Interviewé par l’agence de presse iranienne Fars, le porte-parole du Mouvement du Sud (Najah) a évoqué la perspective d’un retrait du Koweït de la coalition pro-saoudienne au Yémen.
Selon cette source qui se réfère aux rapports du renseignement militaire, « le Koweït examinerait les modalités de l’arrêt de ses coopérations militaires avec la coalition pro-Riyad. Cela fait des semaines que l’armée koweïtienne n’a plus effectué aucune opération dans le Sud yéménite ».
D’après cette source, « les divergences » qui opposent le Koweït et l’Arabie saoudite sont motivées par des questions d’argent : « Riyad impose le paiement de très lourdes factures au Koweït, une somme de quelque 10 milliards de dollars, ce que le gouvernement koweïtien a très fermement rejeté. »
« Le refus du Koweït de participer aux dépenses militaires saoudiennes a provoqué la colère de Ben Salmane, ministre saoudien de la Défense, qui a contacté en personne les autorités de Koweït City sans succès », a expliqué le porte-parole.
D’après cette source, les responsables koweïtiens auraient très clairement annoncé à Ben Salmane leur « opposition ferme aux politiques guerrières poursuivies par Riyad » et auraient dit ne pas vouloir du tout payer « la facture » de l’équipée militaire de Riyad.
Mohammad al-Saad, membre du conseil de la province yéménite de Lahj, va aussi dans le même sens et relève « l’opposition du Koweït à la guerre contre le Yémen dès 2015 » : « Le Koweït a adopté une politique identique à celle d’Oman. C’est un pays fermement opposé à la guerre et à l’effusion du sang au sein des pays musulmans. Mais la crise économique due à la chute du prix du pétrole l’a poussé à suivre Riyad et à prendre part à sa coalition. »
Pour al-Saad, le « non » catégorique du Caire à l’Arabie saoudite a fini par briser le tabou : « Les États arabes considèrent l’Arabie saoudite comme leur leader et ils n’osent généralement pas lui dire non. Mais le président égyptien, al-Sissi, a brisé un tabou en disant au roi Salmane ses quatre vérités. Et cela a créé un précédent dangereux. C’est dans la foulée des divergences entre Riyad et Le Caire que l’Algérie puis la Tunisie ont demandé une normalisation avec la Syrie. L’Égypte a d’ailleurs elle-même envoyé ses conseillers militaires à Damas, ce qui constitue un coup dur infligé à Riyad et à son leadership. »
Selon ce politicien yéménite, le retrait des troupes koweïtiennes du Yémen a débuté officieusement : « Le Koweït ne veut pas se sacrifier au Yémen pour plaire à l’Arabie saoudite, d’autant plus que l’armée yéménite et Ansarallah dévoilent chaque jour un nouvel aspect de leurs capacités militaires à la surprise générale. Pour le Koweït, selon al-Saad, il est inconcevable de dépenser autant d’argent pour tuer les Arabes yéménites. »
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