Le journaliste indépendant et docteur en information libanais Sami Kleib estime que l’attaque iranienne contre « Israël », dans la nuit de samedi à dimanche, « n’a rien d’une mise en scène, comme le disent ceux qui sont hostiles à l’Iran ».
Dans son intervention diffusée sur Tik Tok pour commenter la riposte iranienne à l’attaque meurtrière israélienne du 1er avril contre le consulat iranien en Syrie, M. Kleib répondait à la campagne médiatique lancée par les protagonistes anti iraniens au Moyen-Orient qui mettaient en doute son authenticité.
Tout en estimant « qu’il ne s’agit pas non plus d’un séisme comme l’avancent les pro Iran », il l’analyse comme étant « le passage de la phase de la patience stratégique iranienne à celle de la riposte par le message militaire stratégique mais également limité ».
Décrivant les faits, il indique : « Les informations évoquent 330 drones qui ont été lancés depuis une distance de plus 1.700 km. C’est un précédent dans l’histoire du conflit irano-israélien. Sans l’intervention de quatre pays de l’Otan au moins, pour repousser les drones et les missiles, la majeure partie aurait pu parvenir à leurs cibles. Ce qui met effectivement en jeu la question de la dissuasion israélienne et des dômes antimissiles ».
Il semble aussi persuadé que « certains missiles sont arrivés à destination à la base militaire israélienne à partir de laquelle a été lancée le raid sur le consulat iranien à Damas »
Par conséquent, cet évènement « n’a rien d’une mise en scène », en conclut cet ex-animateur star dans les chaines de télévision al-Jazeera puis al-Mayadeen.
Rapportant les déclarations des responsables iraniens qui ont affirmé que cette offensive est « limitée et défensive, conformément à l’article 51 des Nations Unies », il relaie aussi qu’ils ont assuré qu’elle est « terminée » et rappelle leurs mises en garde que « la riposte sera plus dure si Israël essaie de viser de nouveau leurs territoires. »
Sami Kleib en conclut en qualifiant la riposte iranienne de « message militaire stratégique ». « L’Iran a voulu répondre à tous ceux qui l’ont accusé qu’il mène la bataille via ses alliés, ses proxys. Il a tracé une ligne rouge qui souligne que ce à quoi il patientait précédemment est fini car c’est la première fois que le monde regarde cette offensive iranienne directe qui a coûté à Israël seulement plus d’un milliard et demi de dollars pour la repousser », explique-t-il.
« Mais ce fut une offensive limitée dans ses résultats militaires. L’Iran ne voulait pas causer de grandes destructions de sorte que les choses puissent glisser vers une guerre plus élargie », d’après Kleib.
L’histoire des « 72 heures avant »
Commentant la riposte iranienne, des observateurs arabes ont persisté pour y voir une « mise en scène », se justifiant par le fait que les Iraniens avaient prévenu au préalable qu’ils allaient répondre.
Directement après l’attaque contre le consulat qui a tué 7 membres du Corps des gardiens de la révolution islamique en Iran, dont deux généraux, les responsables iraniens n’ont cessé de menacer qu’ils allaient la venger. La dernière mise en garde a été prononcée par le guide suprême le jour de l’Aïd al-Fitr.
Un exemple de ces observateurs, un journaliste prénommé Samer Khalyaoui. Il avance que “l’Iran avait informé à l’avance des pays comme la Suisse qu’il allait lancer une attaque contre Israël, tout en précisant la nature des armes qu’il allait utiliser, sa quantité, la date de l’attaque et les zones visées ». Ce qui selon lui est « étrange et montre que c’est une mascarade ». D’autres observateurs et médias avancent que ces mises en garde ont été émises 72 heures avant la riposte iranienne.
Ces propos ne sont corroborés par aucune déclaration de la part des responsables suisses. Ni par les pays que l’Iran aurait pu informer. Les Etats-Unis non plus ont nié avoir été informés à l’avance.
Dans un entretien rapporté le lundi 15 avril par l’agence Reuters, publie par Sky News, un responsable haut-placé dans la Maison Blanche a répondu à la question de l’agence Reuters si les Américains ont été informés 72 heures avant l’heure zéro : « Ce n’est pas vrai du tout. Ils n’ont transmis aucun avertissement. Ils n’ont donné aucun indice quelles seraient leurs cibles afin de les évacuer ».
Il a aussi assuré que « Téhéran n’a envoyé de message à Washington qu’après avoir lancé l’attaque ». « Son but était de détruire », a-t-il ajouté arguant que « l’Iran prétend avoir donné un avertissement pour couvrir son embarras en raison de l’échec de son offensive ». Et de préciser que ces contacts ont été faits via la Suisse.
Messages iraniens: avant ou après.
Il est certes vrai que dans sa déclaration le 14 avril, quelques heures après la fin de la riposte iranienne, le ministre iranien Hussein-Amir Abdollahian avait déclaré « avoir informé les voisins de l’Iran 72 heures avant ». Et non les USA.
Concernant Washington, il révèle lui avoir fait part que « la frappe restera limitée et dans le cadre de la légitime défense ». Et la télévision iranienne avait, pour sa part, précisé que « l’Iran a averti les Etats-Unis qu’il frapperait leurs bases dans la région s’ils soutenaient une riposte israélienne contre son territoire ». C’est ce message qui été transmis via la Suisse qui représente à Téhéran les intérêts des Etats-Unis dont l’ambassade est fermée depuis 1980, après l’affaire des otages. Il l’a été également après la riposte. A en croire l’aveu du responsable américain pré-cité.
Le porte-parole du ministère des AE Nasser Kanaani est revenu sur cette question lundi assurant qu’« il n’y eu aucune entente au préalable concernant la riposte de l’Iran ».
Mais des médias arabophones antis iraniens, ont insisté pour en conclure arbitrairement qu’il dément ce que son ministre avait déclaré. À l’instar de Sky News, une télévision d’information basée à Londres et dont l’édition arabophone appartient à 50% Abu Dhabi Investment Corporation et diffuse depuis les Emirats arabes unis.
A noter que le journaliste qui a accusé « une mise en scène iranienne » l’a énoncé pour al-Ghad, site de la télévision arabophone jordanienne, émettant depuis l’Egypte et le Royaume-Uni. Parrainée par l’ex-responsable de la Sécurité de l’Autorité palestinienne Mohamad Dahlane, révoqué pour trahison par Mahmoud Abbas, elle est aussi financée par les EAU.
Ce journaliste a véhiculé un amalgame sur les déclarations iraniennes, sans précision chronologique indispensable pour comprendre ce qu’il s’est passé. Par manque de professionalisme peut-être. Ou serait-ce une manière pernicieuse de manipulation: une spécialité des médias affiliés aux protagonistes qui ont normalisé avec l’entité sioniste. Mais aussi à de nombreux médias occidentaux qui privilégient les sources anonymes!
Source: Médias