La Turquie a mené mardi des raids aériens en Syrie et en Irak qui ont tué plus de vingt combattants de forces kurdes impliquées dans la lutte contre Daesh et soutenues par les Etats-Unis.
L’attaque en Syrie, lancée contre les Unités de protection du peuple kurde (YPG) dans le nord-est du pays en guerre, est l’une des plus meurtrières menées dans ce pays par la Turquie qui qualifie de « terroriste » cette milice.
Elle est intervenue au lendemain de l’entrée des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance à majorité kurde composée en grande partie de membres des YPG, dans la ville de Tabqa, un verrou sur le chemin vers Raqqa, capitale de facto de l’EI en Syrie.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), tribune médiatique de l’opposition siégeant à Londres, 18 personnes ont péri dans les frappes turques près de la ville syrienne d’Al-Malikiyah, proche de la frontière turque. « Quinze combattants des YPG et trois membres d’un centre de médias ont été tués ».
Les raids nocturnes ont visé « une base qui abrite un centre de communication pour les médias et des installations militaires », selon les YPG.
La branche politique de cette milice a posté des photos sur Twitter montrant un militaire portant un uniforme de l’armée américaine marchant au côté de combattants kurdes, en précisant qu’il visitait les lieux de l’attaque.
Dans leur offensive pour reprendre Raqqa lancée en novembre, les FDS sont soutenus dans les airs par la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis et au sol par des conseillers militaires américains.
‘Repaires terroristes’
Il s’agit, selon l’OSDH, des premières frappes turques en Syrie depuis qu’Ankara a annoncé en mars avoir terminé sa campagne militaire de sept mois en Syrie pour lutter contre l’EI et combattre les YPG.
La Turquie considère cette milice kurde syrienne comme un allié du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes turcs), sa bête noire. Elle affirme vouloir travailler avec ses alliés, mais sans les YPG, à la reconquête de Raqqa.
Pour Sinan Ulgen, président du Center for Economics and Foreign Policy (Edam) basé à Istanbul, « la Turquie va peser les conséquences diplomatiques de ces frappes avant de déterminer un plan d’action ».
« Il n’y aura pas de grandes manœuvres avant la rencontre Erdogan-Trump. C’est à la lumière des résultats de cette rencontre que la suite des choses sera décidée », a-t-il dit en allusion à l’entretien prévu mi-mai entre les présidents américain Donald Trump et turc Recep Tayyip Erdogan.
En Irak voisin, l’armée de l’air turque a mené un raid contre des groupes armés locaux qui seraient liés au PKK mais a apparemment tué six membres des forces kurdes irakiennes (peshmergas), selon ces dernières.
La frappe turque menée dans la région du Sinjar (nord-ouest) est « inacceptable », selon les peshmergas.
L’armée turque a confirmé des raids en Syrie et en Irak, qui visent selon elle à « détruire des repaires des terroristes ciblant notre pays ». « Les opérations vont se poursuivre jusqu’à la neutralisation du dernier terroriste ».
M. Erdogan a toujours répété qu’il « ne permettrait pas que Sinjar devienne un second Kandil », base arrière du PKK en Irak, à la frontière avec la Turquie.
Source: Avec AFP