Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annulé mardi une rencontre avec le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel à la suite d’une dispute inhabituelle sur le programme du ministre.
Netanyahu, qui est également ministre des Affaires étrangères, a pris cette décision après que Sigmar Gabriel a refusé de renoncer à une rencontre avec des représentants de deux ONG israéliennes opposés à la colonisation.
Cette rencontre a eu lieu mardi soir en toute discrétion, a indiqué à l’AFP un responsable de B’Tselem, l’une des deux ONG.
L’annulation de la rencontre Netanyahu-Gabriel est un rare accroc public dans les relations d’ « Israël » avec l’Allemagne, qui est l’un de ses plus fermes soutiens européens. Par la suite, M.Gabriel a refusé de s’entretenir au téléphone avec Netanyahu.
Gabriel a pour sa part laissé entendre à des journalistes que cette annulation relevait de considérations de politique intérieure.
« Nous ne devons pas devenir le jouet de la politique intérieure israélienne », a souligné le ministre allemand.
Auparavant, il avait affirmé à la télévision publique allemande ZDF qu’il « est tout à fait normal que, lors d’une visite à l’étranger, on parle à des représentants de la société civile ».
Gabriel a reçu le soutien de responsables allemands. Le président de la commission des Affaires étrangères du Bundestag, le chrétien-démocrate Norbert Röttgen, a parlé d’une « erreur regrettable ». Le ministre du Développement, le conservateur Gert Müller, a rappelé que les dirigeants chinois acceptaient des discussions avec des défenseurs des droits de l’homme.
B’Tselem documente les violations des droits de l’Homme dans les Territoires palestiniens occupés depuis 50 ans par l’entité sioniste, alors que Breaking the Silence, autre ONG israélienne offre sous le couvert d’anonymat une plateforme aux soldats israéliens pour raconter leur vécu et dénoncer les agissements selon eux condamnables de l’armée.
« Que nous nous adressions aux Israéliens ou à la communauté internationale, notre message est le même: en tant qu’Israéliens nous ne pouvons pas permettre à 50 ans d’occupation et son lot de violations des droits de l’Homme de continuer (…) C’est pourquoi, une ferme détermination et résolution de la communauté internationale sont essentielles pour montrer à notre Premier ministre que ses actions au-delà des frontières israélienne dépassent tout simplement les bornes », a affirmé B’Tselem dans un communiqué.
Le gouvernement de M. Netanyahu mène une offensive contre des organisations qu’il accuse d’attenter à la légitimité de l’entité sioniste et qui sont soumises à de rudes attaques depuis des mois.
En février, le gouvernement israélien avait réprimandé l’ambassadeur de Belgique après des rencontres à Jérusalem AlQuds occupée entre le Premier ministre belge Charles Michel et des représentants de Breaking the Silence et B’Tselem.
Avec AFP+ RFI