Le Centre d’études du Moyen-Orient de l’Université de Harvard a annoncé le départ de deux de ses principaux dirigeants, selon des informations rapportées par le New York Times.
Cemal Kafadar, directeur du département et professeur d’études turques, et Rosie Bsheer, directrice adjointe et historienne du Moyen-Orient, ont en effet annoncé qu’ils quitteront leurs fonctions à la fin de l’année universitaire. Bien qu’aucun d’eux n’ait publiquement commenté leur départ, plusieurs membres du corps professoral estiment qu’ils ont été poussé vers la sortie dans un climat de répression des voix pro-palestiniennes dans les universités US.
Depuis plusieurs mois, Harvard fait l’objet de vives critiques concernant sa gestion des accusations d’antisémitisme sur le campus. L’administration du président Donald Trump et plusieurs membres du Parti républicain ont exercé une pression croissante sur l’université qui a été le théâtre des manifestations critiquant la guerre génocidaire israélienne contre Gaza lancée en octobre 2023.
La section de Harvard de l’American Association of University Professors a condamné « la révocation brutale » des dirigeants du Centre d’études du Moyen-Orient, estimant que cette décision relevait d’une « tentative honteuse d’échapper à la pression de l’administration Trump » de la part de la direction de l’établissement. L’organisation dénonce une « capitulation » face aux « acteurs de mauvaise foi cherchant à faire taire les discours avec lesquels ils sont en désaccord ».
Asli Bali, présidente de la Middle East Studies Association, a également commenté cette décision en estimant que cette intervention de l’administration américaine dans la gouvernance universitaire pourrait marquer « le déclin des programmes d’études sur le Moyen-Orient » aux États-Unis. Elle juge cette situation « sans précédent », notant que la remise en cause de l’autonomie des universités est une « menace directe pour la liberté académique ».
Pour sa part, le directeur de la communication de la présidence turque a condamné les efforts systématiques des groupes pro-israéliens pour faire taire les voix qui soutiennent la Palestine par de fausses accusations d’antisémitisme.
« De telles activités ont maintenant atteint certaines des institutions académiques les plus réputées des États-Unis, telles que Harvard », a souligné M. Altun dans un message publié sur X samedi, faisant référence à la révocation du professeur turco-américain Cemal Kafadar de la présidence du Centre d’études sur le Moyen-Orient de Harvard.
Il a ajouté que cette action, basée sur « des accusations d’antisémitisme clairement fausses et d’une ampleur flagrante », démontre le deux poids, deux mesures des universités américaines qui ont longtemps revendiqué une supériorité morale en matière de liberté académique et de liberté d’expression.
L’expulsion de l’historien de renommée mondiale Kafadar intervient quelques jours seulement après qu’une doctorante turque aux États-Unis, Rumeysa Ozturk, a été arrêtée et fait l’objet d’une mesure d’expulsion, probablement en raison d’une campagne menée par Canary Mission, un site web pro-israélien qui dresse une liste noire des étudiants et des activistes pro-palestiniens.
« La pression exercée par le gouvernement américain sur les universités, ainsi que l’expulsion d’individus des États-Unis en raison de leurs opinions et de leur militantisme en faveur de la Palestine, vont à l’encontre des valeurs fondamentales que l’Amérique défend depuis si longtemps », a dit M. Altun, accusant les alliés occidentaux d’Israël de se livrer à une « chasse aux sorcières ».
Il a appelé les institutions universitaires occidentales à « s’opposer aux demandes déraisonnables et extrémistes visant à cibler les étudiants et les universitaires internationaux », soulignant que ces groupes sionistes « ont désormais recours à des tactiques méprisables pour réduire au silence les critiques légitimes et l’activisme pacifique ».
Le directeur de la communication a une nouvelle fois affirmé que la Turquie rejetait fermement toute tentative de dépeindre l’activisme pro-palestinien comme de l’antisémitisme.
Source: Médias