Le président libanais Michel Aoun a prononcé son premier discours à la Ligue arabe, réunie ce mercredi dans le cadre de son sommet ordinaire organisé en Jordanie. Il s’y est rendu en compagnie du Premier ministre libanais Saad Hariri, à la tête d’une délégation libanaise, composée des ministres des Affaires étrangères, Gebran Bassil, et de l’Économie, Raëd Khoury.
Les principales idées de son discours :
« Nous nous rencontrons pour discuter de qu’est advenu dans la région arabe et dans les Etats voisins , ainsi que des interaction internationales qui en ont découlé, de ce que nous devrions faire au moment où s’est manifesté l’impuissance de tous à les résoudre ou à en sortir, afin de limiter les pertes qui ne cessent de proliférer.
Je ne suis pas venu ici pour vous conseiller ou vous guider. Mais peut-être pourrions-nous trouver les réponses dans nos consciences….Peut-être pourrions-nous éveiller du cauchemar qui nous guette.
J’aurais aimé m’adresser à vous pour vous parler de nos réalisations, de nos projets, des différents moyens de coopération entre les Etats de notre patrie arabe et des domaines que nous pourrions développer. Mais hélas les détonations des explosions et les images meurtrières éclipsent tous les autres sujets. Hélas je n’ai pu écarter de mon imagination ce nuage noire qui couvre notre ciel arabe, ni les rencontres précédentes qui n’ont eu de cesse d’enfler nos déceptions et exacerber notre amertume.
Guerres, carnages, morts, blessés, douleurs, gémissements,…qui a donc gagné la guerre ? Qui l’a perdue ? Tous sont perdants. Nous sommes tous des morts ou des blessés, en douleurs. Nous sommes tous des affamés quémandant de quoi manger.
Pour qui sommes-nous en train de combattre et de nous entretuer ? Pour libérer Jérusalem Al-Quds, et les territoires occupés ? Pour la patrie palestinienne promise et le retour des réfugiés? Ces guerres finiront-elles par des victoires, et à l’avantage de qui ? Nous restera-t-il des pages blanches pour y écrire, alors que toutes les pages sont remplies des noms de nos victimes et tachetées de la couleur de leur sang ? Que dire à ceux qui ont perdu leurs enfants ? Et aux enfants qui ont perdu leurs parents ? Aurons-nous quelque chose à leur dire ? Faut-il leur parler d’un présent qui se ruine et d’un avenir qui se brûle ?
La tempête qui s’est abattue dans notre région a frappé tous nos pays. Certains ont été directement touchés, d’autres en ont subi les conséquences. Et d’aucuns sont sur l’expectative craignant que ses === ne leur parviennent.
Ses éclats ont sans aucun doute touché la Ligue arabe, profondément. Ils l’ont rendue dans l’impuissance de trouver des solutions. Raison pour laquelle nous sommes tous concernés par ce qui se passe et nous ne pouvons attendre des solutions venant de l’extérieur.
Nos ancêtres biens sages qui ont souffert énormément de la colonisation et ont vécu la seconde guerre mondiale, ont afin d’anticiper aux menaces qui puissent mettre en danger leurs Etats, créé la Ligue arabe. Afin qu’elle nous épargne les horreurs de la guerre entre nous, et permette de préserver nos souverainetés et nos indépendances. c’est ce que dicte la second article de sa charte, où est défini l’objectif de sa fondation, en l’occurrence « la consolidation des liens entre les Etats membres et la coordination des plans politiques, la réalisation de la coopération entre eux, la préservation de leur indépendance et leur souveraineté, et la supervision générale des affaires des Etats arabes et de leurs intérêts ».
L’article 5 de la charte interdit tous recours à la force entre les pays arabes et incite à un arbitrage entre eux alors que l’article 8 impose à chaque Etat des Etats membres de respecter le régime en place dans les autres Etats de la Ligue arabe et de le considérer comme étant l’un de ses droits acquis et s’engage à ne rien y faire qui puisse le changer.
Les condamnations ne suffisent plus. La Ligue arabe, en tant que fondation regroupant les Arabes, et en fonction des principes qui la régissent et des fins et de l’esprit de sa charte, et afin de sauvegarder ses Etats membres, de sauver ses hommes, sa souveraineté, son indépendance et ses richesses, se doit de recouvrer son rôle et de prendre l’initiative pour influer sur le cours des événements, faire cesser les bains de sang, et éteindre le feu qui ===. Son rôle aujourd’hui, plus que vital, consiste à rassembler les Arabes et à trouver des solutions justes pour les Etats enflammés afin de défendre le monde arabe face aux défis de cette phase et à ses dangers.
C’est le Liban, dont les institutions sont revenues à la normale, mais tout en étant rongé par l’inquiétude et par l’expectative, qui s’adresse à vous. Il est vrai que les flammes du feu qui brule autour de lui ne l’ont pas atteint, mais il en subit les conséquences… Nous voyons bien la détresse qui nous entoure et nous essayons de tendre la main pour aider de notre mieux. Mais lorsque ce qu’on nous demande de faire dépassé nos capacités, nous sommes alors submergés, ce qui nous met en danger.
Depuis le premier jour du conflit en Syrie, nous avons ouvert nos maisons et nos écoles aux personnes fuyant l’enfer de la guerre. Mais depuis ce premier jour, nous avons mis en garde contre une situation pouvant devenir incontrôlable.
Hélas c’est ce qui a fini par arriver. Le Liban accueille aujourd’hui des ressortissants syriens et palestiniens à hauteur de près de la moitié de sa population. Et les chiffres sont en hausse. Vous connaissez le Liban, la nature de son sol, et la == de ses ressources. C’est un pays qui a toujours été la provenance de l’immigration et non sa destination.
Pour épargner aux réfugiés leur malheur et au Liban les conséquences sociales, économiques et sécuritaires de cet afflux, ils doivent pouvoir revenir chez eux en sécurité.
Notre Orient, notre patrie arabe, laquelle a toujours été le === des sages, des hommes de raison, des élites et des visionnaires, traverse une phase décisive qui ne peut être affrontée que par les gens qui ont une raison == et des cœurs ===. Ceux-là pourront dépasser les détails, au service des intérêts du monde arabe dans son ensemble…
Nous sommes dans une période décisive. Le Liban aspire à de bonnes relations avec l’ensemble des pays frères arabes en jetant des ponts et faisant renaître la langue du dialogue », a souligné le président libanais, expliquant que « le Liban, qui a vécu des guerres en tous genres, sait que rien ne vaut le dialogue ».
La gravité de la situation nous oblige aujourd’hui à mettre un terme aux guerres fratricides sur les plans militaire, matériel, médiatique et diplomatique, et à entamer un dialogue qui a pour objectif de déterminer les intérêts vitaux de chaque camp et de les respecter. Sinon nous serons sacrifiés pour la prochaine mise en exécution d’un plan qui nous sera imposé.
Mon Dieu tu es témoin que je les ai avertis. »