En plus du fait qu’il illustre un échec militaire, sécuritaire et opérationnel, l’incident qui a eu lieu le samedi 3 juin à la frontière entre l’Egypte et la Palestine occupée a rappelé aux Israéliens que le processus politique de normalisation n’a pas réalisé sa finalité.
« Les Israéliens ne sont pas les bienvenus en Egypte. Les Egyptiens ne visitent pas Israël. Et les relations commerciales entre les deux restent clandestines », c’est le constat amer fait par le journaliste israélien du Haaretz Haïm Levinson, 33 ans après l’accord conclu, le premier dans l’histoire du conflit. Le qualifiant « d’accord illusoire » il en en conclut «qu’il n’y a pas de paix entre les peuples égyptien et israélien ».
Depuis le samedi, les médias israéliens ne font que parler de cet évènement et scrutent ses répercussions.
Une opération planifiée
Dans les faits, compte tenu des résultats de l’enquête, ils sont majoritairement persuadés que l’auteur de l’attaque, le policier égyptien Mohamad Salah a volontairement tendu trois embuscades aux soldats israéliens du passage frontalier Nitzana. Et qu’il s’agit par conséquent d’une opération de résistance.
L’enquête israélienne en a conclu qu’il avait tout planifié d’avance, connaissant parfaitement la région et qu’il a marché pendant une distance de 5 km, dont 1.5 km lorsqu’il a pénétré les territoires palestiniens occupés. Et ce avant de tuer les deux soldats israéliens à l’aube du samedi.
Dans le milieu de la journée, il s’est accroché avec d’autres soldats, tuant un troisième.
Et ce n’est qu’à la troisième embuscade qu’il a été tué.
« Dieu est avec la Palestine »
Cette conviction que Mohamad Salah a travaillé avec l’intention d’attaquer les soldats israéliens est étayée par le contenu trouvé sur sa page Facebook : il avait posté des propos de solidarité avec la Palestine. « Dieu est avec la Palestine », peut-on lire avec un petit drapeau palestinien, avec un hashtag GazaUnderAttack#. Il les a opposés aux propos de Mike Pence, lancés en mai 2021 lors de l’offensive contre la bande de Gaza par Mike Pence qui était alors le vice-président américain et dans lesquels il signifiait : « L’Amérique est avec Israël ».
« La fierté des Arabes »
Sur les réseaux sociaux égyptiens, les hommages fusent pour rendre hommage à Mohamad Salah le qualifiant de « martyr », de « héros » de « fierté des Arabes », ou de celui qui «représente le pouls et les vraies tendances de la oumma islamique qui refuse l’occupation et s’attache à la résistance ».
« Mohamad Salah, le martyr des Arabes sur la voie d’al-Qods », peut-ont lire dans les infographies qui le saluent.
Un revers opérationnel
L’opération est également perçue comme « un revers opérationnel » pour les forces israéliennes.
Un revers dans les prévisions qu’une opération pourrait être réalisée depuis la frontière égyptienne et un revers dans le système de surveillance et de télédétection à distance.
L’échec affecte également le déploiement des forces israéliennes chargées de cette zone, sur le terrain des opérations. Est mise en cause leur manque de rapidité à réagir à l’événement après la mort des deux soldats, avec lesquels tout contact avait été perdu pendant des heures, et puis le fait que Mohamad Salah ait pu entrer sur une bonne distance dans les territoires occupés, disposant du temps nécessaire pour préparer son embuscade dans un temps relativement confortable, sans qu’elles ne puissent lui accéder, sauf après l’utilisation d’avions de reconnaissance.
Aux lacunes détectées dans la performance de l’armée de terre s’ajoutent celles de l’armée de l’air: ses hélicoptères n’ont pu atteindre l’endroit fixé le moment opportun, ce qui pourrait refléter une absence de coordination entre ses équipements terrestres et aériens.
Cet échec opérationnel a poussé le chroniqueur du quotidien israélien Yediot Ahronoth à en conclure : « Israël se devrait d’examiner la situation à l’intérieur de sa maison avant de proférer des menaces contre l’Iran ».
Source: Divers