La Corée du Nord a tiré lundi une salve de quatre missiles balistiques, dont trois ont fini leur course dans les eaux japonaises, une « provocation » intolérable pour Tokyo et un nouveau défi pour le président américain Donald Trump.
Ces tirs sont-ils une réponse aux exercices militaires annuels conjoints entamés par Séoul et Washington la semaine dernière, manoeuvres qui ne manquent jamais de provoquer la colère d’un régime nord-coréen doté de l’arme nucléaire ? Pyongyang avait en tout cas menacé ses ennemis de représailles « sans merci ».
Le Nord ambitionne de mettre au point un missile intercontinental balistique (ICBM) capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain, mais Donald Trump a promis que cela ne se produirait pas.
D’après Séoul, Pyongyang a tiré quatre missiles en mer Orientale (mer du Japon). La Corée du Sud comme son allié américain sont en train « d’analyser » ces tirs « de près ».
Les engins ont parcouru un millier de kilomètres, atteignant une altitude de 260 kilomètres, a indiqué un porte-parole de l’état-major interarmées sud-coréen. Il a jugé peu probable qu’il s’agisse d’ICBM.
Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a précisé que trois missiles étaient tombés dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, qui s’étend jusqu’à 200 milles nautiques (370 kilomètres) de ses côtes.
Si le Nord multiplie les tirs de missiles, c’est seulement la seconde fois que ses engins s’abîment dans la ZEE japonaise.
‘Nouveau degré’
« Les tirs répétés de la Corée du Nord sont un acte de provocation pour notre sécurité », a déclaré M. Abe, parlant de « nouveau degré de menace ». « Nous ne pouvons en aucun cas tolérer cela ».
A Washington, le département d’Etat a « condamné fermement » ces lancements, promettant d’utiliser « toute la gamme » possible de moyens « contre cette menace croissante ».
A Séoul, le président par intérim Hwang Kyo-Ahn a également jugé que les provocations nord-coréennes représentaient « une menace immédiate et réelle ».
« Considérant la brutalité et l’imprudence témoignées par les dirigeants de la Corée du Nord avec le meurtre de Kim Jong-Nam, les conséquences de la détention de l’arme nucléaire par le Nord seront épouvantables et inimaginables », a dit M. Hwang.
Séoul accuse Pyongyang d’avoir orchestré l’assassinat du demi-frère de Kim Jong-Un, empoisonné le 13 février à l’aéroport de Kuala Lumpur par un puissant agent neurotoxique.
Hwang a appelé au déploiement « rapide » du bouclier antimissile américain THAAD, projet annoncé l’année dernière par Séoul et Washington et qui suscite la colère de Pékin.
Le mois dernier, la Corée du Nord avait déjà lancé un missile balistique, premier tir du genre depuis octobre et qui était destiné d’après Séoul à tester les réactions de la nouvelle administration du président Trump.
D’après le Nord, cet engin était alimenté par du combustible solide, ce qui raccourcit le temps de ravitaillement comparé au combustible liquide et rend difficile la détection.
‘Gros, gros problème’
Les derniers engins tirés ne sont probablement pas nouveaux, a estimé Kim Dong-Yup, analyste à l’Université Kyungnam. « S’ils testaient des nouveaux missiles, ils n’en tireraient pas quatre d’un coup. Il est très vraisemblable qu’ils aient tiré un engin existant en représailles aux exercices américano-coréens ».
Donald Trump avait parlé de la Corée du Nord comme d’un « gros, gros problème », promettant de lui répondre « fortement ».
La Corée du Sud et les Etats-Unis ont lancé mercredi leurs manoeuvres militaires conjointes annuelles, perçues par Pyongyang comme la répétition générale d’une invasion de son territoire. Séoul comme Washington assurent qu’ils sont purement défensifs.
A peine l’exercice Foal Eagle était-il sur les rails que l’armée nord-coréenne avait menacé les forces ennemies de « contre-mesures nucléaires sans merci ».
L’année dernière, le Nord avait tiré sept missiles en signe de protestation contre ces exercices.
La Corée du Nord a essuyé plusieurs volées de sanctions en raison de ses programmes balistique et nucléaire; mais celles-ci n’ont pas entamé sa détermination à les développer.
En 2016, Pyongyang a mené deux essais nucléaires et tiré une vingtaine de missiles dans sa quête des technologies qui placeraient le territoire américain à sa portée.
Pékin renvoie dos à dos USA et Corée du Nord
En réaction, la Chine a fait part lundi de son opposition aux tirs de missiles, tout en renvoyant dos à dos Pyongyang, Washington et la Corée du Sud.
« La Chine est opposée aux tirs (de la Corée du Nord) qui violent les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », a déclaré lors d’un point de presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, après le tir de quatre missiles balistiques lundi par Pyongyang.
Geng a toutefois aussitôt souligné que les Etats-Unis et la Corée du Sud conduisaient depuis la semaine dernière « des manoeuvres militaires à grande échelle » visant la Corée du Nord.
« Dans ces conditions, les parties en présence doivent faire preuve de retenue et éviter tout ce qui relèverait d’une provocation ou serait de nature à accroître les tensions régionales », a ajouté le porte-parole de Pékin.
Geng a aussi rappelé l’opposition de la Chine au déploiement par les Etats-Unis d’un bouclier antimissile (THAAD) en Corée du Sud.
Avec AFP