Le média militaire de la Résistance islamique au Liban – Hezbollah a diffusé une vidéo de plus de neuf minutes extrêmement importantes filmant des sites stratégiques sensibles appartenant à l’occupation israélienne dans les territoires palestiniens occupés, sous le titre « Voici les nouvelles avec lesquelles la huppe (hodhod en arabe) est revenue ».
Le nom de la huppe fasciée ou hodhod fait allusion à l’histoire coranique du prophète Suleiman (P) : elle traduit la longue distance que cet oiseau a parcouru et son retour sain et sauf avec des informations précieuses.
Est-ce par hasard que le Hezbollah a baptisé al-Hodhod ce drone de reconnaissance qui a pris ces images aériennes exceptionnelles de Haïfa ? Y-aurait-il un message doctrinal adressé aux Israéliens ?
La version coranique du roi Suleyman
L’histoire du prophète Suleiman (P) -nommé prophète d’Allah- avec la huppe est l’une des histoires les plus célèbres du Saint Coran. Elle est mentionnée dans la sourate Les Fourmis (An-Naml) et raconte comment les habitants du royaume de Saba (au Yémen ) se sont convertis à l’Islam. L’histoire basée sur les hadiths prophétiques rapporte qu’elle s’appelait Balqis.
L’histoire mentionne que le prophète Suleiman (P) à qui Dieu a appris le langage des oiseaux, s’est rendu pour inspecter ses oiseaux et n’a pas trouvé sa huppe fasciée. Ayant demandé de ses nouvelles sans obtenir de réponse, il a menacé de la punir car elle s’est absentée sans sa permission. A moins qu’elle ne présente une raison importante.
Le Saint Coran rapporte que la huppe facsiée s’est présentée à lui après quelques temps en lui disant pour expliquer les raisons de son absence: « J’ai compris ce que tu ne comprenais pas, et je suis venu vers toi de Saba avec certaines nouvelles ». A savoir qu’elle a découvert des gens à Saba qui se prosternaient devant le soleil au lieu de Dieu, et qu’ils étaient gouvernés par une reine. Le prophète de Dieu Suleiman (P) en fut attristé. Alors, il a décidé d’écrire une lettre à la reine de Saba, l’invitant ainsi que son peuple, à adorer Dieu le Seul et Unique, et ordonna à la huppe de la lui livrer et d’attendre la réponse.
Le Livre saint rapporte que la huppe fasciée a transmis le message à la reine de Saba qui en a informé le contenu à ses conseillers qui ont dit : « Que devons-nous faire ? » L’un d’entre eux a déclaré : « Nous disposons d’une force nombreuse et puissante et nous ferons ce que vous commandez ».
Mais elle lui a exprimé ses craintes en rappelant que « Les rois, lorsqu’ils entrent dans une cité, ils la corrompent et humilient ses habitants ». Elle décida d’aller voir le prophête Suleiman et lui parler.
Entre temps, la huppe fasciée est retournée chez le prophète de Dieu, Suleiman (P) et lui a décrit le trône de la reine de Saba. Le prophète a eu l’idée d’un miracle pour qu’elle adhère à la religion divine monothéiste, celle de lui apporter son trône avant qu’elle n’arrive. La huppe acquiesca en lui assurant qu’elle peut le faire « avant que son cil ne batte ». En effet, lorsque la reine de Saba aperçut son trône, elle n’en crut pas ses yeux en disant « On dirait que c’est le même ». Elle se convertit finalement à la religion divine. Force est de constater qu’à aucun moment, le Saint Coran n’évoque que le prophète Suleiman a construit un temple. L’histoire de la huppe fasciée n’est pas évoquée dans les livres juifs religieux.
La version juive, le roi Salomon dans la Bible .
Salomon (en hébreu : (shĕlōmōh)) est un roi de l’ancien royaume « d’Israël, » réputé pour sa richesse et sa sagesse, selon la Bible.
Il succède à son père, le roi David, fondateur de la lignée des rois de Juda. Sa mère est Bethsabée. Conventionnellement, son règne s’étend de 970 à 931 av. J.-C.2. Sa naissance est mentionnée dans le Deuxième Livre de Samuel, au chapitre 12, où on découvre qu’il a été confié au soin du prophète Nathan qui nomma Salomon Jedidjah ((Yedidyah), qui veut dire « aimé de Yahvé » à cause de l’Éternel. Son règne est décrit dans le Premier Livre des Rois. Salomon bâtit la première Maison de Dieu, le Temple de Jérusalem (ou de Salomon), sur la fondation posée par le roi David. Entamée lors de la 4e année du règne de Salomon, la construction du Temple durera sept ans.
Plusieurs livres intégrés au canon biblique lui sont attribués (Proverbes, Cantique des cantiques, Ecclésiaste). D’autres ouvrages apocryphes lui sont attribués. Il est également l’objet de nombreuses légendes, dont certaines le dépeignent comme un magicien.
Le Premier Livre des Chroniques interprète le nom Salomon (en hébreu Shelomo) comme signifiant que le roi apportera la paix (shalom en hébreu) et la tranquillité à « Israël ». Le nom signifierait « Sa Paix », référence au Dieu de Shalom, ou « complétude », état qui n’est atteint que dans la paix. L’exégèse moderne propose d’y voir la signification de « remplacement » pour un membre défunt de la fratrie (de la forme verbale shillem, « compenser »).
Considéré comme le plus sage parmi les hommes, Salomon se rend populaire au début de son règne par ses jugements pleins de sagesse. Il avait d’ailleurs demandé à Dieu de le doter d’un cœur qui sache écouter (Chroniques 1:7-12).
À son avènement, Salomon doit faire face à de nombreuses rivalités et révoltes au sein de son royaume. Il élimine les partisans de son demi-frère Adonias. Le prêtre Abyatar (Abiathar) est exilé et Joab est exécuté.
Le roi bâtisseur fait ériger dans sa capitale des édifices colossaux (le Temple, le palais royal et les fortifications de Jérusalem). Il bâtit le premier Temple de Jérusalem. C’est dans sa quatrième année de règne que Salomon se mit à bâtir le temple, qui fut achevé en sept ans et demi. C’est le temple et non plus le tabernacle, qui fut alors le centre du culte public
À la fin du règne, la levée de lourds impôts et l’institution de la corvée provoquent des révoltes qui aboutissent à la partition du royaume « d’Israël », après la mort de Salomon (-931).
L’existence d’un « empire salomonien » dans les chapitres 3 à 11 du premier livre des Rois est souvent considérée comme une pure fiction de l’auteur biblique de ce passage. Il aurait attribué des réalités de l’empire néo-assyrien à « Israël » pour le doter d’un passé glorieux.
À la suite de beaucoup d’autres archéologues et scientifiques, Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman (dans « Les Rois Sacrés de la Bible ») amènent la preuve archéologique que la majeure partie de l’histoire décrite précédemment est en fait une compilation de faits s’étant déroulés deux siècles plus tard, dont une partie est attribuable à Manassé. En ce qui concerne le premier temple construit par Salomon, aucune fouille archéologique n’étant possible, la science ne peut ni confirmer ni infirmer sa construction par Salomon.
Le drone Hodhod de la résistance islamique
Le Hezbollah est un parti politique libanais qui compte une branche réistante. C’est un parti islamique doctrinale qui se réfère souvent au Saint Coran (entre autres ) pour s’inspirer de ses prescriptions stratégiques en les adaptant au contexte géopolitique actuel.
C’est la raison pour laquelle ses slogans ont une connotation coranique. Tous les discours du secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah commencent par un verset coranique. De même pour tous les communiqués militaires de la résistance islamique. Or, il en est de même dans la nomination de ses armes. Ce n’est pas pr hasard que la Résistance islamique a baptisé l’un de ses drones par un oiseau cité dans le Saint Coran, al-Hodhod, la Huppe fasciée qui fait référence au miracle du prophète de Dieu Suleiman (P).
Et donc, le Hezbollah a utilisé un drone baptisé Hodhod , peut-être pour faire allusion à sa référence coranique et ses capacités militaires exceptionnelles. Il s’agit d’un drone à l’origine de fabrication iranienne, qui est un drone électrique de petite dimension, furtif, qui peut être équipé de plusieurs caméras, jouissant d’une très faible teneur thermique et sonore et donc indétectable par les systèmes de défense antiaériens. Il est capable de survoler à moyenne et basse altitude.
Affolement dans les médias israéliens
Selon les médias israéliens, les images retransmises par le drone Hodhod et diffusées dans une vidéo sont l’un des enregistrements les plus inquiétants depuis le début de la guerre, car elles révèlent ses capacités de renseignement.
Raison pour laquelle la censure israélienne militaire a empêché sa diffusion et sa publication. Sachant que la vidéo du Hezbollah a filmé la région de la baie d’Haïfa, qui est considéré comme très sensible sans compter la région de Krayot et des sites sensibles de l’armée d’occupation israélienne.
Dans une première analyse, les médias israéliens ont estimé que « le Hezbollah est présent dans les airs, sur terre et sur mer en termes de renseignement ».
Les vidéos du Hezbollah transmettent un message sans ambiguïté à « Israël » : nous sommes à l’intérieur d’« Israël », nous planifions ce qui va suivre et nous sommes capables de diriger des frappes sévères et précise.
Les médias israéliens ont reconnu que « la capacité affichée par le Hezbollah a surpris l’armée et les forces de sécurité en Israël, au point que l’armée de l’air cherche à savoir comment une organisation terroriste a pu survoler le bien le plus précieux de l’armée soit le port de Haïfa ».
Et de conclure avec ironie: « Alors que le Hezbollah nous permettait de dormir pendant deux jours parce qu’il a décidé de calmer le front nord, il prenait soin de photographier tous nos lieux stratégiques dans toute la région de Haïfa ».
Evaluation stratégique de la vidéo
Par son timing, la diffusion de la vidéo par le Hezbollah intervient au moment de la visite de l’envoyé américano-israélien Amos Hockstein au Liban. Il était venu de l’entité sioniste pour s’entretenir avec des responsables libanais au sujet du front Nord de la Palestine occupée. Une visite a perdu son sens et sa valeur avec cette vidéo qui comprend divers messages sécuritaires, militaires et stratégiques se résumant en une seule phrase : vos menaces ne nous concernent guère, voila ce que nous pouvons cibler si vous déclenchez une guerre contre le Liban, et ce n’est qu’une épisode.
En termes de dissuasion, le Hezbollah a voulu dire que l’armée contre l’armée, le civil contre le civil et le stratégique contre le stratégique. En ce sens, que chaque angle filmé par le drone Hodhod se rapporte au type spécifique de cibles qu’«Israël » pense cibler dans toute confrontation avec le Liban et le Hezbollah en est conscient.
Ainsi, les trois types de cibles qui créeraient un équilibre tridimensionnel de dissuasion envers « Israël » sont trois types de cibles potentielles : militaires (le complexe des industries militaires et la base militaire de Haïfa), civiles (la zone résidentielle de Krayot) et stratégiques (le port de Haïfa et les installations qui s’y trouvent).
Le Hodhod de la résistance islamique au Liban a survolé les installations les plus vitales, pas seulement sensibles comme la base militaire de Haïfa.
En termes sécuritaire, la huppe de la résistance islamique a contourné tous les systèmes de surveillance de défense aérienne et est revenue sans que ces systèmes ne puissent la détecter.
Selon le général de brigade Mohammad Abbas, un retraité de l’armée libanaise, la vidéo a révélé des dizaines de cibles « super vitales » ajoutant que « ce qui se passe actuellement n’est pas une guerre de terrain, mais plutôt une guerre de conscience, car elle prouve à l’opinion publique israélienne que l’armée invincible a été conquise, vaincue et battue en retraite ».
La vidéo est le premier épisode d’une série dans laquelle le reste des épisodes montrera où sont arrivés les avions de reconnaissance de la résistance au Liban.
ET la question qui se pose : imaginez comment serait la situation de Haifa si ce drone était équipé de missiles ?
Au-delà des messages militaires, sécuritaires , de renseignements, psychologique , il faut retenir le message doctrinal que le Hezbollah a voulu a fortiori adresser aux Israéliens, à savoir : votre version de votre roi Salomon, soit le prophète de Dieu Suleiman (P) dans le Saint Coran, de son temple que vous recherchez depuis des années et que vous présentez comme un argument biblique et talmudique pour justifier la judaïsation de la ville al-Qods et pour légitimer votre présence , ce même Roi est un des prophètes cités dans le Saint Coran et comme tous les prophètes cités dans ce dernier , il est une source d’inspiration à tous les niveaux. Et donc, vos arguments historiques et talmudiques sur laquelle se fonde la représentation géopolitique sioniste ne tient pas, voire elle s’écroulera.
D.Ghada HOUBBALLAH
Geopolitologue à Islamic Univesity Of Lebanon