La Pologne a décidé de retirer son contingent de l’Eurocorps d’ici à trois ans, a annoncé mardi à l’AFP un porte-parole de ce corps d’armée européen, dont l’état-major est basé à Strasbourg (est de la France).
Le retrait est « une décision du gouvernement polonais » et sera effectif « au plus tard dans trois ans », a indiqué le colonel Vicente Dalmau, sans préciser les motivations sur le retrait de Varsovie.
A Varsovie, le ministre polonais de la Défense Antoni Macierewicz a déclaré sur son compte Twitter « qu’il n’était pas vrai que la Pologne se retirait de l’Eurocorps », sans cependant préciser si Varsovie voulait retirer son contingent qui compte 120 militaires basés à Strasbourg.
« Si les soldats polonais partiront d’ici trois ans, cela voudrait dire que nous allons rester membre de l’Eurocorps sur papier uniquement », a déclaré à l’AFP le général Stanislaw Koziej, ancien chef du bureau de sécurité nationale auprès de la présidence, « On réduit notre engagement, ce qui est mauvais ».
Actuellement, la Pologne a le statut de nation associée à l’Eurocorps.
Le ministère de la Défense devait publier dans la soirée un communiqué.
Selon le colonel Dalmau, « les militaires polonais vont partir au fur et à mesure et terminer leurs contrats personnels, au plus tard dans trois ans ».
Varsovie devait rejoindre les cinq pays membres de l’Eurocorps en début d’année en devenant une nation cadre, mais « le gouvernement polonais a décidé de revenir sur la décision du précédent gouvernement », a précisé le colonel Dalmau, indiquant que la décision de Varsovie remontait « à plusieurs mois ».
« L’appartenance à l’Eurocorps est volontaire. Un pays, s’il veut partir, il part », a-t-il déclaré.
« Avec de telles décisions, la Pologne risque la marginalisation dans l’Union européenne », a déclaré à l’AFP un diplomate européen sous le couvert de l’anonymat.
Selon l’ancien ministre de la Défense Tomasz Siemoniak, si la décision se confirmait, « elle frapperait la coopération européenne en matière de défense et nos relations avec la France et l’Allemagne », a-t-il déclaré à l’AFP.
Créé en 1992, l’Eurocorps est un corps d’armée unique en son genre regroupant un millier de militaires issus de cinq pays membres, dits « nations-cadres » (France, Allemagne, Espagne, Belgique et Luxembourg) et plusieurs nations associées (Grèce, Turquie, Italie, Roumanie, ainsi que la Pologne depuis 2009).
Ce corps, dont la mission est de diriger et coordonner des opérations multinationales de grande ampleur, peut commander jusqu’à 60.000 militaires des forces terrestres.
Il est installé à Strasbourg, ville symbole de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne.
AFP