Plusieurs pays arabes et islamiques ont exprimé leur condamnation à la deuxième profanation du Noble Coran en Suède qui a eu lieu jeudi 20 juin. Des manifestations et des sit-in ont été organisées pour cette fin.
Suspension de la licence du géant suédois de télécoms Ericsson
L’Irak, le premier pays qui a réagi à cet acte, a ordonné, le jeudi 20 juillet, l’expulsion de l’ambassadrice suédoise à Bagdad et rappelé son propre représentant. Quelques heures auparavant, au moment même que se déroulait le mini-rassemblement dans la capitale suédoise où le livre sacré de l’islam a été piétiné, l’ambassade suédoise à Bagdad a été attaquée et incendiée par des manifestants, avant d’être dispersés par la police avec des canons à eau.
Les autorités irakiennes ont aussi annoncé la suspension de la licence du géant suédois de l’équipement télécoms Ericsson dans le pays.
Jeudi soir, des centaines de manifestants ont dénoncé à Bagdad la profanation du Coran.
« Oui, oui, au Coran », ont-ils scandé, brandissant notamment le livre sacré de l’islam ainsi que des drapeaux irakiens.
Certains ont brûlé des drapeaux suédois, selon un photographe de l’AFP.
« C’est une agression contre deux milliards de musulmans », s’est emporté Amjad al-Maliki, un fonctionnaire de 46 ans.
Le ministère suédois des Affaires étrangères, qui a assuré que le personnel diplomatique était « en sécurité », a dénoncé une attaque « inacceptable ». Il a ensuite convoqué le chargé d’affaires irakien à Stockholm.
La France et les Etats-Unis ont « condamné » l’attaque de l’ambassade, Washington jugeant « inacceptable que les forces de sécurité irakiennes n’aient pas agi pour empêcher les manifestants » d’y pénétrer.
Des manifestations ont eu lieu de nouveau ce vendredi.
« Acte provocateur »
La Turquie, qui a longtemps bloqué l’adhésion de la Suède à l’OTAN, a condamné la profanation « ignoble » et exhorté Stockholm à « prendre des mesures dissuasives » pour éviter tout nouvel acte similaire.
Dénonçant de son côté la profanation du Coran, l’Organisation de coopération islamique (OCI) a elle parlé d’un « nouvel acte provocateur ».
Son secrétaire général, Hussein Brahim Taha, a exhorté Stockholm à « cesser de délivrer des autorisations (de rassemblements, NDLR) à des groupes et individus extrémistes », selon un communiqué.
Sit-in au Liban devant les mosquées
Au Liban, après l’appel lancé par le chef du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, des manifestations et des sit-in ont été organisées apres la prière du vendredi dans plusieurs quartiers de la banlieue sud de Beyrouth et plusieurs régions libanaises au sud et dans la Békaa.
« Demain, devant les mosquées, vous êtes tous invités à soutenir votre Coran, et pendant le soir vous êtes tous invités à venir aux rassemblements d’Achoura pour lire de façon collective le Noble Coran », a affirmé Sayed Nasrallah.
Jeudi soir, pendant son deuxième discours pour la commémoration d’Achoura, il avait réclamé l’expulsion de l’ambassadrice suédoise au Liban.
Ce vendredi, un dispositif de sécurité de l’armée libanaise s’est déployée à l’entrée de l’ambassade de la Suède à Beyrouth et autour de la maison de l’ambassadrice.
Pour sa part, le ministère libanais des Affaires étrangères a condamné la nouvelle autorisation accordée par Stockholm à la profanation du Coran lui demandant de « mettre fin à tout ce qui attise l’islamophobie et à toutes les formes de racisme, d’incitation à la violence et de profanation des religions ».
Iran: l’ambassadeur suédois convoqué
Des manifestations ont eu lieu après la prière de vendredi en Iran, au Yémen, en Irak et d’autres pays musulmans.
Jeudi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, a convoqué l’ambassadeur suédois en poste à Téhéran pour lui notifier la vive protestation de Téhéran contre la deuxième profanation du Noble Coran.
« Nous condamnons fermement la répétition de la profanation du Noble Coran et des valeurs sacrées des musulmans en Suède et nous tenons le gouvernement suédois entièrement responsable des conséquences qui découlent de la provocation des sentiments des musulmans du monde », a réaffirmé le porte-parole de la diplomatie iranienne à l’adresse du diplomate suédois.
« Comment se fait-il que la Suède, qui se pose en porte-étendard du respect des droits humains et civils, puisse tolérer un tel acte blasphématoire contre les droits des musulmans du monde entier, dont environ un million résident en Suède », s’est-il interrogé.
En allusion à la récente résolution approuvée par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève contre la profanation du Noble Coran, Kanaani a déclaré que la décision du gouvernement suédois d’autoriser à nouveau la profanation du Noble Coran montre qu’il est indifférent aux résolutions des organes internationaux des droits de l’homme.
S’en prenant au gouvernement suédois pour ses tentatives visant à justifier de tels sacrilèges sous prétexte de la « liberté d’expression », Kanaani a précisé que la liberté d’expression ne devrait pas comporter « de violation à la dignité et au caractère sacré religieux » d’autrui.
Ryad convoque le diplomate suédois
Pour leur part, le Conseil de coopération du Golfe, l’Arabie saoudite et le Qatar ont dénoncé l’autorisation répétée de cette agression en Suède.
« Une note de protestation réclamant notamment aux autorités suédoises de prendre toutes les mesures immédiates et nécessaires pour mettre fin à ces actes honteux », sera remise au chargé d’Affaires suédois, a indiqué le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué jeudi soir.
Il convient de noter que l’organisateur du rassemblement à Stockholm, Salwan Momika, un Irakien chrétien de 37 ans réfugié en Suède et entretenant des liens avec le Mossad, a profané pour la deuxième fois un exemplaire du Coran.
Le ministère palestinien des AE condamne la profanation du Coran en Suède : « un comportement qui illustre la haine et le racisme à l’encontre de l’islam et le Noble Coran».
Mauritanie : contraire aux valeurs du dialogue
Le gouvernement mauritanien a lui aussi condamné l’autorisation accordée par les autorités suédoises à « cet acte odieux qui constitue une provocation pour les sentiments des musulmans et est contraire aux valeurs du dialogue et des principes fondamentaux des droits de l’homme ».
Nouakchott a demandé à « « la communauté internationale de se dresser fermement contre les courants extrémistes ravageurs qui détruisent la coexistence pacifique entre les peuples et les cultures »
ONU : « une expression de mépris et de haine religieuse ».
Le Haut-représentant de l’Alliance des civilisations des Nations unies Miguel Moratinos, a réitéré sa condamnation à l’autorisation de la profanation du Coran estimant que « la violation des Écritures religieuses n’est pas la liberté d’expression, mais une expression de mépris et de haine religieuse ».
« La profanation de livres et de lieux saints religieux est un acte de manque de respect et de provocation. De tels actes conduisent souvent à la sédition et à l’incitation à la violence », a-t-il averti.
Il a souligné que « la violence n’est absolument pas une réponse appropriée à la provocation », ajoutant que « la liberté de réunion est un droit humain fondamental ».
Moratinos a évoqué le plan d’action des Nations Unies pour la protection des lieux religieux dirigé par l’Alliance des civilisations des Nations Unies, qui appelle à la promotion du pluralisme religieux, du respect mutuel et de la dignité humaine.
Pourquoi l’agresseur n’a-t-il pas brulé l’exemplaire du Coran?
Devant une assistance tenue à distance par des barrières et d’où montaient des cris et autres « Allah akbar! » (« Dieu est le plus grand »!), il a piétiné à plusieurs reprises et mis en pièces un exemplaire du livre saint des musulmans.
Des témoins présents ont affirmé au quotidien suédois Expressen que l’agresseur n’a pas pu brûlé l’exemplaire du Coran car a été mouillé par la pluie, après qu’il l’a piétiné.
La police suédoise avait autorisé le rassemblement au nom de « la liberté de réunion ».
Fin juin, Salwan Momika avait déjà brûlé quelques pages d’un exemplaire du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm, au premier jour de la fête de l’Adha, une fête célébrée par les musulmans à travers le monde.
Ce premier incident avait poussé une foule d’Irakiens à prendre d’assaut l’ambassade de Suède à Bagdad.
Le geste de M. Momika à Stockholm avait alors provoqué une volée de condamnations internationales.