Les livraisons d’armes occidentales à Kiev ne sont pas si désintéressées et servent aussi à analyser leur efficacité, rapporte le Financial Times. Certaines puissances se servent en effet de l’Ukraine comme d’un laboratoire pour leur matériel, recueillant de précieuses informations.
Une réalité difficile à nier, même du côté de Kiev. Le conflit permet aux différents pays de l’Otan de voir comment leurs armes fonctionnent lorsqu’elles sont utilisées ensemble, a ainsi déclaré le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Reznikov, au quotidien britannique.
« Ils peuvent réellement voir si leurs armes fonctionnent, à quel point elles fonctionnent efficacement et si elles doivent être améliorées. Pour l’industrie militaire du monde, vous ne pouvez pas inventer un meilleur terrain d’essai », a-t-il ainsi expliqué.
Les hautes technologies utilisées par la Russie contre l’armement occidental, en particulier le brouillage, permettent aussi de faire des mises à jour sur des drones ou des munitions guidées par GPS, a ajouté le ministre.
Artillerie défaillante
Ces retours d’expérience ont d’ores et déjà mis en lumière certaines faiblesses des armes occidentales. L’artillerie a notamment été scrutée de près par les fournisseurs « pour éliminer les lacunes », a confié au Financial Times Petro Pyatakov, colonel à la retraite et consultant pour l’industrie de l’armement.
« Il est devenu évident au cours des opérations que ces systèmes n’étaient pas destinés à une guerre aussi intense », a-t-il affirmé.
Le revers de la médaille est que l’Occident a aussi dévoilé une partie de ses cartes et fournissant des équipements modernes à Kiev. Les combats ont donc donné des indications à Moscou et Pékin, comme l’explique au quotidien Jack Watling, du groupe de réflexion Royal United Services Institute.
« L’Occident a exposé une grande partie de ses propres capacités à la Russie et à la Chine, et devra donc changer la façon dont certains de ses équipements fonctionnent afin de conserver un avantage concurrentiel », clarifie-t-il.
Mi-janvier, Karen Kwiatkowski, lieutenant-colonel à la retraite de l’US Air Force, avait déjà expliqué que Washington envoyait du matériel « perdu » en Ukraine pour le tester. Le gradé expliquait que le Pentagone n’était pas pressé de se faire auditer sur ces livraisons, le conflit constituant avant tout un terrain d’expérimentation pour ses équipements.
Source: Sputnik