Une attaque de colons juifs contre des soldats israéliens en Cisjordanie occupée a suscité une vague de condamnations dans toute la classe politique en Israël y compris à l’extrême droite, généralement prompte à soutenir tout ce qui a trait à la colonisation.
« Porter atteinte aux forces de sécurité, aux installations de sécurité et aux soldats, qui sont nos enfants, nos frères et nos défenseurs, constitue une ligne rouge, et il faut traiter cela avec la plus grande sévérité », a affirmé lundi le ministre de la Sécurité nationale, Itamar ben Gvir.
Figure de l’extrême droite, et avocat de formation, M. Ben Gvir, s’est notamment fait connaître avant d’entrer en politique pour avoir défendu devant la justice plusieurs colons accusés d’agressions contre des Palestiniens en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Selon l’armée, plusieurs dizaines de « civils israéliens » ont attaqué dans la nuit de dimanche à lundi des forces de sécurité et vandalisé des véhicules et une installation militaire dans le centre de la Cisjordanie.
« Aucun pays respectueux des lois ne peut tolérer des actes violents et anarchiques », a réagi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
« Trop »
Cette attaque a été largement perçue comme des représailles à des heurts survenus 48h plus tôt au cours desquels des soldats avaient arrêté six colons près d’un village où trois Palestiniens avaient été tués le 24 juin lors d’une descente de colons.
L’attaque de dimanche soir contre la base militaire a été condamnée à travers toute la classe politique, M. Ben Gvir ayant été l’une des dernières personnalités à réagir, après son collègue des Finances, Bezalel Smotrich, chef d’un autre parti d’extrême droite ayant dénoncé des violences « inacceptables ».
« C’était trop, même pour l’extrême droite », décrypte Simon Perry, expert en sécurité et professeur associé au département de criminologie de l’Université hébraïque de Jérusalem.
« Les émeutiers ont dépassé les limites », dit-il à l’AFP.
Mais pour Nimrod Goren, expert en relations internationales et commentateur politique israélien, l’indignation des dirigeants d’extrême droite ne serait que de façade.
« Ils ont fait semblant d’être indignés », estime-t-il, rappelant que « les agressions violentes de colons contre des Palestiniens ne suscitent aucune critique de la part de l’extrême droite ».
Depuis le début de la guerre de Gaza en octobre 2023, les violences de colons extrémistes à l’égard de Palestiniens, dont l’ONU ne cesse de déplorer la montée, ne suscitent pratiquement aucune indignation dans la classe politique israélienne.
« Mais quand ce sont les soldats qui sont touchés, tout à coup, les gens s’alarment », note M. Goren.
Les attaques des colons ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023.
Détention administrative
Au moins 947 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux résistants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l’Autorité palestinienne.
Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 35 Israéliens, parmi lesquels des civils et des membres des forces de sécurité, y ont été tués dans des opérations palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.
La décision du ministre de la Défense Israël Katz en novembre 2024 de ne plus appliquer de détention administrative, équivalent d’une garde à vue quasi illimitée, aux colons israéliens en Cisjordanie, aurait entrainé une vague d’attaques de colons extrémistes contre des Palestiniens, selon les médias israéliens.
La détention administrative reste appliquée pour les Palestiniens.
Allant, selon la radio militaire israélienne, contre l’avis du Shin Bet, l’Agence de la sécurité intérieure, Katz a annoncé mardi qu’il ne reviendrait pas sur sa décision mais qu’il comptait créer une force conjointe avec la police et le Shin Bet pour lutter contre ces violences.
Des dirigeants des colons ont condamné également les agressions contre des soldats, y voyant les agissements d’une minorité non représentative.
« Ceux qui souhaitent manifester doivent agir conformément à la loi et ne pas s’opposer à l’armée », a ainsi déclaré à l’AFP Oded Revivi, ancien maire de la colonie d’Efrat et figure importante du mouvement des colons.
Quelque 500.000 Israéliens vivent dans les colonies de Cisjordanie, implantations régulièrement dénoncées par l’ONU comme illégales au regard du droit international, au milieu de trois millions de Palestiniens.
Source: Avec AFP