Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Niamey en soutien aux militaires, qui ont annoncé la veille envisager une transition de trois ans maximum, tandis que la menace d’une intervention militaire ouest-africaine plane toujours sur le Niger.
Comme lors de chaque manifestation favorable aux militaires désormais au pouvoir, de nombreux slogans hostiles à la France et à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) étaient scandés ou affichés sur des pancartes, ont constaté des journalistes de l’AFP le 20 août au matin à Niamey.
« Non aux sanctions », « halte à l’intervention militaire », pouvait-on notamment lire, sur la place de la Concertation de la capitale.
Cette manifestation intervient au lendemain d’un discours télévisé du nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum lors d’un coup d’Etat le 26 juillet.
Dans cette allocution, il a esquissé un premier calendrier de transition.
Annonçant le lancement d’un dialogue national, il a précisé que la durée de la transition n’excéderait pas « trois ans ».
Plus tôt dans la journée, il avait rencontré une délégation de la Cédéao conduite par l’ancien président nigérian Abdulsalami Abubakar, venue négocier une sortie de crise.
Contrairement à une précédente médiation ouest-africaine, début août, cette fois les émissaires ont donc pu échanger avec le général Tiani mais aussi rencontrer Mohamed Bazoum, retenu prisonnier depuis le coup d’Etat.
Ce dernier est apparu sur des images de la télévision nigérienne souriant, lors de cette rencontre.
« Il y a de l’espoir, pas de doute »
« Il y a de l’espoir, pas de doute », a déclaré M. Abubakar, estimant que la visite de la délégation a permis de « trouver une clé pour poursuivre les pourparlers jusqu’au dénouement de cette difficile affaire ».
Mais la sortie de crise est encore loin d’être acquise car la Cédéao exige le rétablissement dans ses fonctions de Bazoum et sa libération immédiate.
Or, dans son discours du 19 août au soir, le général Tiani n’a pas mentionné une seule fois le président déchu.
L’organisation ouest-africaine, qui a pris de lourdes sanctions économiques contre le Niger depuis le 30 juillet, menace d’utiliser la force si elle n’obtient pas gain de cause.
Le jour de l’intervention de la Cédéao fixé ?
Le 18 août, après une réunion de ses chefs d’état-major, elle a même indiqué que le « jour de l’intervention a été fixé », tout comme les « objectifs stratégiques, l’équipement nécessaire et l’engagement des Etats membres ».
Aucun calendrier n’a toutefois été dévoilé. Une menace prise au sérieux par le général Tiani qui a prévenu le 19 août au soir que le Niger ne resterait pas les bras croisés en cas d’intervention.
« Si une agression devait être entreprise contre nous, elle ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains croient », a-t-il affirmé, assurant que la Cédéao souhaitait mettre « sur pied une armée d’occupation en collaboration avec une armée étrangère », sans citer de pays. Le 19 août, l’Algérie, qui partage une longue frontière avec le Niger, a appelé à la paix.
« Avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le Niger lutte depuis plusieurs années contre des groupes takfiristes sur divers pans de son territoire.
Les attaques sanglantes des groupes takfiriistes n’ont quant à elle pas faibli. Le 15 août, au moins 17 soldats ont été tués dans une attaque près du Burkina Faso, la plus meurtrière depuis le coup d’Etat.
Source: Avec RT