Un commandant du Front Al-Nosra a accordé une longue interview à des journalistes allemands, dans laquelle il révèle que les Etats-Unis ainsi que d’autres pays soutiennent sa milice, tout en réaffirmant l’attachement de son groupe à Al-Qaïda, malgré la soi-disant rupture des liens organisationnelle opérée par son chef Abou Mohammad al-Joulani.
Armes «Made in USA»
«Oui, les Etats-Unis soutiennent l’opposition [syrienne], mais pas directement. Ils soutiennent les pays qui nous soutiennent. Mais nous ne sommes pas encore satisfaits de ce soutien», a déclaré le commandant d’unité du Front Al-Nosra Abou Al Ezz, dans une interview accordée au journal allemand Koelner Stadt-Anzeiger depuis la ville d’Alep.
L’interview a été réalisée dans une carrière de pierre à Alep, le 17 septembre, par le journaliste allemand Jurgen Todenhofer.
Ce commandant du Front Al-Nosra a révélé que son groupe wahhabite avait gagné des batailles grâce aux missiles antichars TOW de fabrication américaine qui ont été «donnés directement» à ses troupes. Grâce à ces missiles, «la situation dans plusieurs régions est sous contrôle», se félicite Abou Al Ezz.
Quant à l’armement lourd, il aurait été fourni via des pays tiers : «Nos chars et de nombreuses lance-roquettes sont venus de Libye via la Turquie», confie-t-il.
Une aide en personnel aussi
Mais, à l’en croire, l’aide fournie ne se limite pas aux armes, mais aussi en personnel.
Ainsi quand le Front Al-Nosra «a été assiégé, il y a eu des officiers de Turquie, du Qatar, d’Arabie saoudite, d’Israël et des Etats-Unis ici… Des experts en satellites, missiles, renseignement et caméras thermiques de sécurité».
Quand le journaliste lui a demandé si des instructeurs se trouvaient vraiment parmi les djihadistes takfiristes, Abou Al Ezz a tout simplement répondu: «Les Américains sont de notre côté.»
L’Arabie qui paye
Il a également confirmé une autre information courante: c’est l’Arabie saoudite qui s’occupe du financement du groupe.
«Nous avons reçu 500 millions de livres syriennes (plus de deux millions d’euros) de l’Arabie saoudite. Pour capturer l’Ecole d’infanterie à Al Muslimiya il y a quelques années nous avons reçu 1,5 millions de dinars koweïtiens (soit environ 450 000 euros) et cinq millions de dollars de l’Arabies saoudite (presque 4,5 millions d’euros)», a révélé le commandant, ajoutant que cet argent venait des gouvernements de ces Etats et non d’individus.
Au-delà des Etats-Unis, l’Occident dans son ensemble contribue aider le Front Al-Nosra, selon Abou Al Ezz. A l’en croire, des pays européens ont volontairement «ouvert la voie» aux djihadistes chez eux pour venir en Syrie, explique-t-il. «Nous avons beaucoup de combattants d’Allemagne, de France, de Grande-Bretagne, des Etats-Unis et de tous les pays occidentaux», a-t-il confié.
De plus, pour le Front Al-Nosra, le cessez-le-feu est une chance pour «se préparer aux nouvelles attaques»
«Nous ne reconnaissons pas le cessez-le-feu. Nous regrouperons nos troupes. Nous effectuerons une nouvelle attaque écrasante contre le régime dans les jours à venir. Nous avons regroupé nos forces dans toutes les provinces, notamment à Homs, Alep, Idlib et Hama», a ainsi expliqué le commandant.
Ni Assad ni ASL
Selon lui, le Front Al-Nosra est opposé à l’idée d’un gouvernement de transition en Syrie: «Nous n’acceptons personne du régime d’Assad ni meme de l’Armée syrienne libre (ASL) qualifiée de modérée. Nous avons pour but de renverser le régime et établir un Etat islamique, conformément à la charia», a-t-il affirmé
Quant aux affiliations du groupe, le commandant a ouvertement confirmé que le Front Al-Nosra faisait partie d’Al-Qaïda et ne regardait pas Daesh d’un très bon œil. «Nous étions dans un groupe avec Daesh. Mais Daesh est utilisé dans les intérêts et buts politiques de grandes puissances telles que les Etats-Unis, et ce groupe s’est éloigné de nos principes. La plupart des leaders de Daesh travaillent avec des services de renseignement, c’est clair pour nous. Nous, le Front Al-Nosra, avons notre propre voie», a confié Abou Al Ezz.
Avec RT