que nous soutenions un candidat naturel à la présidence de la République au Liban, et vous, nommez celui que vous voulez, afin que nous en dialoguions… Le droit de nommer un candidat n’est pas l’apanage d’une communauté spécifique… N’importe quel député ou bloc parlementaire peut nommer qui bon qui semble. Nous ne voulons pas imposer aucun président de la République à personne au Liban. Nous voulons ouvrir les portes pour mener à bien cette échéance…Nous acceptons toute aide étrangère au Liban, mais il ne faut pas attendre l’aide extérieure. Aucun pays étranger n’a le droit d’imposer un veto concernant le droit présidentiel ».
Il a fini son discours en renouvelant « notre engagement envers le pur esprit de Haj Saleh et de tous les martyrs ».« Nous honorerons à jamais l’engagement de porter votre bannière et votre cause, pour remporter l’un des deux meilleurs bienfaits (le martyre ou la victoire) .
Le rôle du chef défunt dans le démantèlement des réseaux d’espionnage et des takfiris
Au début de son discours, sayed Nasrallah a adressé ses condoléances à la famille du défunt et à ses compagnons de route qui travaillaient avec lui.
« Parce que Haj Saleh est inconnu, il est de notre devoir de parler de lui. Le défunt a rejoint la voie du Hezbollah depuis le début de sa création, à l’âge du taklif (15 ans, ndl). Il fait partie des fondateurs et il est le fils du Hezbollah… Il l’a rejoint pendant les jours de grands dangers et difficultés. Il faisait partie de ceux qui aspiraient à la victoire, et n’avaient devant eux que le martyre.
Je connaissais en personne Haj Saleh depuis de nombreuses années… il était pour nous l’homme croyant, pieux, attaché aux règles religieuses… Haj Saleh était un ascète, indifférent aux attachements de cette dounia (vie ici-bas) et ne cherchait rien de ses décorations…
C’était un frère humble, poli et discret avec un haut degré d’intelligence. Il n’avait rien d’autre que le Hezbollah et s’était dédié entièrement à servir sa voie.
En raison de plusieurs caractéristiques de la personnalité de Haj Saleh, la tâche la plus appropriée pour lui a été dès le début de travailler dans le domaine sécuritaire… »
Devenu l’un des principaux leaders de la résistance loin des médias, il avait travaillée avec l’ex- commandant jihadique du Hezbollah Haj Imad Moughniyeh, sur un grand nombre de dossiers, établissant des stratégies, des objectifs, des programmes, des structures et des systèmes internes, jusqu’à son martyre, a révélé Sayed Nasrallah.
Il a indiqué qu’il a aussi travaillé aussi l’évaluation des renseignements sécuritaires, que ce soit au Liban ou en Syrie, contribuant au démantèlement des réseaux israéliens, détectant leurs agents et un joué rôle clé dans la lutte contre les groupes takfiris et les voitures piégées.
Indiquant que haj Saleh a fait partie du groupe de travail en Syrie au côté de Moustafa Badreddine, qui dirigeait la bataille dans ce pays, il a souligné qu’après le martyre de ce dernier, il a pris la relève, indiquant que l’un des dossiers importants qui lui ont été confiés a été celui de la protection de la zone du sanctuaire de Sayyeda Zeinab (P) au sud de Damas. De même, il avait été chargé de celui des disparus en Syrie « dans lequel nous avons réalisé des progrès et qui en est à son terme ».
Sayed Nasrallah a aussi révélé que le défunt Assad Saghir avait des contributions dans les deux dossiers, palestinien puis irakien, lors l’invasion américaine en 2003 et celle de Daech en 2011 pour ce dernier.
Selon sayed Nasrallah, se connaissant malade, il a refusé de se reposer et a continué à accomplir ses missions.
« Aujourd’hui, comme pour tous les martyrs que nous avons perdus et dont la vie grouillait de jihad et d’abnégation, ce sont leurs exploits qui témoignent pour eux après leur départ. Tout ce dont nous jouissons ces dernières décennies comme victoires et exploits revient à ces moudjahidines qui se sont sacrifiés. Haj Imad, sayed Moustafa Badreddine et tous les autres, les gens ne les ont connus qu’après leur départ. Haj Saleh fait partie d’eux », a-t-il conclu.
Source: Al-Manar