Le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Naim Qassem, a déclaré dans une interview à la chaîne de télévision Al-Manar, dimanche soir, que « les funérailles des deux martyrs, Sayed Hassan Nasrallah et Hachem Safieddine, ont été des funérailles exceptionnelles ».
Il a souligné que « le public de la Résistance est le peuple le plus honorable. Aujourd’hui j’ai bien compris la relation entre Sayed Nasrallah et le peuple, car ce sont les gens les plus honorables et les plus nobles, et ce qu’ils font est incroyable. »
« Après le martyre de Sayed Hassan Nasrallah, nous nous sommes concertés avec Sayed Hashem Safieddine et nous avons convenu de reporter les funérailles pour protéger la population. Au fil du temps, la situation a nécessité de nouveaux retards. La participation a été sans précédent », a-t-il expliqué.
« J’ai senti que les gens disaient : « Nous te restons fidèles, Sayed Nasrallah. » La résistance n’est pas seulement une phase, c’est une croyance profondément enracinée, adoptée par les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux », a-t-il indiqué.
La résolution 1701
Le numéro un du Hezbollah a déclaré qu’Israël avait accepté un cessez-le-feu avec le Liban après avoir subi de lourdes attaques de la part des combattants de la Résistance.
Cheikh Qassem a affirmé que la capacité de la Résistance à frapper la résidence du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, démontrait qu’elle était en mesure d’atteindre le cœur du régime israélien.
Interrogé sur la résolution 1701 qui a abouti au cessez-le feu au Liban, cheikh Qassem a expliqué : « nous n’avons pas engagé de négociation par faiblesse ».
Il a souligné que la Résistance « aurait pu bombarder n’importe quel endroit de l’entité, mais notre décision a été de bombarder des sites militaires, car si nous bombardions des sites civils, nous aurions fourni à l’ennemi un prétexte pour frapper au hasard ».
Concernant l’accord de cessez-le-feu, Cheikh Qassem a déclaré : « Il n’y a pas d’accord secret ni de clauses sous la table, et dans cet accord, le mot ‘au sud du fleuve Litani’ est mentionné cinq fois. »
« Cet accord fait partie de la résolution 1701 visant à mettre fin à l’agression, et Israël doit se retirer. »
Résistance au Liban perdurera
Cheikh Qassem a en outre assuré que le Hezbollah ne cessera jamais de résister à ‘Israël’.
Et de renchérir : « la Résistance va bien et perdurera, bien qu’elle ait été blessée, et a offert de grands sacrifices ».
Il a dans ce contexte averti que si les forces d’occupation restent sur le sol libanais, elles seront confrontées au Hezbollah ainsi qu’à l’armée et au peuple libanais.
Cheikh Qassem s’est adressé à l’occupation israélienne en lui disant : « Même si vous restez dans cinq positions (à la frontière du sud-Liban), combien de temps allez-vous rester ? Cette Résistance ne vous permettra pas d’y rester. »
Il a souligné que, même si les principes du Hezbollah demeurent inchangés après l’accord de cessez-le-feu, ses stratégies et ses approches ont évolué.
Le secrétaire général du Hezbollah a fait état d’évaluation de ce qui s’est passé durant la guerre avec ‘Israël’ afin d’en tirer des leçons et d’ajuster les tactiques futures de la Résistance dans la confrontation avec l’ennemi occupant.
Concernant les intentions expansionnistes de l’ennemi, Cheikh Qassem a déclaré : « Les Israéliens ont une vision expansionniste », évoquant « l’infiltration de rabbins sur les lieux de culte à la frontière du sud-Liban est la meilleure preuve que nous sommes face à un vaste projet israélien allant de l’océan au Golfe ».
Cheikh Qassem à certains parties au Liban: Nous n’arrêterons pas la Résistance quoi que vous fassiez
S’adressant à certaines parties au Liban, le numéro un du Hezbollah a déclaré : « Nous n’arrêterons pas la Résistance, quoi que vous fassiez ».
« Lorsque nous disons que la Résistance se poursuivra, cela signifie que la Résistance continuera sur le terrain. »
« Nous sommes patients parce que l’Etat est responsable, et cela ne veut pas dire que les choses resteront comme elles sont », a-t-il ajouté.
« Nous ne laisserons pas les nouvelles équations s’imposer à la manière israélienne, mais nous devons établir une équation qui protège notre avenir ».
Il a expliqué : « Nous sommes dans une nouvelle phase dans laquelle les constantes n’ont pas changé, mais plutôt les méthodes, les manières et les temps », soulignant que « la Résistance est désormais plus héroïque et déterminée qu’à l’époque où elle combattait ».
Sans reconstruction, il n’y aura pas de réforme ni de sauvetage
Concernant le dossier de la reconstruction, Cheikh Qassem a déclaré : « L’État est responsable de la reconstruction parce qu’Israël a attaqué les citoyens libanais, et nous contribuerons à combler les lacunes existantes. Nous n’avons pas déclenché la guerre, mais l’avons plutôt repoussée, et le front de soutien (à Gaza) n’est pas la cause de la guerre. »
« Le processus de reconstruction fait partie intégrante du processus de réforme et du sauvetage du pays », a-t-il indiqué.
Et de poursuivre : « Sans reconstruction, il n’y aura pas de réforme ni de sauvetage ».
Il a dans ce contexte affirmé que « le gouvernement doit étudier attentivement comment mener à bien le processus de reconstruction en accord avec les mesures de réforme et de sauvetage pour relancer le pays ».
Hommage aux familles des martyrs
Il a en outre salué les partisans indéfectibles du Hezbollah, rendant hommage aux familles qui ont perdu des êtres chers mais qui sont restées déterminées.
« Une femme a offert plusieurs martyrs : deux gendres et deux petits-enfants, prête à sacrifier davantage. Une autre a offert son fils unique et s’est préparée à offrir à nouveau. Qui peut vaincre un tel peuple ? Ils restent fermes, toujours en avance sur leurs ennemis, défiant toute conspiration », a-t-il déclaré.
Faire face à Israël et aux USA
Et d’expliquer: « Oui, nous avons fait de grands sacrifices, mais nous comprenons que faire face à ‘Israël’, aux États-Unis et à leurs alliés implique de payer un prix. Nous sommes confrontés à une force massive qui a utilisé tous les moyens de brutalité contre la Résistance en Palestine et au Liban. »
« Leurs pertes s’accumulent, l’économie est mise à rude épreuve et les forces israéliennes subissent des pertes considérables, ce qui confirme que la Résistance reste inébranlable », a-t-il ajouté.
« Les États-Unis exercent une forte pression contre nous en utilisant leurs outils régionaux. Mais nous relèverons ce défi de la manière appropriée », a-t-il poursuivi.
Il a réagi aux efforts américains visant à exclure le Hezbollah du gouvernement libanais en déclarant : « Malgré l’opposition américaine, nous faisons partie du gouvernement et nous continuerons d’agir dans le meilleur intérêt du Liban. »
Sur la question de la normalisation, il a clairement indiqué :« La normalisation avec certaines parties ne nous concerne pas. Ceux qui choisissent cette voie en paieront le prix avec les États-Unis et l’ennemi israélien, car l’ennemi exigera toujours plus. »
Remerciement à tous ceux qui ont exprimé leur solidarité avec la Résistance
Le secrétaire général du Hezbollah a en outre remercié l’Irak, l’Iran, la Palestine, le Yémen, la Tunisie et tous ceux qui ont exprimé leur solidarité avec la Résistance, notant que « même si les voies aériennes étaient bloquées, les délégations iraniennes ont quand même trouvé le moyen d’assister » aux funérailles de Sayed Hassan Nasrallah le 23 février.
Il a rappelé sa dernière rencontre avec Sayed Hassan Nasrallah le 18 septembre 2024 et leur dernier appel téléphonique le 21 septembre 2024.
« Après l’assassinat de Sayed Nasrallah, j’ai discuté avec Sayed Hachem Safieddine des funérailles et de la transition du leadership. J’ai proposé qu’il assume le rôle de secrétaire général. Mais avant toute annonce officielle, Sayed Hachem a également été tué en martyr ».
Les signes d’une partition en Syrie sont fortement présents, mais aboutiront-ils ?
Et puis en ce qui concerne la situation en Syrie, cheikh Qassem a déclaré : « Il est trop tôt pour savoir à quoi la situation en Syrie va aboutir. Il y a un état de trouble, une atmosphère instable et des problèmes liés aux affiliations sectaires et religieuses, ainsi que des problèmes internes entre les pouvoirs en place et la présence d’étrangers auprès d’eux. »
Et d’ajouter: « Nous devons attendre et espérer que la Syrie retrouve sa stabilité, qu’elle trouve un moyen de parvenir à un accord sur un système qui l’aidera à construire une Syrie forte et qu’elle sera en mesure de mettre un terme à l’expansion ‘israélienne’. »
« Les indices de division sont fortement présents, mais aboutiront-ils ? Ou les parties concernées trouveront-ils une solution ? »
Cheikh Qassem a fait savoir: « Nous n’exerçons aucune ingérence en Syrie, et je n’exclus pas la possibilité qu’une résistance émerge en Syrie contre l’ennemi sioniste ».
Et de conclure : « Ce qui se passe en Syrie, nous l’aurions vu au Liban s’il n’y avait pas eu de Résistance ».
Trump est un tyran
Par ailleurs, pour Cheikh Qassem, « Trump est un tyran qui agit de manière brutale et voit le monde comme une jungle. C’est un monstre qui veut s’emparer du monde ».
« Une attaque contre l’Iran aura des coûts très élevés et se répercutera sur toute la région », a-t-il mis en garde.
Il a en outre salué la position du Yémen envers Gaza. « La position de M. Al-Houthi (chef d’Ansarullah) et du peuple yéménite est très honorable à l’égard de la cause palestinienne ».