Reçu mardi à la Maison Blanche, le roi Abdallah II de Jordanie s’est retrouvé visiblement mal à l’aise face à Donald Trump au moment de discuter du sort de plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza.
Le projet proposé par le président américain de placer le territoire palestinien sous contrôle des Etats-Unis et d’expulser ses 2,4 millions d’habitants vers l’Egypte ou la Jordanie pour permettre la reconstruction, a ébranlé la région.
Mardi, lors de leur rencontre, la tension entre la vision de Donald Trump et la réalité défendue par Abdallah II, dont l’épouse est d’origine palestinienne, était palpable.
« Le roi est sans doute dans la situation la plus compliquée de son règne », a souligné l’analyste Labib Kamhawi.
Le souverain a cependant « tenté de s’entendre calmement avec Trump et de ne pas entrer dans une confrontation directe avec un pays qui est supposé être son allié », a-t-il ajouté.
Il a néanmoins « confirmé la position arabe qui rejette un déplacement » des Palestiniens, a noté Labib Kamhawi.
Pendant l’entretien, Donald Trump a réaffirmé que Gaza serait placée sous « l’autorité américaine ».
En réponse, Abdallah II a publié une déclaration après la réunion dans laquelle il a « réitéré la position inébranlable de la Jordanie contre le déplacement des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie ».
« Le roi s’est montré diplomate et habile face à l’obstination de Trump (…), sans faire de concessions », analyse Hassan Barari, professeur de relations internationales à l’Université du Qatar.
Le souverain hachémite, éduqué en Grande-Bretagne, a semblé infléchir la position de Donald Trump, qui, la veille, avait évoqué la possibilité d’arrêter l’aide des Etats-Unis à la Jordanie et à l’Egypte si ces pays refusaient d’accueillir les Palestiniens.
« L’une des choses que nous pouvons faire tout de suite est d’accueillir 2.000 enfants, des enfants atteints de cancer qui sont très malades. C’est possible », a déclaré le roi, alors que Donald Trump l’accueillait, en compagnie du prince héritier Hussein, dans le Bureau ovale.
Une image éloignée de celle de sa visite à Washington il y a un an, lorsque, aux côtés de la reine Rania et du prince Hussein, il avait été chaleureusement accueilli par l’ancien président Joe Biden.
Le roi de Jordanie « est dans une situation difficile, sans aucun doute », a souligné Hassan Barari, ajoutant qu’il « est difficile d’entrer en conflit avec son premier allié stratégique dans le monde et de dire non ».
M. Barari a toutefois rappelé que le désaccord exprimé par le roi avec le prétendu « accord du siècle » présenté par Donald Trump lors de son premier mandat en réponse au conflit au Proche-Orient, avait eu peu de conséquences.
Ce plan aurait ouvert la voie à l’annexion par « Israë » de la Cisjordanie, qu’il occupe déjà.
Mercredi, les journaux jordaniens ont souligné le rejet par le roi Abdallah II de la proposition de Trump, sous le titre: « Le roi à Trump: non au déplacement ».
Ces derniers jours, Amman et Le Caire ont cherché à rallier les pays arabes face au plan Trump.
« La Jordanie est un petit pays qui ne peut pas résister à cette tempête seul, pas plus que le roi », remarque Labib Kamhawi. « Pour cette raison, ses paroles étaient claires à Washington », où le roi pouvait compter sur le soutien de l’Egypte et de l’Arabie saoudite.
Dans sa déclaration rejetant le plan américain, le roi Abdallah II a d’ailleurs précisé: « C’est la position arabe unifiée ».
Source: Médias