Plus de 20 frappes israéliennes ont visé plusieurs régions syriennes dans la nuit de vendredi à samedi, les bombardements après une frappe près du palais présidentiel à Damas.
« Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des entrepôts et des sites militaires à Deraa au sud, près de Damas, et dans les régions de Hama et de Lattaquié », avait annoncé plus tôt l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
L’ONG a estimé qu’elles étaient « les plus violentes depuis le début de l’année ».
L’agence officielle Sana, qui avait rapporté plusieurs actions près de Damas et à travers le pays, a précisé qu' »un civil a(vait) été tué dans les frappes de l’aviation israélienne aux abords de Harasta, près de Damas ».
« Certains raids israéliens ont été concentrés dans le sud de la Syrie, où les régiments militaires ciblés comprennent de nombreuses unités militaires, dont certaines sont affiliées à la division blindée, ainsi qu’à l’armée de l’air et à des bataillons d’infanterie » ont indiqué les médias syriens.
Raid sur Hama au centre
Raid sur Deraa au sud
De son côté, l’armée d’occupation israélienne a déclaré dans un communiqué tôt ce matin que ses forces ont attaqué « un site militaire, de l’artillerie antiaérienne et une infrastructure de missiles sol-air en Syrie avec des avions de chasse ».
Depuis la chute du président Bachar al-Assad en décembre, l’entité sioniste a mené des centaines d’attaques contre des sites militaires en Syrie, affirmant vouloir empêcher que des armes ne tombent entre les mains des nouvelles autorités qu’il qualifie de « jihadistes ».
Israël a occupé les hauteurs de Jabal al-Cheikh et envoyé des troupes dans une zone démilitarisée du plateau du Golan et d’autres régions du sud syrien.
« Projet de fragmentation de la Syrie »
Le chroniqueur pour les affaires israéliennes dans la chaine al-Manar Hassan Hijazi, a déclaré que derrière l’objectif présumé de l’ennemi de « protéger les Druzes », se cache « un projet de fragmentation et de division de la Syrie », ainsi que « le découpage d’une partie du territoire syrien et l’établissement d’une base arrière par la création d’une région administrative autonome, appelée zone tampon ».
Selon lui, ce processus est mené avec le soutien de certains groupes armés locaux.
Hijazi a également souligné que les raids d’hier, qui ont eu lieu en dehors de la zone géographique où se déroulent des affrontements entre certains groupes druzes et des groupes affiliés à l’administration syrienne actuelle, prouvent que « l’ennemi cherche à s’imposer comme le principal acteur du paysage syrien à venir. »
« Agression flagrante contre la souveraineté »
Le Qatar a fustigé une « agression flagrante contre la souveraineté » de la Syrie et l’Arabie saoudite a « réaffirmé son rejet catégorique des agressions israéliennes sapant la stabilité » de la Syrie.
« La Syrie ne doit pas devenir le terrain de jeu des tensions régionales » a mis en garde l’Allemagne, appelant le nouveau pouvoir syrien à assurer « la protection de la population civile » et « tous les acteurs » à « la plus grande retenue ».
Vendredi à l’aube, Israël avait annoncé avoir bombardé près du palais présidentiel d’Ahmad al-Charaa, sous prétexte d’avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie. Ce que la présidence syrienne a qualifié de « dangereuse escalade » qui a aussi été condamné par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
« Une campagne génocidaire »
Cela est survenu après des violences confessionnelles en début de semaine entre groupes armés liés au pouvoir syrien et combattants druzes.
Lundi et mardi, des violences à Jaramana, en banlieue de Damas à majorité druze, à Sahnaya, à 15 kilomètres de la capitale, où vivent des druzes et des chrétiens, et à Souweïda, ont fait 102 morts dans les deux camps, selon l’OSDH.
L’OSDH a également fait état vendredi de quatre combattants druzes tués dans la journée dans une frappe de drone dans la province de Souweïda, bastion de la minorité druze dans le sud, sans en préciser l’origine.
Ces combats ont été déclenchés par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir à Jaramana, après la diffusion d’un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l’égard du prophète Mohammad (S).
Jeudi soir, le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajri, avait dénoncé une « campagne génocidaire » visant des « civils » de sa communauté.
Les autorités syriennes, qui ont depuis réaffirmé leur « engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze », ont mis en cause des éléments échappant à son contrôle.
Le Conseil militaire de Souweïda, dans le sud de la Syrie, a annoncé « son soutien total à la déclaration du cheikh Hikmat al-Hajri, appelant à une protection internationale immédiate et à une zone de sécurité sous la supervision de forces internationales neutres afin de mettre fin au bain de sang dans la province ».
Ces combats ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dont est issue le président déchu, dans l’ouest.
Visite de Joumblatt
Dans ce contexte, le président syrien a reçu vendredi à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, qui avait appelé ses coreligionnaires en Syrie à « refuser l’ingérence d’Israël ».
Joumblatt a salué « les efforts de l’État syrien pour communiquer et engager le dialogue avec diverses composantes du peuple syrien », soulignant « l’importance du rôle de la communauté druze dans les institutions et agences de l’État ».
Source: Divers