Le Hezbollah est devenu le négociateur unique des capitales occidentales qui cherchent un compromis pour établir le retour au calme dans la zone frontalière entre le Liban et la Palestine occupée. Celle-ci est embrasée depuis le 8 octobre dernier, au lendemain de l’opération du Hamas Déluge d’al-Aqsa et du déclenchement de la guerre israélienne contre la Bande de Gaza.
Selon le quotidien libanais al-Akhbar, la vacance présidentielle en cours au Liban depuis fin octobre 2022 y est certes pour quelque chose. Ainsi que la politique du Premier ministre par intérim actuel Najib Mikati dont la position est similaire à celle du Hezbollah. Sans compter celle du chef du Parlement Nabih Berri qui va dans le même sens.
Plusieurs dossiers sont soulevés : en plus de celui de la démarcation des frontières terrestres, celui le plus important, de la superficie géographique que le Hezbollah devrait évacuer et sa démilitarisation, en application à la résolution 1701 que les médiateurs occidentaux s’efforcent de faire appliquer par les Libanais, alors qu’elle est beaucoup plus violée par les Israéliens, depuis son élaboration.
Autre sujet des discussions : la décision de se déconnecter la situation du sud du Liban de celle de la bande de Gaza. Dans ses discours prononcés depuis l’éclatement de la guerre contre la bande de Gaza, le numéro un du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah a établi une équation : les opérations anti israéliennes de son bras armé, la Résistance islamique, ne connaitront de répit avant un cessez-le-feu définitif à Gaza. Et d’assurer qu’il faudra attendre l’après-Gaza pour discuter des dispositions de la 1701.
Mises en gardes ordinaires
En visite au Liban, l’un après l’autre, les médiateurs occidentaux sont porteurs de messages israéliens qui menacent le Liban d’une guerre plus destructrice et plus meurtrière, si les combattants du Hezbollah n’évacuent pas les zones frontalières.
Le dernier de ces visiteurs a été le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné qui est venu au Liban le mardi 6 février. Il a averti Beyrouth qu’Israël pourrait déclencher une guerre contre le Liban, a rapporté le ministre libanais des Affaires étrangères, selon.
Séjourné était la veille en « Israël », où son homologue israélien Israël Katz lui avait déclaré que « le temps presse pour trouver une solution diplomatique » dans le sud du Liban. « Israël agira militairement pour ramener les citoyens évacués de leurs maisons » dans le nord si aucune autre issue n’est possible, lui a-t-il ajouté.
Les médias israéliens se font l’écho des déclarations des colons qui habitent dans les régions frontalières avec le Liban. Ils refusent catégoriquement d’y revenir tant que le Hezbollah n’aura pas disparu des zones frontalières du sud du Liban.
Les propos du ministre français des AE ne sont pas sortis des mises en gardes ordinaires, « qu’Israël veut une solution diplomatique mais est disposé au choix militaire », rapporte al-Akhbar, citant des sources bien informées. Le journal indique que « cette visite ne porte aucune valeur, car le dossier de la guerre dans la région est sous la supervision d’un comité français qui comprend : les ministères de la Défense, des Affaires étrangères et du Renseignement, et il devrait venir ultérieurement au Liban pour assurer le suivi des discussions ». Et en conjonction avec les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza.
Une entente comme celle de 1996
Il faudra aussi attendre les résultats de la visite de l’émissaire américain Amos Hochstein à Tel Aviv, dimanche dernier, au cours de laquelle il a discuté avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant une proposition de conclure une entente similaire à celle de 1996, après la guerre « Raisins de la colère ». Cette entente avait été la première conclue indirectement avec Israël, sous la supervision directe de sayed Nasrallah et la médiation du président syrien défunt Hafez al-Assad. Elle avait permis d’établir à l’écrit l’équation des civils sud-libanais contre les colons israéliens.
Les circonstances ont certes changé depuis pour le Hezbollah. « Son armement dispose désormais d’une dimension régionale ainsi qu’internationale » constate al-Akhbar.
Entre 8 novembre 2023 et 4 février 2024, la Résistance islamique a réalisé 961 opérations militaires, avec en moyenne 8 par jour. Elle a frappé 22 colonies, 45 positions militaires frontalières, 19 positions éloignées de la frontière, et 53 points frontaliers.
Il en a découlé le déplacement des colons qui résident dans la bande frontalière, quelque 81.000 selon les chiffres officiels israéliens, mais 230.000 selon le Hezbollah, citant des sources médiatiques israéliennes. L’armée d’occupation israélienne évoque que 15 soldats ont été tués mais le Hezbollah conteste ce chiffre et soupçonne les autorités israéliennes de ne pas dévoiler leur chiffre exact. Comme pendant l’occupation israélienne du Liban entre 1982 et 2000!
Les villages libanais frontaliers sont la cible quotidienne de raids et de bombardements israéliens. Plus de 80.000 libanais selon l’OIM (Organisation internationale des migrants) ont quitté leur maison pour être hébergés dans des zones internes.
En quatre mois, 227 Libanais sont tombés en martyrs, pour la majeure partie des éléments de la Résistance islamique, baptisés « combattants sur la voie d’al-Qods » pour marquer le lien avec la guerre en cours dans la bande de Gaza. Dont 27 sont des civils et des journalistes.
Ce mercredi 7 février, un civil est tombé en martyr et deux autres ont été blessés dans un raid de drone israélien sur une maison à Khiam, selon l’agence nationale ANI. De même, plusieurs villages frontaliers ont été la cible de bombardements et une frappe a visé une station de pompage d’eau dans la plaine de Wazzani, d’après l’agence officielle.
La Résistance islamique a annoncé le martyre de deux de ses combattants. Et le mouvement Amal a inhumé dans une cérémonie trois autres combattants qui avaient sont tombés en martyrs lundi dans un bombardement israélien.
« Nous disons aux ennemis sionistes que si vous envisagez d’attaquer le Liban , vous trouverez que nous allons tous vous affronter, nous dans le mouvement Amal, ainsi que le Hezbollah et tous les membres de la résistance », a déclaré lors de cette cérémonie le député au parlement du mouvement Amal Ali Khreis.
Source: Divers