Cinq ressortissants chinois travaillant à la construction d’un barrage et leur chauffeur pakistanais ont été tués mardi dans un attentat-suicide visant leur véhicule, dans le nord-ouest du Pakistan, a annoncé la police.
La sécurité des employés chinois travaillant sur les différents projets d’infrastructure au Pakistan est depuis longtemps une préoccupation pour Pékin, qui a investi des milliards de dollars ces dernières années dans ce pays.
« Cinq Chinois et leur chauffeur local ont été tués dans l’attaque », survenue dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, a indiqué à l’AFP Muhammad Ali Gandapur, un haut responsable de la police locale.
Le groupe avait quitté le barrage hydroélectrique de Dasu, dont la construction a été confiée à une entreprise chinoise, et a été visé sur une route montagneuse surplombant un profond ravin près de la ville de Besham, selon la même source.
En juillet 2021, neuf Chinois avaient été tués dans un attentat contre un autocar qui transportait des ingénieurs, géomètres et personnels de maintenance mécanique travaillant à la construction de ce même barrage.
Le gouvernement pakistanais avait accusé le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, d’être derrière cette attaque. Mais Islamabad avait tardé à reconnaître qu’il s’agissait d’un attentat, ce qui avait provoqué des tensions avec Pékin, pourtant un allié proche.
Le Pakistan est confronté depuis plusieurs mois, en particulier depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en août 2021, à une détérioration de la sécurité, notamment dans cette région frontalière de l’Afghanistan.
La plupart des attaques dans cette région sont attribuées au TTP, ou à des groupes lui étant affiliés.
En avril 2021, le TTP avait revendiqué un attentat-suicide contre un hôtel de luxe de Quetta (ouest), capitale de la province du Baloutchistan, dans lequel séjournait l’ambassadeur de Chine, qui n’avait pas été blessé.
Les intérêts chinois ont ainsi souvent été ciblés au Baloutchistan (sud-ouest). Cette province est riche en hydrocarbures et en minerais, mais sa population se plaint d’être marginalisée et spoliée de ses ressources naturelles.
La semaine dernière, l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA), un mouvement séparatiste baloutche, a mené une attaque contre des locaux du port stratégique de Gwadar, clé de voûte d’un vaste projet chinois, dans la même province.
Deux soldats et huit rebelles avaient été tués, selon le service de communication de l’armée (ISPR).
Au Pakistan, les groupes séparatistes en particulier nourrissent un fort ressentiment contre les projets financés par la Chine, jugés comme n’apportant aucun bénéfice à la population locale, la plupart des emplois revenant à de la main d’oeuvre chinoise.
La BLA a déjà revendiqué plusieurs attaques contre des cibles chinoises, en invoquant la mainmise sur les ressources locales par Islamabad et Pékin.
En avril 2022, trois Chinois, membres du personnel de l’institut Confucius, et leur chauffeur pakistanais avaient été tués dans une attaque suicide menée par une femme kamikaze appartenant à la BLA, à Karachi (sud).
En mai 2019, ce mouvement avait tué au moins huit personnes en attaquant l’hôtel de luxe surplombant le port en eaux profondes de Gwadar.
Ce port est un projet phare du Corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), pour lequel Pékin devait dépenser plus de 50 milliards de dollars (42 milliards d’euros).
Ce projet visant à relier l’ouest de la Chine à l’océan Indien via le Pakistan est lui-même est un axe de la vaste initiative chinoise « Belt and Road ». Celle-ci a pour objectif d’améliorer les liaisons commerciales entre l’Asie, l’Europe, l’Afrique et même au-delà par la construction de ports, de voies ferrées, d’aéroports et de parcs industriels.
Six mois auparavant, la BLA avait mené un assaut contre le consulat de Chine de Karachi, la plus grande ville du Pakistan et sa capitale économique et financière, tuant au moins quatre personnes.
Et en juin 2020, elle s’en était prise à la Bourse de Karachi, en partie propriété d’entreprises chinoises (au moins quatre morts).
Source: AFP