La Pologne se prépare à signer un contrat avec les États-Unis pour l’achat de huit systèmes antiaériens Patriot. Cette transaction est déjà présentée comme l’une des plus importantes de l’histoire contemporaine du pays. Craignant une prétendue «agression russe», le gouvernement polonais augmente depuis 2014 ses dépenses militaires.
Les 9 milliards de dollars du contrat représentent une somme phénoménale pour l’économie polonaise dont la dette extérieure s’élève à 354 milliards de dollars : à en croire les statistiques officielles, elle correspond au budget militaire annuel total de la Pologne.
Varsovie avait lancé un appel d’offres pour se doter de systèmes de défense antiaérienne avec une condition particulière: le système devait pouvoir intercepter le complexe tactique ruse Iskander qui, depuis la détérioration des relations avec l’Otan, est en état opérationnel permanent à la frontière ouest de la Russie.
Le choix des Patriot américains n’est pas dû au hasard. Selon les médias étrangers, Varsovie souhaite acheter la dernière version du Patriot, le MIM-104, considéré à juste titre comme l’un des meilleurs au monde dans sa catégorie.
Deuxièmement la Pologne, comme les pays baltes, est une alliée fervente des États-Unis. L’achat d’un matériel aussi coûteux est une révérence politique flagrante à Washington, qui exige depuis plusieurs années des Européens qu’ils augmentent leurs dépenses pour la défense.
D’ici deux à trois ans, la Pologne sera le 11e État à s’être procuré le système MIM-104 actuellement en service à Taïwan, en Allemagne, en Grèce, en Israël, au Japon, au Koweït, aux Pays-Bas, en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et en Espagne.
L’achat de systèmes Patriot est un point de non-retour symbolique dans la politique de défense de la Pologne car les systèmes de défense antiaérienne nécessitent de sérieuses dépenses pour la formation du personnel et leur exploitation. Par exemple, le coût moyen d’un missile pour le système Patriot est de 3 millions de dollars.
Mais Varsovie a manifestement pris cette décision en toute conscience. En 2015 déjà, le président de l’époque Bronislaw Komorowski avait annoncé un programme de réarmement s’étalant sur dix ans. La Pologne dépensera ainsi 35 milliards de dollars pour moderniser son armée, avant tout pour renforcer la défense antiaérienne par l’achat de missiles antiaériens, d’hélicoptères et de drones.
L’objectif du ministère de la Défense du pays consiste à créer une défense antiaérienne/antimissile échelonnée, baptisée « Bouclier de la Pologne ». Deux batteries de Patriot devait entrer en service en 2019, puis les six autres en 2020.