De nouvelles tensions ont éclaté, dans la nuit de mercredi à jeudi 29 juin, après la mort du jeune Nahel M., 17 ans, tué mardi par la police, à Nanterre, lors d’un refus d’obtempérer.
La mort de Nahel a provoqué l’effroi à Nanterre où il était membre du club de rugby à XIII des Pirates. C’est dans cette ville des Hauts-de-Seine que l’adolescent de 17 ans, fils unique, vivait avec sa mère. Il livrait des pizzas pour se faire de l’argent de poche. Sur Twitter, le collectif Ovale Citoyen lui a rendu hommage. « Il avait entamé un parcours d’insertion chez nous. Il allait construire un nouvel avenir. »
L’affaire a relancé la controverse sur l’action des forces de l’ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers.
Elle a ému jusqu’au capitaine des Bleus, Kylian Mbappé.
« J’ai mal à ma France. Une situation inacceptable », a écrit le footballeur sur Twitter.
J’ai mal à ma France. 💙🤍💔💔💔
Une situation inacceptable.
Tout mes pensées vont pour la famille et les proches de Naël, ce petit ange parti beaucoup trop tôt.— Kylian Mbappé (@KMbappe) June 28, 2023
La Défenseure des droits, Claire Hédon, a annoncé s’être saisie d’office de cette affaire et la Ligue des droits de l’homme (LDH) a demandé « un cadre juridique qui soit à la fois clair pour la police et protecteur pour toutes et tous ».
Les faits se sont produits mardi matin près de la station de RER Nanterre-Préfecture. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, authentifiée par l’AFP, a montré qu’un des deux policiers tenait le conducteur en joue, puis qu’il a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré. On entend : « Tu vas te prendre une balle dans la tête », sans que l’on puisse attribuer cette phrase à quelqu’un en particulier.
Nahel est décédé peu de temps après avoir été atteint au thorax. Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans le cadre de l’enquête pour homicide volontaire ouverte par le parquet de Nanterre.
Que s’est-il réellement passé mardi aux alentours de 8h30 à Nanterre au moment où un policier a tiré sur un jeune homme de 17 ans, Nahel, après un refus d’obtempérer. On a disséqué l’avant, le pendant et l’après d’une intervention policière loin d’être conforme aux règles. pic.twitter.com/pfknsfLhwY
— Loopsider (@Loopsidernews) June 28, 2023
«Les images choquantes (…) montrent une intervention qui n’est manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre», a estimé la Première ministre Elisabeth Borne, tandis que le président Macron a dénoncé un acte «inexplicable» et «inexcusable».
Les principaux syndicats de police ont fustigé les déclarations de l’exécutif, en mettant l’accent sur la «présomption d’innocence».
«Assez ! Ces meurtres engagent l’autorité de l’Etat ! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis», a tweeté le leader de La France insoumise (gauche) Jean-Luc Mélenchon.
Les représentants du Rassemblement national (extrême droite) Jordan Bardella et Sébastien Chenu ont évoqué une «tragédie» et demandé à respecter «le temps de l’enquête», ainsi que «la présomption d’innocence».
Le message de la mère de Nahel
La mère de Nahel a appelé dans une vidéo postée sur TikTok à une marche blanche ce jeudi à 14 h devant la préfecture des Hauts-de-Seine, tout près des lieux du tir mortel, en exprimant sa « révolte pour (son) fils ».
Les habitants très en colère
Alors que les autorités multiplient toujours les appels au calme, dans les rues de Nanterre, les habitants expriment « tristesse, colère et incompréhension », dénonçant un « délit de faciès ».
Dans l’Essonne, un groupe de personnes a mis le feu à un bus après avoir fait descendre les passagers à Viry-Châtillon.
Des heurts ont aussi éclaté peu après 20h00 dans le quartier du Mirail à Toulouse, où plusieurs véhicules ont été incendiés et des policiers et pompiers ont reçu des jets de projectiles, selon une source policière.D’épaisses fumées noires se dégageaient du secteur, a pu constater un journaliste de l’AFP sur place, en raison notamment d’un fourgon en feu. Un hélicoptère de la gendarmerie survolait également les lieux.
Des rassemblements ont été organisés dans plusieurs villes françaises, parfois émaillés ainsi d’incidents, notamment dans la capitale, avec au moins onze interpellations réalisées en région parisienne.
Plus de 2 000 policiers et gendarmes étaient déployés la nuit dernière à Paris et dans sa petite couronne, 800 de plus que la nuit passée.
La situation semblait également tendue dans les Hauts-de-Seine, où au moins 18 interpellations ont été réalisées.
Notamment à Nanterre, où les lignes de bus 159, 304 et 559 ne circulaient plus en fin de journée alors que la cité Pablo Picasso portait encore les stigmates des heurts de la nuit précédente, avec des carcasses de voitures brûlées et du mobilier urbain détérioré dans les rues.
Source: Médias français